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Elections européennes : comment le temps de parole des candidats est-il décompté à partir de ce lundi 15 avril ?

A partir de ce lundi, télévisions et radios seront tenues de respecter un principe d’équité dans le traitement des partis politiques avant le scrutin du 9 juin.
Raphaël Glucksmann à Tournefeuille, le 24 mars. (Ulrich Lebeuf/Myop pour Libération)
publié le 15 avril 2024 à 16h10

L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) entame ce lundi 15 avril son décompte du temps de parole des candidats et de leurs soutiens aux élections européennes. S’étirant jusqu’au vendredi 7 juin inclus, ce décompte a donc cours pendant une période de huit semaines, contre six en 2019 «car la campagne a déjà largement commencé», a indiqué le président de l’Arcom, Roch-Olivier Maistre, devant la presse le 7 mars. Tout cela sous le principe d’équité. On fait le point sur les grands principes et les règles en vigueur.

Qu’est-ce que le temps de parole ?

A partir du moment où un candidat parle à la radio ou à la télévision, son temps de parole est décompté. Le président de la République n’échappe pas à ce décompte si, et seulement si, sa parole relève du débat politique (et non si elle relève de ses fonctions). La règle s’applique également aux personnalités non politiques qui soutiennent un candidat. Il peut donc s’agir de chroniqueurs, de militants et même d’électeurs.

Qu’est-ce que le principe d’équité ?

Contrairement à l’élection présidentielle qui repose sur principe d’égalité, l’Arcom s’en tient à un principe d’équité en raison du nombre important de candidats et de listes. L’objectif : prendre en compte leur «représentativité» et leur «implication effective dans la campagne», est-il écrit sur le site de l’Arcom.

Quant aux personnalités qui refusent d’intervenir sur un plateau spécifique, Roch-Olivier Maistre, le président de l’Arcom, a déclaré le jeudi 7 mars devant la presse que la chaîne concernée, ne pouvant pas «forcer une formation politique» à parler, en était «déchargée». C’est notamment le cas de l’eurodéputé écologiste Marie Toussaint, qui affirmait en mars avoir refusé l’invitation de CNews. Selon elle, la chaîne de télévision encouragerait la «trumpisation de l’espace médiatique».

Comment est calculé le temps de parole de chaque candidat ?

Si la durée autorisée est calculée à partir de plusieurs critères, «l’Arcom ne donne pas d’indication chiffrée», précise Anne Grand d’Esnon, présidente du groupe de travail Pluralisme et déontologie de l’information et des programmes, de l’Arcom, à La Croix. Il en revient donc aux éditeurs des médias de prendre en compte «les résultats de chaque liste aux précédentes élections et leur poids dans le Parlement européen sortant, leur place dans l’animation du débat public ou encore les sondages», selon Anne Grand d’Esnon.

Résultat, le parti qui bénéficie du plus gros temps de parole est le Rassemblement national, suivi de Renaissance, du Parti socialiste, des Républicains, des Ecologistes, des Insoumis et de Reconquête. A noter que ce timing, qui peut évoluer au fil de la campagne, diffère du temps d’antenne. Ce dernier comptabilise notamment les reportages.

Ce temps alloué aux candidats fera l’objet de contrôles aléatoires de l’Arcom afin de s’assurer que les chaînes de télé et les stations radio respectent un pluralisme. Les données doivent ensuite être transmises à l’Autorité toutes les deux semaines, puis une fois par semaine à partir du 13 mai.

Quels sont les médias concernés ?

Au total, ce sont 17 chaînes de télé et 10 stations de radio concernées : TF1, France 2, France 3 (pour son programme national), France 5, France Info (TV), Canal + (pour ses programmes en clair), M6, BFM TV, CNews, LCI, C8, TMC, RMC Découverte, RMC Story, France 24, TV5 Monde (pour ses programmes propres), Euronews, France Inter, France Info (radio), France Culture, RFI, RTL, Europe 1, RMC, BFM Business, Radio Classique et Sud Radio.

Arte, les chaînes parlementaires ainsi que les services «consacrés à la propagande électorale» des candidats, uniquement accessibles en ligne, dérogent à la règle, selon le site de l’Arcom.

Quid des plateformes ?

Cette année, l’Arcom se renouvelle et s’adapte à l’ère technologique : depuis la première fois depuis sa création en 2022, l’autorité de régulation a formulé des préconisations envers des plateformes en lignes. Facebook, Google ou encore X (ex-Twitter) devront désormais «renforcer leur transparence dans la modération des contenus, dans la mise en avant des informations officielles sur le processus électoral et l’identification des publicités politiques», peut-on lire sur le site de l’Arcom.

Comment les candidats investissent l’espace en dehors du temps de parole ?

Ainsi, seules les chaînes de télévision et les stations de radio sont concernées par ce temps de parole. Face à cela, certains candidats adoptent alors une stratégie pour investir l’espace dans la presse. C’est notamment le cas des Insoumis, qui misent sur leurs apparitions dans la presse quotidienne régionale, selon le Parisien. Les réseaux sociaux sont aussi un espace prisé des candidats, d’où les recommandations récentes de l’Arcom à leur encontre.

Un temps précieux et des tensions

Vous l’aurez compris, le temps est précieux. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle certains s’agacent de voir d’autres parler sur les plateaux télévisés ou dans les studios de radio. C’est le cas du PS qui s’inquiète face aux nombreuses interventions publiques de François Hollande, qui vient de sortir un livre et qui en fait promotion. Autant de temps de parole qui pourrait être décompté au débit des socialistes.

Ségolène Royal, qui multiplie ses apparitions publiques sur le plateau de Cyril Hanouna, fait également grincer des dents le PS. Mais selon le Parisien, l’ancienne candidate à la présidentielle de 2007 a écrit à l’Arcom pour faire savoir qu’elle n’était plus au PS. La semaine dernière, l’Autorité a donc décidé de la comptabiliser désormais en «divers gauche».

L’autre ancien chef d’Etat Nicolas Sarkozy encombre également : en 2022, il avait, par exemple, soutenu Macron plutôt que la candidate LR Valérie Pécresse. S’il ne s’est toujours pas exprimé sur les européennes, l’Arcom a précisé au Parisien que son temps de parole ne serait pas compté pour la droite, s’il venait à soutenir un autre camp.