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Libération
Fin de campagne

Elections européennes : Reconquête, de la haine de l’autre à la haine de soi

L’autre parti d’extrême droite, pas assuré de passer la barre des 5%, s’est surtout fait remarquer par la détestation presque officielle entre ses deux principales figures, Eric Zemmour et Marion Maréchal.
Marion Maréchal, lors du dernier débat des européennes, le 4 juin 2024. (Denis Allard/Libération)
publié le 7 juin 2024 à 19h54

S’il est vrai que vivre, c’est réagir, il faut accorder au parti d’Eric Zemmour qu’il n’est pas tout à fait mort. Après des mois de guerre occulte entre les proches de l’ex-candidat à la présidentielle et les amis de la tête de liste, Marion Maréchal, les petites phrases dans la presse provoquent toujours autant de réactions dans les deux camps. Ceux-ci continuent donc de s’entretuer, avant même de savoir s’ils seront, dimanche 9 juin, au-dessus ou en dessous de la fatale barre des 5%. Un différend stratégique les oppose : la nièce de Marine Le Pen est persuadée que les réserves de voix se trouvent chez Les Républicains ; l’ancien chroniqueur de CNews entend aller les chercher du côté de chez Bardella.

Elle pense qu’il est contreproductif de cogner sur le RN ; lui veut au contraire convaincre ses électeurs que le bulletin frontiste est «doublement inutile» et celui dont le nom figure dessus, «un menteur». Les deux ne se parlent plus et s’arrangent même pour ne plus se croiser. Maréchal a annulé un dernier déplacement en commun prévu vendredi 7 juin, et l’équipe de Zemmour a envoyé un dernier message rempli de fiel aux journalistes : «Pendant que Marion Maréchal défendait courageusement les idées de Reconquête sur les plateaux télévisés, Eric Zemmour a fait une grande campagne de terrain partout en France pour appeler à voter pour sa tête de liste.» Une chose est certaine : si, par miracle, le parti d’extrême droite décroche une poignée d’élus dimanche soir, les deux factions ne partageront pas le même carré dans le train pour Bruxelles.