En milieu d’après-midi ce lundi 24 juin, la bande de vingtenaires s’est retrouvée chez Sergio, un petit restaurant cacher à Sarcelles (Val-d’Oise). La tablée est animée. Entre le boulevard Albert-Camus et le haut de l’avenue Paul-Valéry, ce carré d’immeubles, d’épiceries et de restaurants cacher porte, depuis longtemps, le surnom de «petite Jérusalem», terre d’accueil des Juifs après les décolonisations de la Tunisie et de l’Algérie. II y a un mois, les jeunes de la tablée étaient tous ensemble en Israël pour le mariage d’une cousine de Chloé. Deux ou trois garçons portent la kippa. Les filles, elles, n’affichent rien de religieux.

Mélissandre, elle, s’est achetée il y a peu un pendentif qui dessine la carte d’Israël. Accrochée à une chaîne, elle porte ce bijou autour du cou. «Mais je le cache quand je prends les transports», dit-elle. Cette peur de l’extérieur, des autres, s’est incrustée profondément, irrémédiablement après l’attentat terroriste du 7 octobre en Israël et la vague d’actes antisémites qui a suivi en France. Debout, la voix forte, Frédéric, un peu plus âgé que les autres, est cash : «Il reste quelques jours pour quitter la France. […]