Au Rassemblement national, la défaite est un sentiment familier, que l’on purge à coups de formules censées rendre l’envie d’aller de l’avant. «L’avenir commence toujours demain», disait Jean-Marie Le Pen, coutumier des déconvenues électorales. «Laissez donc retomber la poussière», a ordonné sa fille, après la contreperformance de son parti au second tour des élections législatives, le 7 juillet. La remarque visait d’abord son premier lieutenant, Jordan Bardella, moins habitué aux échecs, du haut de ses 28 ans et de son parcours foudroyant et qui affirmait prendre sa part de responsabilité dans la «défaite» des siens. Un mot qui a agacé la numéro 1.
Une fois la poussière retombée, donc, quel paysage se dessine ? Il n’est pas si sombre pour la formation d’extrême droite, veulent croire ses hiérarques. Certes, la marche était encore trop haute pour se hisser en haut du perron de Matignon. Mais, pour les prochains mois, le RN, avec un niveau de jeu élevé de plusieurs millions de voix par rapport aux dernières élections législatives, se retrouve dans la position qui lui convient le mieux : celle d’observateur, et parfois d’arbitre, du combat entre la gauche et l’ex-majorité présidentielle. Profitant des faiblesses des uns et des autres et de la crise politique, les frontistes espèrent tirer leurs marrons du feu lors d’une prochaine dissolution ou, au plus tard, de l’élection présidentielle de 2027, en débarquant plus frais que leurs adversaires usés par le po