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Libération
La Bresle, une vallée en campagne

«En 2017, on sentait la vague Le Pen. Là, beaucoup moins»

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Election Présidentielle 2022dossier
Au fil de la campagne, «Libération» va arpenter pour cette chronique la vallée de la Bresle, «la plus ouvrière de France», à cheval entre la Seine-Maritime et la Somme. Un territoire où se concentrent 90 entreprises et près 7 000 emplois directs dans l’industrie verrière.
A Menton (Alpes-Maritimes), le 11 février. (Laurent Carré/Libération)
publié le 21 février 2022 à 10h59

Il n’y en a que pour elle, ce dimanche matin sur le marché de Blangy-sur-Bresle (Seine-Maritime). «Marine présidente» : sur toute la hauteur du grand bus bleu qui transporte les militants du Rassemblement national (RN), le visage souriant et se voulant «protecteur» de la candidate, floqué en format XXL, traverse lentement le bourg, sous les regards épatés et bienveillants des passants. On lit de la fierté sur certains visages qui voient dans ce très inhabituel déploiement de force militante une marque de reconnaissance.

L’opération «5 000 marchés» lancée par le RN dans toutes les régions de France fait un détour par cet ancien chef-lieu de canton de moins de 3 000 habitants, aux confins de la Normandie et des Hauts-de-France. Loin de tout, la petite «cité verrière», ainsi nommée en raison de sa vieille tradition industrielle, est loin d’être une étape obligée pour les chasseurs de suffrages. Comme la plupart des villages de cette vallée ouvrière, Blangy a placé Marine Le Pen largement en tête au premier tour de la présidentielle en 2017 (33,8 %). Elle était aussi majoritaire (51 %), devant Emmanuel Macron, au second. Centriste revendiqué, le maire, Eric Arnoux, a pourtant été confortablement réélu aux dernières municipales. Le succès de l’extrême droite aux scrutins nationaux tient, selon lui, à des difficultés structurelles : une population active composée à 30 % de non diplômés, des jeunes qui s’en vont, des petits patrons qui cherchent désespérément à embauch