En 2017, ce n’est pas à la force du poignet mais par la magie du verbe que Mélenchon rassemble 19,58% des suffrages exprimés, manquant de qualifier la gauche pour le second tour. Dans une forme d’unanimité transpartisane rare en politique, ses militants bien sûr mais également ses adversaires, ou encore les observateurs indépendants, lui reconnaissent alors la vigueur du tribun et les talents de l’orateur. De meetings en plateaux de télévision, les Français semblent découvrir une rhétorique qui, en réalité, est ancienne et bien identifiée dans l’histoire du discours de la gauche.
Présidentielle
Les discours de Mélenchon de 2022, après ceux de 2017, ont ainsi à l’analyse une fibre jauressienne évidente et revendiquée. Ils s’appuient obstinément sur trois piliers éprouvés par le député de Carnaux au début du siècle dernier lorsqu’il débattait pour la démocratie, la paix ou le progrès social : une assurance programmatique qui assoit le discours et rompt avec l’idéologie dominante, un cadre philosophique et universitaire qui prétend élever le propos au-dessus de la mêlée médiatique et de l’actualité de l’instant, enfin une adresse populaire – pour ne pas dire une «gouaille» – qui le rend familier aux simples gens pour reprendre un mot que Mélenchon répète souvent dans ses discours.
Discours d’apparence improvisés
L’équilibre entre ces trois piliers n’est pas facile à réaliser mais Mélenchon use de la recette, de ville en ville, d’hologramme en hologramme : constamment il appuie son discours sur son idéologie et son programme l