François-Xavier Bellamy et Jordan Bardella seront au moins d’accord sur un point : voter pour le Rassemblement national ne changera pas le cours de l’Union européenne. «En dix ans, ils n’auront pas déplacé une virgule dans un seul texte européen», critiquait mercredi 5 juin le candidat Les Républicains, en meeting au Cannet (Alpes-Maritimes). Le même jour, sur France inter, la tête de liste frontiste raillait ces tâcherons d’eurodéputés fiers de leurs «amendements pour déplacer des virgules». Du haut de ses 33 % d’intentions de vote (dans le dernier sondage Ipsos), le poulain de Marine Le Pen peut se permettre l’arrogance, tant les traits de ses adversaires lui ont glissé dessus, sans jamais, au fond, le mettre en difficulté.
Son absence de travail parlementaire a été régulièrement mise en lumière par des chiffres cruels (quelques dizaines d’amendements déposés et aucun rapport pris en charge). Bardella s’en est sorti en opposant sa présence à presque toutes les plénières – les sécher lui coûterait de l’argent – et ses nombreuses interventions orales – à visée purement communicationnelle. L’angle n’était de toute façon pas le mieux choisi pour dégoûter un électorat RN foncièrement eurosceptique. Une série de couacs a bien écorné la crédibilité économique du jeune premier, qualifiant un jour l’idée de prix planchers pour les matières agricoles, contenue dans le programme frontiste, de «trappes à pauvreté», s’emmêlant les pinceaux, un autre, sur le mode de