Les élections européennes ont révélé une carte de France submergée de brun : de la Bretagne à Aix-en-Provence en passant par Châteauroux, le Rassemblement national a conquis nombre de nouveaux territoires. Vote anti-Macron, sentiment d’insécurité, envie de «tester autre chose»… A travers une série de reportages, Libération explore les raisons d’une telle poussée de l’extrême droite.
Elle a voté, mais «pas grand-chose de fameux». Marlène (1), 74 ans, ne se souvient même pas du nom exact de celui pour qui elle a glissé un bulletin dans l’urne dimanche 9 juin. Cela ressemble à «Mardella». A Miniac-Morvan, commune rurale d’Ille-et-Vilaine de quelque 4 000 habitants, où les pavillons typiquement bretons d’entrée de bourg, avec leur petit carré de pelouse, laissent place aux maisons en granit et à l’église parfaitement rénovée du centre village, la liste Rassemblement national de Jordan Bardella est arrivée en tête aux élections européennes. A l’instar de 93 % des communes françaises. Mais, à part un monsieur «fâché» passé au bureau de tabac, le résultat ne surprend personne dans ce tranquille village au milieu des champs bretons, ave