En résumé :
- Cinquante jours après la démission du gouvernement Attal, l’interminable quête d’un nouveau Premier ministre, capable de s’imposer à une Assemblée fragmentée, s’est poursuivie ce mercredi à l’Elysée. Une nomination a un temps été évoquée comme imminente. Mais après avoir testé les options Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand, le président de la République ne semble finalement toujours pas satisfait.
- Une autre piste émerge ce mercredi soir, menant à Michel Barnier, ancien monsieur Brexit et cadre du parti Les Républicains. Son profil «techno» intéresserait l’Elysée. Autre nom qui a circulé mercredi : celui de David Lisnard, le maire LR de Cannes et président de l’Association des maires de France.
- L’ancien Premier ministre et maire du Havre, Edouard Philippe, a annoncé mardi soir dans une interview au Point son intention de se présenter à la prochaine élection présidentielle. Ouvrant de facto la porte à une éventuelle démission d’Emmanuel Macron.
Jean-Luc Mélenchon appelle à manifester samedi «pour lancer le moteur de la destitution». «Chaque jour qui passe dans la confusion que crée le président est autant de coups qu’il donne à la crédibilité de son mandat et de sa fonction», a regretté le patron des insoumis dans une note de blog publiée ce mercredi soir. «La nomination qui viendra sera un sauve-qui-peut. Elle n’a aucun avenir», a-t-il ajouté. Face à ce blocage, Jean-Luc Mélencon a donc une fois de plus appelé à manifester massivement samedi 7 septembre, «à l’appel des organisations de jeunesse […] pour lancer le moteur de la destitution» d’Emmanuel Macron.
Fabien Roussel pense aux «Feux de l’amour». «Tous les jours, il y a un épisode nouveau, il se passe quelque chose, mais on peut avoir coupé la télévision pendant trois ou quatre jours et se rendre compte qu’on en est au même point», a grincé le patron du PCF sur BFMTV ce mercredi soir. Et d’ajouter : «Alors qu’il y a urgence quand même».
Choix du Premier ministre: "Ça me fait penser aux Feux de l'amour", raille Fabien Roussel (PCF) pic.twitter.com/IDX4uL8MJ6
— BFMTV (@BFMTV) September 4, 2024
Emmanuel Macron est en passe de transformer la démocratie en une vaste pièce de guignol.
— Sandrine Rousseau (@sandrousseau) September 4, 2024
Cela aura un coût, et sans doute, élevé.
Je suis désolée de ce spectacle. Vraiment.
Et maintenant, l’hypothèse Michel Barnier ? Comme ça manquait de vieux mâles blancs, une nouvelle rumeur éclôt ce mercredi soir dans L’Opinion, média bien au fait des arcanes jupitériennes : Emmanuel Macron testerait désormais l’hypothèse Michel Barnier. Celui-ci présente un bien beau palmarès : ministre sous Balladur puis Chirac, ancien négociateur en chef du Brexit, défait à la primaire du parti Les Républicains en 2021, membre du «shadow cabinet» LR… Aussi, son profil «technique» plairait au puissant secrétaire de l’Elysée, Alexis Kohler, rapporte L’Opinion. Le même qui avait déjà défendu le nom de Thierry Beaudet, momentanément pressenti pour Matignon lundi. A chaque jour son Premier ministrable ?
Portrait
«On avance», assure-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron… sans préciser dans quelle direction. Un proche du Président a confirmé auprès de l’AFP que la nomination d’un nouveau Premier ministre ne sera pas annoncée ce mercredi, sans toutefois fournir de nouveau délai. «On avance. Les critères du président restent la «non censurabilité»», c’est-à-dire la garantie que le futur gouvernement ne sera pas immédiatement renversé dans une Assemblée nationale très fragmentée, «et la capacité à faire des coalitions car la situation politique l’exige», s’est borné à dire ce proche du chef de l’Etat.
Cazeneuve et Bertrand rayés de la liste ? Emmanuel Macron a fait chauffer le téléphone ces dernières heures pour s’assurer auprès de la gauche, de la droite et de l’extrême droite que ses deux hypothèses pourraient éviter la censure de l’Assemblée. En vain, manifestement. «Le président de la République serait sur le point ‘‘d’enterrer les pistes Bertrand et Cazeneuve’’ et de ‘‘tester de nouveaux noms’’», affirme Le Figaro.
Fin du feuilleton pour aujourd’hui ? «Le nom du Premier ministre ne sera pas annoncé ce mercredi», assure BFMTV, ce que confirme Le Parisien pour qui «Emmanuel Macron ne prendra pas de décision ce mercredi». Le chef de l’Etat semble donc avoir besoin d’encore un peu de temps pour réfléchir, 87 jours après avoir dissous l’Assemblée nationale. Un macroniste évoque même auprès du Figaro la possibilité «qu’il faille attendre après dimanche», soit après la fin des Jeux paralympiques.
Une nomination ce mercredi semble finalement s’éloigner. Alors que l’annonce du nouveau Premier ministre était prévue ce mercredi soir, elle pourrait finalement intervenir un nouveau jour. Selon plusieurs médias dont le Figaro le nouveau président de la République pourrait prendre encore plus de temps pour tester d’autres noms que Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand qui semblent tous les deux promis à une motion de censure une fois installés à Matignon.
Les insoumis ont déposé leur projet de destitution. Ils l’avaient promis, c’est désormais fait. Les insoumis ont déposé leur proposition de résolution pour destituer le Président de la République. Outre les 72 députés LFI, les signataires sont les écologistes Benjamin Lucas, Sandrine Rousseau, Clémentine Autain, Hendrik Davi et Danielle Simonnet - les trois derniers sont d’anciens «frondeurs» de LFI -, ainsi que les élus réunionnais Karine Lebon, Emeline Kbidi et Frédéric Maillot. Faisant grimper le total à 80 signatures. Ce samedi, les députés LFI seront dans la rue pour dénoncer «le coup de force d’Emmanuel Macron».
🔴⚡️ Nous avons déposé la proposition de résolution pour destituer le Président de la République.
— La France Insoumise #NFP à l'Assemblée (@FiAssemblee) September 4, 2024
81 signatures de 3 groupes parlementaires, + de 212 000 signatures populaires de la pétition en ligne !
Continuez à signer sur : https://t.co/7zbcMfDWVx#MarcheDestitution pic.twitter.com/CuXM35dIpB
Avant de quitter Matignon, Attal se livre au «Figaro». Alors que le nom du nouveau Premier ministre se fait encore attendre, le sortant a défendu son bilan auprès du Figaro. Au quotidien, son cabinet admet «une frustration» à avoir ainsi été «fauché par la dissolution» mais Attal explique que «ces huit mois ont été ceux des promesses tenues». Avant de partir, le président du groupe «Ensemble pour la République» assure qu’il laissera sur le bureau de son successeur plusieurs projets de loi qui sont prêts à être défendus devant le Parlement. «Ces textes sont prêts, nous avons lancé ces chantiers. C’est désormais au prochain gouvernement qu’il appartiendra de transformer l’essai», lance-t-il.
David Lisnard dit «ne rien attendre». Le maire de Cannes, dont le nom commence à revenir avec insistance pour Matignon, a expliqué auprès de l’Humanité qu’il «n’attendait rien». Lisnard voit dans la rumeur le concernant «une bulle médiatique». «Je ne pense pas que cette hypothèse se présente», a-t-il par ailleurs affirmé à nos confrères de Ouest-France.
En attendant un Premier ministre. Deux sénateurs, le socialiste président de la Commission des finances au Palais du Luxembourg, Claude Raynal, et le LR rapporteur général du Budget, Jean-François Husson, ont tenu une conférence de presse pour donner leur avis sur le contenu des multiples documents budgétaires que leur a envoyé Bercy lundi soir. Ils déplorent tous les deux la nette dégradation des finances publiques dont font état les différentes notes et critiquent le décalage entre les prévisions inscrites dans le programme de stabilité en avril et la réalité quelques semaines plus tard. «Il est largement temps qu’un gouvernement sérieux se remette au travail», estime Claude Raynal tandis que Jean-François Husson pointe «la nécessité d’adopter enfin une politique budgétaire crédible et sérieuse, autre chose que des annonces sans lendemain non suivies d’effet.» Les deux s’opposent à l’hypothèse étudiée par Matignon de repousser de quelques jours la présentation du projet de loi de finances pour l’an prochain, qui, c’est écrit dans la loi organique, doit avoir lieu le premier mardi d’octobre. «La situation budgétaire est suffisamment critique pour ne pas ajouter de l’incertitude à l’incertitude. On ne peut pas sans arrêt bidouiller», considère Claude Raynal.
Qui censure qui ? Dans le cadre des consultations en vue d’une nomination d’un Premier ministre, chaque parti y va de ses conditions. Et n’hésite pas à brandir la menace d’une motion de censure. Tour d’horizon.
Checknews
David Lisnard, un outsider crédible ? Mercredi après-midi, le camp présidentiel a mis l’hypothèse David Lisnard sur la table. D’autant que selon plusieurs sources macronistes, le président de l’Association des maires aurait fait des offres de services. Le maire de Cannes pourrait par ailleurs bénéficier d’une plus grande bienveillance de la part des députés d’extrême droite. Car si le RN s’oppose frontalement à une nomination de Xavier Bertrand, le parti lepéniste se montre moins hostile vis-à-vis de l’élu du Sud-Est.
Les 3 raisons de la paralysie politique. Entre Lucie Castets, Bernard Cazeneuve ou encore Xavier Bertrand, les noms pour Matignon défilent depuis plus d’un mois, sans qu’un Premier ministre ne soit désigné. Et pour cause, le président de la République s’est empêtré dans une impasse. Entre déni présidentiel, menaces de censure et repoussoir macroniste, les raisons du blocage sont nombreuses. Décryptage.
A lire :
Macron dans un cul-de-sac. Les atermoiements du chef de l’Etat apparaissent guidés en premier lieu par son intérêt personnel et son incapacité à digérer le fait que le pouvoir s’est largement déplacé au Parlement. Une situation dont le RN ne peut que profiter. Lire le billet de Jonathan Bouchet-Petersen.
Le député écolo Benjamin Lucas demande une commission d’enquête sur le gouvernement démissionnaire. Voilà désormais 44 jours que le gouvernement Attal est chargé des affaires courantes. Une «situation politique inédite» pour le député écologiste Benjamin Lucas et qui soulève de nombreuses questions. «Qu’en est-il de la séparation des pouvoirs quand des ministres cumulent cette fonction avec un mandat parlementaire ?», «Qu’en est-il de la légitimité d’un gouvernement démissionnaire qui agit comme un gouvernement classique ?» interroge l’élu des Yvelines. Pour que des réponses soient apportées à ces interrogations, Benjamin Lucas demande la tenue d’une commission d’enquête pour «établir si les pouvoirs publics ont été organisés convenablement depuis les dernières élections législatives».
Depuis de longues semaines nos institutions sont bloquées et un gouvernement démissionnaire dirige le pays avec une légitimité qui interroge.
— Benjamin LUCAS (@Benjam1Lucas) September 4, 2024
Je propose que l’Assemblée joue son rôle de contrôle et formule des propositions pour empêcher la reconduction de cette situation. pic.twitter.com/8f0mwEZd8G
Le RN censurerait Bertrand et Cazeneuve. Selon BFM, Marine Le Pen a prévenu mardi soir Emmanuel Macron que le groupe RN à l’Assemblée censurerait le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand et l’ancien socialiste Bernard Cazeneuve si l’un ou l’autre était nommé Premier ministre.
Lucie Castets réfute avoir touché de l’argent de la part du NFP. Selon un article de Marianne publié ce mardi, l’entourage de Lucie Castets aurait établi un devis de 51 000 euros au Nouveau Front populaire dans le but faire fonctionner son équipe. «Depuis ma désignation le 23 juillet, ni moi ni personne de mon équipe n’avons touché le moindre euro de la part du Nouveau Front populaire», s’est défendue la haute fonctionnaire sur le réseau social X. «Une estimation budgétaire avait été proposée en juillet par le NFP, elle n’a jamais été mise en œuvre. Les centaines d’heures de préparation, de réunions et de déplacements ont été réalisées à titre bénévole», écrit-elle également.
⚪ Clarification
— Lucie Castets (@CastetsLucie) September 4, 2024
Depuis ma désignation le 23 juillet, ni moi ni personne de mon équipe n’avons touché le moindre euro de la part du Nouveau Front populaire.