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Débat Macron-Le Pen: revivez le duel pour la présidentielle, avec nos analyses et nos reportages

Election Présidentielle 2022dossier
Un débat de l’entre-deux tours animé a eu lieu entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen mercredi soir. Analyses, factchecks, verbatims... «Libé» vous a fait vivre cette dernière joute verbale avant le second tour de l’élection présidentielle 2022, dimanche 24 avril.
Emmanuel Macron et Marine Le Pen pendant le débat TV d'entre-deux tours, à Paris, le 20 avril 2022. (Denis Allard/Libération)
publié le 20 avril 2022 à 20h03
(mis à jour le 21 avril 2022 à 0h36)

Le moment le plus attendu de l’entre-deux-tours, c’était ce mercredi soir. Les deux finalistes de l’élection présidentielle se sont affrontés dans un duel télévisé, cinq ans après le premier round. Libé vous a fait suivre ce grand rendez-vous en direct, en vérifiant les affirmations des candidats, rapportant en direct les réactions d’électeurs de Macron, Le Pen, et Mélenchon et analysant les prestation de chacun. Revivez le duel.

il y a 1210 jours

A Champigny, les insoumis se tâtent toujours pour aller voter. Près de trois heures pour convaincre… En vain chez les insoumis à Champigny-sur-Marne. Pour dimanche, Jeannick se tâtait encore à aller voter avant son départ en vacances. A l’issue du débat, la situation reste inchangée : «Je pense que je me déciderai au dernier moment», conclut-elle, la tête dans les mains. A ses côtés, Carlos et Etienne confirment leur volonté de s’abstenir. «Si Mélenchon avait été là, il aurait imposé des thèmes autres comme les hôpitaux, l’éducation, les violences faites aux femmes…» Plus que jamais dépité, de son côté, Yvon regrette : «C’est navrant que le débat politique en France soit tombé au niveau de ces deux personnages-là.» En un mot, ce qu’ils retiendront de ce débat ? «Sa platitude.» Après les vacances, tous reprendront la campagne pour le «troisième tour» promis par Mélenchon. «Forcément, ça nous motive !» Par Elise Viniacourt, envoyée spéciale.

il y a 1210 jours

Chez les gilets jaunes de Verneuil, la gêne face aux propos de Marine Le Pen sur «l’ensauvagement» et «l’immigration anarchique». Chez ce groupe d’amis venant d’horizons très divers, et qui se sont rencontrés sur le rond-point de la RN12, les sujets régaliens ne font pas consensus. Jean-Marc estime qu’«il faut stopper l’immigration et n’accueillir que les réfugiés. Mais personne n’a le courage de le dire». Alors que le président affirme que 10 000 policiers et gendarmes ont été déployés sur le terrain au cours de son quinquennat, des commentaires sarcastiques couvrent ses propos. «T’as parlé des gens qui ont été éborgnés ?», l’apostrophe Fabrice, dit «Fafa». «Ça, on les a vus sur le terrain, d’ailleurs ils sont rouges de peur», ironise Sabrina, qui a été de toutes les manifs gilets jaunes, elle qui n’avait jamais manifesté de sa vie. Sur le port du voile, Fafa est d’accord avec Le Pen pour l’interdire dans l’espace public. «Quand tu vas chez eux, tu dois suivre leur religion, pourquoi, ici, ils suivent pas notre religion ?», interroge l’agent de nettoyage. Encore une fois, la politique sanitaire met tout le monde d’accord. On n’est pas tous contre le voile, mais tous contre le masque, qui «ne sert à rien» de l’avis général. Par Eve Sveftel, envoyée spéciale à Verneuil.

il y a 1210 jours

Chez Stéphanie, à Avion, électrice de Roussel, l’écran de fumée de Le Pen sur les retraites ne fait pas illusion. Chez Stéphanie, le duel s’observe surtout en silence. À mesure que les thèmes se succèdent, des tranches de cakes marbrés posés au centre de la table pour le dessert disparaissent. Le débat a commencé depuis plus d’une heure et le sujet des retraites est désormais clos. Les mesures toutes plus techniques les unes que les autres s’enchaînent à toute vitesse. «Elle dit que ceux qui ont travaillé entre 17 ans et 20 ans pourront partir à 62 ans, reformule Stéphanie, mais sachant qu’il n’y en a pas beaucoup qui travaillent à cet âge-là, ça décale donc ça reviendra au même qu’avec Macron… tout ça pour toucher 800 euros !» Le président sortant précise le montant minimum de la retraite dans sa future réforme : 1100 euros. «Pour une carrière complète ? Ce n’est pas beaucoup», relève Stéphanie, consciente que Marine Le Pen propose moins. Elle se tourne vers Charlie, son compagnon : «Il n’a pas dit si c’est net ou brut ?» 22h20, son téléphone portable sonne. À la télé, les candidats s’écharpent sur le financement de l’hôpital public. Sur l’écran du téléphone de Stéphanie, un sms de sa cousine, aide-soignante fâchée du quinquennat Macron : «Tu vas aller voter le 24 ?» Par Sheerazad Chekaik-Chaila, envoyée spéciale à Avion

il y a 1211 jours

La conclusion de Le Pen : «Je veux accorder une priorité aux Français dans leur propre pays.» «Je voudrais m’adresser au peuple, celui qui aspire à la tranquillité», dit Marine Le Pen. Elle veut séduire le peuple qui a «le bon sens de mettre des régulations à une mondialisation qui déstabilise l’économie française», elle veut combattre «les prédateurs d’en haut et les prédateurs d’en bas». Elle souhaite «accorder une priorité aux Français dans leur propre pays» car «ils n’en ont qu’un». En conclusion Marine Le Pen estime que son projet est «viable», et même «vital».

il y a 1211 jours

La conclusion de Macron : «Cette élection est un référendum pour ou contre l’Union européenne.» Pour les deux minutes de conclusion dont il bénéficie, Emmanuel Macron a choisi de les utiliser en évoquant certains sujets «vitaux» non évoqués durant au cours du débat : le handicap, l’égalité femme-hommes, les territoires ultramarins. Le président-candidat en profite pour définir ce que représente cette élection présidentielle 2022 : «Cette élection est un référendum pour ou contre l’Union européenne, et le lien qu’il y a entre la France et l’Allemagne, un référendum pour ou contre une ambition écologique, un référendum pour ou contre la laïcité et la fraternité en République, et un référendum pour ou contre ce que nous sommes profondément, d’où nous venons et ce que nous avons à faire. Le 24 avril, c’est un moment clair. Il faut que le choix soit clair.» Emmanuel Macron a enfin eu un dernier mot pour «nos enfants». «L’une des choses qui m’importent le plus c’est de leur construire un monde meilleur».

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Le live de Coco

il y a 1211 jours

Marine Le Pen fait une leçon de démocratie à Macron. La candidate d’extrême droite souhaite une «renaissance démocratique» avec une Assemblée nationale qui aurait plus de pouvoir, avec la mise en œuvre effective du référendum d’initiative citoyenne, ainsi que de la proportionnelle. «Les gilets jaunes vous l’ont dit, ils n’ont pas été entendus.» Le plus gros problème, selon la candidate RN, c’est la division des Français instaurée par son concurrent. «Ils ont le sentiment d’être méprisés […] de n’être pas entendus. Vous les avez maltraités avec des mots violents. Il faut recoudre la démocratie française.» «Il faut retrouver le sens de la démocratie dans notre pays : une république laïque, sociale, indivisible», martèle Marine Le Pen.

il y a 1211 jours

Macron défend l’immigration économique et le droit d’asile. Macron souhaite protéger le droit d’asile, lui-même «protégé par notre Constitution», en pointant le cas «des réfugiés de guerre ukrainiens» que la France doit accueillir. Le président-candidat distingue par ailleurs l’immigration économique, «dont on a besoin»: «Cette immigration est régulée avec des titres de séjours, il faut qu’elle continue», et l’immigration clandestine, face à laquelle Macron estime que la France «doit mieux protéger ses frontières».

il y a 1211 jours

Le Pen ressort son referendum sur l’immigration, pour supprimer le droit du sol. Toujours à l’aise, Marine Le Pen saisit enfin l’occasion de démontrer qu’elle est d’extrême droite. «Je souhaite présenter aux Français un référendum sur l’immigration afin de changer les règles en cours, afin de réviser la Constitution, précise la candidate. Dans ce référendum, il y a l’expulsion des criminels et délinquants étrangers, la suppression du droit du sol, la mise en œuvre de la priorité nationale au logement et à l’emploi, le renvoi des clandestins chez eux, la modification du droit d’asile.» Pour Marine Le Pen, «l’immigration est un problème qui fait dépenser beaucoup d’énergie dans notre société».

il y a 1211 jours

Sur l’interdiction du voile dans l’espace public, Macron et le Pen se déchirent. Evidemment interrogée sur sa position face au voile islamique, Marine Le Pen répond qu’elle est «pour l’interdiction du voile dans l’espace public». «Il faut libérer ces femmes.» «Je veux lutter contre l’islamisme, je ne lutte pas contre l’islam mais contre l’idéologie islamiste qui s’attaque aux fondements de notre République et cherche à imposer la charria», affirme Marine Le Pen. Pour elle, la République doit être «fière» et non «honteuse». «Nous ne sommes pas assez fermes à ce sujet car le gouvernement actuel ne prend pas la mesure du danger», critique-t-elle.

«Ce qui est inquiétant dans votre démonstration, c’est le chemin qu’elle emprunte, analyse Emmanuel Macron. D’une question sur le voile vous êtes passée au terrorisme pour revenir à l’islamisme et pour aller aux étrangers. Et vous créez un système d’équivalence par votre cheminement qui confond tous les problèmes et les entretiens.» Le président-candidat rappelle qu’avec lui, «il n’y aura pas d’interdiction ni du foulard, ni de la kippa, ni de quelque signe religieux dans l’espace public». «Vous n’avez pas lu ma loi, rétorque Marine Le Pen. «Non, mais j’ai lu la constitution française», balaye Macron.

il y a 1211 jours

Courtes peines : Macron défend des alternatives à la prison. Pas Le Pen. Sur la cybersécurité, Macron souhaite mettre en place 15 000 cyberpatrouilleurs. Sur la justice, Macron dit ne pas partager le point de Marine Le Pen sur les courtes peines : «Mettre un délinquant dans une prison où il va fréquenter des délinquants plus lourds est une absurdité.» Macron dit préférer qu’ils soient contraints à une rétention dans un environnement militaire, ou a du travail d’intérêt général «sous contrôle».

il y a 1211 jours

Macron et Le Pen se disputent l’amour des policiers. Petite pique du candidat LREM à son adversaire du soir : «Penser à nos policiers, c’est y penser chaque jour. C’est pas les abandonner dès qu’il y a un coup de grisou, comme vous l’avez fait il y a quelques jours en parlant des policiers de Darmanin quand il y a eu un problème sur un de vos événements.» Le Président défend son bilan durant le quinquennat, et le fait que «10 000 postes de policiers et gendarmes ont été créés. Ils sont maintenant sur le terrain. A côté de cela, on a augmenté les moyens de la justice de 30 % ces dernières années», rappelle Emmanuel Macron. Il se félicite par ailleurs que «la délinquance sur les biens en particulier a diminué», en pointant des «résultats» sur la lutte contre le terrorisme avec «une trentaine d’attentats déjoués». Le Président rétorque aux attaques de Marine Le Pen sur l’augmentation de la violence en insistant sur les féminicides : «A 80 % des chiffres qu’il y a derrière, ces augmentations de violences, elles sont liées aux violences intrafamiliales.»

il y a 1211 jours

Sur la délinquance Marine Le Pen frétille et reprend l’amalgame entre insécurité et immigration. Elle est sur son terrain, veut réarmer les policiers. On aborde enfin le thème de la sécurité. Pudique, elle ne veut pas utiliser «un terme trop catastrophique» et parle d’un pays «en situation très mauvaise». Bon, elle estime aussi, un peu moins pudiquement, que «nous sommes confrontés à une vraie barbarie». «On est cernés par l’insécurité, dans les villes, les campagnes les transports. On vole les récoltes, l’engrais, on siphonne les engins, dès qu’une chose a une moindre valeur les gens craignent pour leurs biens», estime la candidate RN. «Il faut régler le problème de l’immigration anarchique», lance-t-elle, pratiquant l’amalgame entre immigration et insécurité. Elle propose un «référendum aux Français afin qu’ils choisissent qui vient, qui se maintient et qui doit partir». Marine Le Pen veut aussi réarmer les policiers, «moralement d’abord», grâce à sa proposition de présomption de légitime défense. «Ils ont beaucoup souffert de leur mise en cause permanente, il faut les aimer, leur faire confiance.» La candidate veut arrêter avec les «réaménagements de peine». Et, évidemment, elle veut «plus de places de prison».

il y a 1211 jours

A Champigny chez les Insoumis : «En même temps la jeunesse se fait fracasser par ses fachos à elle». Une pause théâtrale a été marquée et ses yeux sont presque apparus larmoyants. «La jeunesse française a tellement souffert», déplore Marine Le Pen avec une émotion calculée. Rose, 22 ans, une chaîne attachée à son jean, se tient adossée au mur. Elle participe pour la première fois à une réunion des Insoumis de Champigny-sur-Marne. Et du tac-au-tac, elle réplique: «En même temps, la jeunesse se fait fracasser par ses fachos à elle.» Alors que Macron affirme avoir mis «fin à la fermeture des classes sans l’accord du maire», une militante sursaute : «Alors avec son accord, il n’y a pas de problème pour fermer ?» En face d’elle, Carlos et Etienne, 62 et 55 ans, pantalon rose et pantalon bleu, s’enfoncent davantage dans leur canapé. Derrière leurs lunettes, l’étincelle de leur regard oscille entre hilarité et exaspération. Par Elise Viniacourt

il y a 1211 jours

Sur l’éducation, Le Pen dénonce les aides aux quartiers populaires. «Le dédoublement des classes de primaire, vous l’avez réservé aux quartiers.» Marine Le Pen veut redresser l’école primaire qui, selon elle, «s’effondre». «Vous avez fait et défait», tacle-t-elle ainsi les mesures pour l’éducation de son concurrent : «Ça révèle un problème de vision.» «Je suis attaché à l’école de la République, j’en viens», rétorque Emmanuel Macron.

il y a 1211 jours

Débat présidentiel : Marine Le Pen est-elle climatosceptique, comme l’affirme Emmanuel Macron ? La position de la candidate du RN sur le réchauffement climatique a beaucoup évolué depuis sa première campagne présidentielle en 2012. Notre analyse de CheckNews

il y a 1211 jours

Pour la jeunesse, Marine Le Pen sort son chéquier (et son bâton). «C’était une évidence pour moi de faire de la jeunesse la priorité de mon quinquennat.» Et pour ça, elle veut revaloriser les filières professionnelles, l’alternance, l’apprentissage. Elle souhaite également que les étudiants aient un complément de salaire parce que «travailler et étudier en même temps, il faut du courage». Pour les voyages de la jeunesse, elle est pour la gratuité des trains aux heures creuses pour les 18-25 ans. Revaloriser le bac, le retour des filières S, ES et L, effort sur les fondamentaux en primaire, tout y passe pour Marine Le Pen. Sans oublier la sécurité et le respect à l’école, sujets importants pour la candidate RN. Les élèves qui ont des «problèmes de délinquance» ne doivent pas faire obstacle aux autres, Marine Le Pen veut une «assimilation républicaine».

il y a 1211 jours

Comment stopper le décrochage scolaire ? La solution (et le bilan) Macron «On a commencé à le faire, juge Macron. L’investissement qui a été fait en CP, CE1 a permis aux enfants de la république les plus en difficulté de rattraper leur retard.» Le président-candidat souhaite «continuer à investir sur les fondamentaux», en évoquant le cas des mathématiques, puis sa mesure de la demi-heure de sport à l’école, «un point fondamental de l’apprentissage». Emmanuel Macron souhaite aussi «mettre les moyens» sur les classes de 6e et seconde, «classes charnières où les décrochages se font. Et permettre quand c’est possible de les dédoubler».

il y a 1211 jours

Analyse du service politique (3) : Le Pen ne se ridiculise pas comme en 2017 pas mais échoue à faire mieux. Pour l’instant, Marine Le Pen ne s’est pas ridiculisée en se perdant dans ses fiches ou dans un remake de sa gênante tirade sur «les envahisseurs», comme en 2017. Elle échoue pourtant à faire vraiment mieux. Sur la défensive tout au long du débat, laissant ses fondamentaux «immigration» et «islamisme» au placard, elle n’a jamais vraiment mis son rival en difficulté sur le fond. La présidentialité qu’elle se faisait fort d’afficher après deux jours de bachotage intensif est loin d’être visible. Emmanuel Macron, quant à lui, apparaît vainqueur aux points, faute d’obtenir le KO ce coup-ci. Par Jean-Baptiste Daoulas et Laure Equy