En résumé :
- En parallèle de la constitution de son gouvernement, Michel Barnier mène ce mardi une tournée auprès des groupes parlementaires du centre et de droite, dont le soutien n’est pas totalement acquis. Le Premier ministre était attendu à 19 heures à Rosny-sur-Seine (Yvelines), en clôture de la journée parlementaire des députés Ensemble pour la République (EPR, ex-Renaissance) et de leurs collègues sénateurs. Un premier test pour le nouveau locataire de Matignon, qui doit s’assurer des appuis suffisants au Parlement avant la bataille du budget.
- Devant les représentants du groupe Liot, lundi, Michel Barnier aurait admis qu’il est à Matignon «en CDD et que la durée serait peut-être courte» s’il ne trouvait pas de majorité pour le soutenir.
- Pour retrouver toutes les infos politiques de la journée de lundi, c’est par ici.
Emmanuel Macron de retour sur le terrain, pour inaugurer une usine Sanofi. Pour sa première sortie de terrain depuis la dissolution de l’Assemblée et le séisme politique qui a suivi, le président de la République s’est rendu ce mardi à Neuville-sur-Saône (Rhône-Alpes), près de Lyon, sur le site d’une future usine de vaccins et biomédicaments du groupe français Sanofi. Le chef de l’Etat est arrivé seul à 16h45. Aucun ministre ne l’accompagnait, Michel Barnier poursuivant ses consultations. Emmanuel Macron a promis d’être plus en retrait après la défaite de son camp aux législatives et la nomination d’un Premier ministre de droite. Absorbé ces dernières semaines par la crise politique, il n’a effectué que des déplacements mémoriels, liés au 80e anniversaire du Débarquement en Normandie et à la Libération de la France du joug nazi. Il sera d’ailleurs jeudi au Havre, pour les commémorations des 80 ans de la Libération de la ville, sur les terres du désormais prétendant à l’Elysée, Edouard Philippe.
Face à Michel Barnier, les députés macronistes ne savent pas sur quel pied bosser. Le nouveau locataire de Matignon n’a pas à craindre de jets de tomates cerises pour son «apéritif républicain» avec les députés macronistes ce mardi à 19 heures. C’est un groupe Ensemble pour la République (EPR, nouveau nom de Renaissance) mou comme une motte de beurre hors du frigo qui accueille le Premier ministre choisi par Emmanuel Macron après deux mois de crise politique. Malgré les «lignes rouges» brandies par son aile gauche, le groupe macroniste à l’Assemblée nationale ne compte majoritairement pas rendre la vie trop dure à Michel Barnier. A lire ici.
Invités à Matignon, les socialistes refusent toute rencontre avant la déclaration de politique générale. Le nouveau Premier ministre Michel Barnier, qui fait le tour des partis politiques pour tenter de former son gouvernement, a contacté le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, et le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud, lundi après-midi, selon l’entourage d’Olivier Faure à Libération. Et même si le nouveau locataire de Matignon a affirmé vouloir élargir son futur gouvernement à des personnalités de gauche, les socialistes ont confirmé qu’il faudra faire sans eux. Une évidence. Les chefs de file du PS ont fait savoir à Barnier qu’ils refuseraient toute rencontre avant la déclaration du politique générale.
…LFI n’a pas reçu d’invitation à Matignon. Le coordinateur national de LFI, Manuel Bompard, a affirmé ce mardi sur France 2 ne pas avoir reçu d’invitation à Matignon – contrairement aux communistes – et a laissé entendre que sa formation n’irait de toute façon pas rencontrer le Premier ministre. «On parlerait avec mes collègues, mais il me semble en tout cas que d’abord, notre volonté est effectivement de le renverser», a-t-il expliqué. Il a confirmé que la gauche déposerait une motion de censure sans attendre, dès l’ouverture de la session parlementaire début octobre, s’il n’y a pas de session extraordinaire en septembre. Manuel Bompard, de toute façon, «ne croit pas» qu’une personnalité de gauche rentrera dans un gouvernement «qui s’inscrit clairement dans une orientation dans la continuité du macronisme et encore plus à droite sans doute». Le socialiste Jérôme Guedj, quant à lui, a fait savoir sur LCI qu’il n’irait pas. Le gouvernement Barnier est «clairement LR», ce qui est «une anomalie démocratique» au regard des 6,5 % obtenus par cette formation aux législatives, selon lui.
Les communistes reçus par Michel Barnier le 17 septembre… Les dirigeants communistes seront reçus le 17 septembre par Michel Barnier, a fait savoir ce mardi Fabien Roussel, qui se dit «sans illusion» sur la politique du Premier ministre que la gauche tentera de censurer dès début octobre. «Nous allons lui dire ce pour quoi nous nous battons», a averti sur Europe 1 et CNews le secrétaire national du PCF, citant «l’abrogation de la réforme des retraites», «l’indexation des salaires sur l’inflation», «la hausse du smic» et «l’investissement dans les services publics». Le leader communiste s’est cependant dit «sans illusion» sur Michel Barnier, «qui a cinquante ans de vie politique et n’a jamais rien fait de social dans notre pays».
Interview
Assistants fictifs du RN : quand Louis Aliot défend Jordan Bardella… par un silence gênant et gêné. Lundi, Libé publiait une longue enquête sur les faux documents de Jordan Bardella dans l’affaire des emplois fictifs du RN au Parlement européen. Ce mardi matin, sur le plateau de Bruce Toussaint sur TF1, le vice-président du parti d’extrême droite, Louis Aliot, a forcément été interrogé sur le sujet et c’est peu dire que sa réponse n’arrange pas la défense. Le maire de Perpignan et ancien dircab de Jean-Marie Le Pen s’en est d’abord pris à Libération, qualifié de journal de «police politique». Puis, arrivant à court d’arguments et interrogé sur la véracité des documents produits par l’actuel président du RN, Aliot a laissé planer malgré lui un silence de plusieurs secondes. Ça sentait la gêne à plein nez. Du coup, l’élu lepéniste a fini par tenter l’esquive en expliquant que l’Humanité avait collaboré avec les nazis. Deux réflexions : 1) il est toujours amusant de voir un élu d’un parti fondé par des anciens SS parler du nazisme des autres ; et 2) on n’a toujours pas compris le rapport avec l’enquête de Libé.
Enquête
Ramener le déficit à 3 % en 2027 est «impossible» dans la «situation politique actuelle». En France ramener le déficit public à 3 % du PIB d’ici à 2027 est «impossible» dans la «situation politique actuelle» au vu des efforts «démesurés» que cela demande, a jugé mardi le rapporteur général du budget, Charles de Courson (groupe Liot). «Je pense que dans la situation politique actuelle, il est impossible de revenir aux 3 %, qui est notre engagement en 2027», a expliqué sur RMC le rapporteur général du budget, jugeant que «les efforts sont complètement démesurés au regard de la composition de l’Assemblée nationale».
Profil
Piste d’un retour du ministère de l’Immigration : les macronistes en voient de toutes les couleuvres. Voilà qui paraît plus sage. Matignon a réfuté lundi 9 septembre au soir toute «réflexion» sur la création d’un ministère de l’Immigration, comme l’avait rapporté France Info. Michel Barnier «se méfie des effets d’annonce et veut traiter avec sérieux le sujet de l’immigration», promet son entourage. De quoi soulager certains macronistes qui, pas ravis de la nomination du LR, se voyaient déjà resservir une louche de seum. «Ça dépend de ce que vous mettez dedans. Mais si c’est pour ressusciter l’identité nationale et Brice Hortefeux, c’est sûr que ça ne va pas aller», nous textotait lundi après-midi un député EPR. Par Laure Equy et Chez Pol
Deux députés membres du groupe macroniste migrent chez Edouard Philippe. Les législatures se suivent et se ressemblent un peu pour les macronistes, de moins en moins nombreux après chaque législative et qui perdent des troupes à mesure que les semaines passent. Ce coup-ci, il n’a pas fallu attendre bien longtemps après les élections pour que le groupe du camp présidentiel connaisse ses premiers départs. Ainsi a-t-on appris lundi, confirmé officiellement au Journal officiel ce mardi matin, que deux députés membres du groupe macroniste EPR (Ensemble pour la République), Charlotte Parmentier-Lecocq et Xavier Roseren, rejoignaient Horizons. Ce groupe réunit les partisans d’Edouard Philippe à l’Assemblée nationale alors que ce dernier a officialisé sa candidature à la présidentielle. Parmentier-Lecocq, macroniste historique depuis 2017 et ex-présidente de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée, a annoncé sa décision dans un communiqué, estimant que les Français ont exprimé aux dernières législatives un message pour plus de «justice au sens régalien», de «justice sociale par la valorisation du travail et la lutte contre les inégalités de destin», et qu’«Horizons mène un travail approfondi sur ces sujets». Dans sa quête de l’Elysée, le maire du Havre pourra désormais compter sur 33 partisans au Palais-Bourbon, avec également Roseren. Le groupe présidé par Attal compte désormais 97 membres après ces départs, dont 12 apparentés. «Ce n’est pas du tout lié à l’actualité politique», a insisté Roseren, contacté par l’AFP. Comme Parmentier-Lecocq, il met en avant la place dévolue aux «élus locaux» au sein d’Horizons pour justifier sa décision, et estime que «le précédent mandat a démontré l’urgence de clarifier nos engagements et de mettre fin au parisianisme politique». Par Sébastien Tronche et Chez Pol
Défilé
Matignon dément vouloir le retour d’un ministère de l’Immigration. Le Premier ministre Michel Barnier n’envisage pas de créer un ministère spécifiquement dédié à l’Immigration, a affirmé lundi soir Matignon, interrogé sur une «réflexion en cours» en ce sens rapportée par France Info. Le chef du gouvernement «se méfie des effets d’annonce et veut traiter avec sérieux le sujet de l’immigration», ont fait valoir ses services. «Sur la méthode, comme sur les contours de cette politique très importante pour les Français, il réfléchit aux moyens les plus efficaces pour obtenir des résultats», a-t-on ajouté. Un peu plus tôt, France Info avait affirmé que Michel Barnier réfléchissait «au retour d’un ministère de l’Immigration», un intitulé qui n’existe plus au sein du gouvernement depuis 2010 et Nicolas Sarkozy. Le ministère de l’Immigration – et de «l’Identité nationale», selon l’intitulé de l’époque – avait été créé en 2007. Ses deux titulaires ont été les inénarrables Brice Hortefeux puis Eric Besson.