Populisme à tendance démagogique, le lepénisme tient moins sa cohérence d’un programme immuable que de quelques grands piliers auxquels le Front national a fini par s’identifier. Lutte contre l’immigration, rejet du «système» et de la construction européenne : la gangue idéologique du parti d’extrême droite est assez lâche pour autoriser les retournements et autres virages à 180 degrés. Quelques lignes de force demeurent.
La préférence nationale. La plus emblématique des mesures frontistes n’est paradoxalement pas la plus ancienne. Le mot n’apparaît qu’en 1985 sur la couverture du livre-programme de Jean-Yves Le Gallou, un haut fonctionnaire venu de l’UDF. Mais son principe est aussi ancien que le nationalisme : réserver un certain nombre d’emplois, d’allocations et de droits aux seuls citoyens français. Marine Le Pen l’a depuis ravalé en «priorité nationale» – ce qui revient au même – et entend contourner son inconstitutionnalité en l’intégrant à son référendum sur l’immigration.
Une aversion pour la fiscalité. Quoi qu’en disent ses détracteurs, le FN de 1972 est plus proche du poujadisme des débuts politiques de Le Pen que du fascisme de la jeunesse de certains de ses comparses. En témoigne un rejet assez constant de nombre d’impôts qui accableraient d’abord les classes moyennes. Le fiscaliste du Front, Jean-Claude Martinez, a ainsi défendu pendant vingt ans la suppression de l’impôt sur le revenu. Depuis, Marine Le Pen a tempéré sa haine du «f