A 39 ans, le Normand Sébastien Lecornu va quitter l’hôtel de Brienne pour celui de Matignon. Le ministre des Armées sortant a été nommé Premier ministre ce mardi 9 septembre par Emmanuel Macron, quelques heures seulement après la démission de François Bayrou.
Libération revient sur l’ascension du natif d’Eaubonne (Val-d’Oise), nommé Premier ministre à 39 ans.
2008-2012, première candidature et opposition au mariage pour tous
Le jeune Sébastien Lecornu est un homme de droite. Dès 2008, il est le candidat UMP aux élections municipales de Vernon, dans l’Eure. En novembre 2012, alors candidat, il donne un entretien au journal Vernon politique qui interroge les candidats de droite en campagne pour les élections municipales sur le thème du mariage pour tous. Le média local écrivait : «Il est logiquement opposé au projet gouvernemental. Il estime que le texte “mélange trop de choses pour que le débat soit serein”. Surtout, il s’oppose à l’adoption, et veut conserver telle quelle “une institution qui ne peut se résumer à un régime fiscal” : “le mariage est dans nos sociétés la base de la construction de la famille. Et une famille se construit entre un homme et une femme…”» Alors qu’il se disait «hostile à la PMA et à la GPA» en 2015, il semblait avoir, lui aussi, changé d’avis en 2019 : «Je suis favorable à la disposition telle qu’elle sera introduite dans la loi, c’était d’ailleurs un programme présidentiel. […] Si je n’avais pas été d’accord, je ne serais pas entré au gouvernement.»
En 2013, il est le codirecteur de la campagne de Bruno Le Maire pour la présidence de l’UMP.
2014 et le début de l’ascension
De mai 2013 à octobre 2014, Lecornu est le secrétaire national de l’UMP. Entre-temps, en mars 2014, il décroche finalement la mairie de Vernon. Il est élu dans la foulée président du conseil départemental de l’Eure en 2015. L’élection présidentielle de 2017 pointant le bout de son nez, l’homme fait campagne pour le parti de droite Les Républicains. Il est le directeur adjoint de l’équipe de François Fillon. Mais Lecornu mise sur le mauvais cheval : le candidat Fillon est dans la tourmente à cause des soupçons d’emplois fictifs concernant son épouse Penelope.
Profil
Juin 2017, Lecornu rejoint le camp Macron
Le 21 juin 2017, Sébastien Lecornu est nommé Secrétaire d’Etat auprès de Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire dans le second gouvernement d’Edouard Philippe. Il est le plus jeune membre du gouvernement. Du côté de LR, on goûte peu sa nomination. Une procédure disciplinaire d’exclusion est lancée contre lui, avant qu’il ne soit exclu du parti à l’instar de Gérald Darmanin lui-même membre du gouvernement, et des parlementaires Franck Riester et Thierry Solère. Il adhère au parti présidentiel le 25 novembre 2017.
Octobre 2018, premier portefeuille ministériel
A la faveur du remaniement ministériel du gouvernement Philippe II, Sébastien Lecornu décroche le poste de ministre chargé des Collectivités territoriales auprès de Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales.
En 2019, alors que la crise des gilets jaunes prend de l’ampleur, Macron charge Sébastien Lecornu et Emmanuelle Wargon d’animer le grand débat national. Lors de la première session qui se tient à Grand-Bourgtheroulde dans l’Eure, c’est lui qui chauffe la salle du grand débat et distribue les prises de parole en faisant circuler le micro dans l’assistance. En 2020, il devient ministre des Outre-mers dans le gouvernement de Jean Castex.
Live
Mai 2022, Lecornu prend la tête du ministère des Armées
Le 20 mai 2022, il succède à Florence Parly et devient ministre des Armées dans le gouvernement d’Elisabeth Borne. Il est alors âgé de 35 ans. De quoi faire de lui le plus jeune titulaire de ce portefeuille ministériel depuis 1792 et Pierre Auguste Lajard, un officier de l’Ancien Régime, figure de la Révolution française et qui a été ministre de la Guerre pendant quelques mois.
Lecornu résiste aux multiples remaniements et présente en avril 2023 la loi de programmation militaire, son bébé. Jouissant d’une bonne relation avec l’armée, il est reconduit dans les gouvernements successifs. Celui de Gabriel Attal, celui de Michel Barnier – où il récupère la cause des Anciens Combattants –, puis dans celui de François Bayrou. A l’automne 2024, il est déjà pressenti au poste de Premier ministre pour remplacer un Michel Barnier renversé par une motion de censure déposée par LFI. Finalement, c’est le maire de Pau qui décroche le précieux sésame. Pour quelques mois seulement.