Passer à autre chose après le «mélodrame» Orphelin. La députée des Deux-Sèvres Delphine Batho a été nommée dimanche porte-parole de la campagne du champion écologiste à la présidentielle, Yannick Jadot. Candidate à la primaire du pôle écolo, l’ancienne ministre de l’Ecologie de François Hollande arrivée en troisième position au premier tour avec 22,32% des voix était jusqu’alors conseillère spéciale de l’eurodéputé chargées de «la sécurité nationale face aux effondrements et à la résilience». Poste qu’elle continuera d’occuper durant la campagne, affirme l’entourage de Jadot – mais information que Libération a appris à l’intéressée.
Delphine Batho rejoint donc les six porte-paroles présentés il y a plusieurs semaines déjà. Elle sera d’ailleurs chargée de «coordonner cette équipe», dixit Mounir Satouri, le directeur de campagne. Une équipe composée de la sénatrice EELV des Français de l’étranger Mélanie Vogel, de la conseillère municipale d’opposition à Hénin-Beaumont, Marine Tondelier, du député du Rhône Hubert Julien-Laferrière, de l’adjointe au maire d’Ivry-sur-Seine Sabrina Sebaihi, de Mélissa Camara, conseillère municipale à Lille et de Benjamin Lucas, coordinateur national de Génération.s. «Delphine Batho a de l’expérience parlementaire et ministérielle, elle est écologiste, c’est excellent profil», résume un proche de Yannick Jadot.
«Au service de cette campagne»
«Ma vision de l’écologie est totalement au service de cette campagne», réagit Delphine Batho auprès de Libération. La députée des Deux-Sèvres assure n’avoir hésité «à aucun moment» : «Quand Yannick Jadot me demande de l’aide, je réponds présente», poursuit-elle. Dans son nouveau rôle, l’ancienne ministre compte remettre sur la table les questions écologiques alors «que toutes les autres candidatures occultent la seule urgence du moment».
Delphine Batho remplace ainsi le député de Maine-et-Loire Matthieu Orphelin, débarqué de la campagne fin novembre après la diffusion de l’enquête d’Envoyé spécial dans laquelle plusieurs femmes accusent Nicolas Hulot d’agression sexuelle et de viol. En cause : la proximité de l’ex-macroniste avec l’ancien ministre de la Transition écologique d’Emmanuel Macron. Si Orphelin a très vite pris ses distances avec son ancien mentor en affirmant «soutenir toutes les victimes», EELV n’a pas oublié ses propos en 2018 la veille de la parution de l’enquête de l’éphémère magazine Ebdo faisant état d’une plainte pour viol contre l’ex-présentateur d’Ushuaia. Le député écolo parlait alors «d’inquisition» alors que Hulot avait pris les devants en se défendant avant la sortie de l’article sur BFM TV.
Interview
Dans un communiqué, le directeur de campagne de Yannick Jadot, Mounir Satouri, officialisait alors la «mise en retrait» d’Orphelin. «La sérénité nécessaire à l’exercice de ses fonctions n’est plus possible suite aux révélations d’Envoyé spécial», expliquait-il estimant que les nouvelles révélations alimentaient «plein d’interrogations depuis quelques jours sur l’état de la réalité de ce que savaient les proches». Pour Satouri il était alors «opportun de le libérer de cette responsabilité [de porte-parole, ndlr] et le laisser libre de ses réponses et de sa communication».
En réponse, Matthieu Orphelin a «pris acte de cette “mise en retrait” d’office et du motif utilisé» soulignant «n’avoir jamais couvert le moindre agissement répréhensible de Nicolas Hulot». Mais, le député du Maine-et-Loire y voyait surtout des raisons plus politiques. «Je ne suis pas dupe. J’avais signifié à Yannick Jadot que je souhaitais mettre fin à mes fonctions de porte-parole» à la suite de «plusieurs alertes non entendues» à propos des «difficultés de campagne et de ma non-adhésion à ses choix stratégiques : absence de mobilisation sur les jeunes, absence de considération pour la dynamique de la primaire populaire, tensions internes, difficultés à mobiliser toutes les composantes de l’écologie» avançait-il. «Je pense qu’il faut surtout mettre ses critiques sur le compte de sa tristesse du moment», estime un cadre de la campagne.