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Politique frictions

Dans un tournoi de foot à Rennes : «On ne discute pas pour qui on vote, mais qui s’occupe de faire les frites»

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Elections législatives 2024dossier
Deuxième épisode de notre série «Politique frictions» : le long de la main courante d’un terrain breton avec des joueurs amateurs réunis pour un tournoi, issus de classes sociales très différentes, qui évitent ce jour d’aborder les sujets politiques clivants.
Souhayb, à Laillé, le 15 juin. (Emmanuelle Pays/Hans Lucas pour Libération)
publié le 18 juin 2024 à 6h51

Politique frictions

Jusqu’à la veille du premier tour des élections législatives, «Libé» sillonne des lieux de la vie quotidienne pour saisir et raconter ces moments de discussion impromptue où, soudain, la politique fait irruption.

Jaune et rouge, bleus, gris, verts, noirs… Les écuries sont de toutes les couleurs, ce vendredi soir, au challenge vétérans organisé par l’Union sportive de Laillé, une bourgade résidentielle de 5 000 habitants au sud de Rennes. Vingt équipes sont inscrites, soit quelque 200 joueurs d’au moins 35 ans, venus de tout le bassin rennais.

Un territoire où, comme un peu partout en Bretagne, l’extrême droite a réalisé une percée inédite : à Laillé, Jordan Bardella est arrivé premier, avec 22,18 % des voix. Du jamais vu dans cette terre acquise au macronisme lors des précédents scrutins. Passée la deuxième couronne de la capitale bretonne, quasi toutes les communes ont placé le Rassemblement national (RN) en tête.

Mais la tempête politique n’atteint pas les terrains de sport lailléens. «Ce n’est pas le centre des discussions. Dans le milieu du foot, on ne parle pas trop politique. On sait qu’on est avec des gens très différents, c’est aussi ce qui me plaît. On ne discute pas pour qui on vote, mais qui s’occupe de faire les frites ou d’autres choses concrètes, ça fait du bien», explique le président de l’US Laillé, Dominique Maguin, depuis le camion-podium. Entre deux appels pour annoncer les premiers matchs, ce patron d’une boîte de transports développe : «Dans le milieu entrepreneurial, on s’inquiète, on se dit que ça va être compliqué. Ca met déjà un coup de froid sur l’économie.» Lui-même est dépité : «On a deux extrêmes, qui ne sont bons ni l’un ni l’autre, et plu