En résumé :
- Les 577 députés élus le 30 juin et le 7 juillet commencent à siéger ce jeudi 18 juillet. En début de soirée, ils ont réélu Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée nationale, à la majorité relative et après trois tours de scrutin.
- Avec 220 voix, la sortante ne devance que de 13 voix le candidat du Nouveau Front populaire, le communiste André Chassaigne, qui en a obtenu 207. Le RN Sébastien Chenu a récolté 141 suffrages.
- La patronne des écologistes Marine Tondelier s’est dite «écœurée» par cette guerre de leadership mercredi. Elle a jugé sur France 2 que «si certains n’ont pas envie (de gouverner), ils vont devoir l’assumer», exhortant ses partenaires à se remettre à la table des négociations. «Aucun canal de discussion n’est rompu», a tenté de rassurer Olivier Faure.
- Retrouvez l’ensemble des résultats par circonscription du second tour des élections législatives 2024 sur le site de Libération. Pour revivre les développements de la journée de mercredi, c’est ici.
Emmanuel Macron a félicité Yaël Braun-Pivet pour sa réélection à la présidence de l’Assemblée nationale, saluant sa «responsabilité républicaine». «Tous ceux qui vous connaissent savent que vous veillerez au respect de la pluralité des opinions et à l’expression de la diversité des sensibilités. En responsabilité républicaine», a déclaré sur X le chef de l’Etat, qui avait dit vouloir attendre la structuration de la nouvelle Assemblée avant de se prononcer sur la formation d’un nouveau gouvernement, et qui voit donc une membre de son camp accéder au perchoir malgré sa défaite aux élections législatives anticipées.
Félicitations pour votre élection, chère @YaelBraunPivet. Présidente de notre Assemblée nationale, tous ceux qui vous connaissent savent que vous veillerez au respect de la pluralité des opinions et à l’expression de la diversité des sensibilités. En responsabilité républicaine.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) July 18, 2024
Ce qu’il ne fallait pas rater de la journée à l’Assemblée en vidéo. Un député qui n’a pas pu voter lui-même, un chifoumi et beaucoup de vents : ce qu’il ne fallait pas rater de la réélection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée nationale.
La droite se targue du «barrage» face à Chassaigne. Les ex-troupes LR trompettent sur les réseaux - ils sont peu nombreux à passer dans les couloirs - leur «responsabilité» d’avoir voté pour Braun-Pivet, empêchant ainsi une victoire du communiste André Chassaigne. «Nous évitons une présidence issue de l’extrême gauche pour la France», écrit par exemple Eric Pauget, élu des Alpes-Maritimes, sur X. Le comble, pour un parti dont l’écrasante majorité des élus sortants ont affronté un candidat RN au second tour, et ont bénéficié, pour gagner, d’un front républicain d’électeurs de gauche. Par Victor Boiteau
Mélenchon fustige un «coup de force» avec le «vote illicite de ministres». Colère du leader insoumis, comme tout son camp. Sur X, Jean-Luc Mélenchon dénonce un «coup de force» à l’Assemblée après la réélection de Yaël Braun-Pivet. «Une ligne rouge est franchie avec le vote illicite de ministres», pointe-t-il. Il appelle Emmanuel Macron à «se ressaisir et nommer Premier ministre du Nouveau Front populaire» - encore faudrait-il se mettre d’accord sur le ou la candidate de gauche pour Matignon.
Le vote à l'Assemblée est le nouveau coup de force d'une clique prête à tout pour garder tous les pouvoirs. Une ligne rouge est franchie avec le vote illicite de ministres. Le système démocratique tout entier est mis en cause. Le Président doit se ressaisir et nommer un Premier…
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) July 18, 2024
Une rare députée macroniste en colère dans les couloirs de l’Assemblée. Stella Dupont, membre de l’aile gauche de l’ex-majorité, pousse un coup de gueule contre les partis du NFP. «Quand on est en tête, on cherche à discuter et construire. Quand il manque 100 députés [pour avoir la majorité], rien n’est possible. Ils sont restés recroquevillés jusqu’au bout alors que des gens comme moi sont prêts à discuter et travailler. Qu’ils tiennent une ligne du scrutin volé est une facilité, en dessous de tout. Que les socialistes soient sur cette ligne, ça me désole. Il sont passés à côté de leurs responsabilités.» Dupont, qui souhaitait un temps créer un groupe social-démocrate indépendant, ne se satisfait pas du deal passé avec la droite pour garder le perchoir. «Le centre ne peut pas gouverner avec la droite uniquement. Il faut trouver des chemins avec le PS, les écologistes et les communistes.» Par Jean-Baptiste Daoulas
Marc Fesneau refuse le «ni-RN ni-LFI» à l’Assemblée. «Très heureux» de l’élection de Yaël Braun-Pivet, le président du groupe Modem (et encore ministre de l’agriculture) Marc Fesneau évoque «une majorité qui ne souffre pas d’ambiguïté». Il se démarque toutefois une fois de plus de ses alliés macronistes en appelant à faire une place au RN et à la France insoumise dans les instances de l’Assemblée, alors que le groupe EPR veut en exclure les deux formations. «On a besoin de trouver des modalités de gouvernance qui respectent les uns et les autres dans leur choix», n’en démord pas Fesneau. Les postes de questeurs et vice-présidents seront répartis ce vendredi. Par Jean-Baptiste Daoulas
«Les magouilles ont volé le résultat du 7 juillet», fustige Mathilde Panot. La présidente du groupe insoumis à l’Assemblée dénonce «une victoire qui résonne comme un échec» pour les macronistes. «Il y a 13 voix d’écart», dit-elle, pointant le vote des 17 ministres qui gèrent les affaires courantes. «Il est inconcevable dans une démocratie que les ministres-députés votent pour sauver la présidente de l’Assemblée», dénonce l’insoumise, pointant que «le NFP aurait gagné la présidence de l’Assemblée» s’ils s’étaient abstenus. «Nous sommes le premier bloc politique», insiste l’insoumise, pour qui «les magouilles ont volé le résultat du 7 juillet».
Pour le président du groupe Horizons, exclure des groupes du fonctionnement de l’Assemblée serait «une erreur fatale». En faisant applaudir André Chassaigne et Sébastien Chenu, la nouvelle présidente de l’Assemblée nationale a-t-elle voulu signifier qu’elle souhaiterait voir tous les groupes représentés aux postes clés qui seront répartis vendredi ? Une prise de distances avec la ligne ni RN-ni LFI dans la représentation du bureau de la maison, qu’a fixé son groupe Ensemble pour la République, lundi à la quasi-unanimité ? Sans répondre à cette question, Laurent Marcangeli, président du groupe Horizons, souhaite voir tous les groupes monter à bord. «On commettrait une erreur fatale pour la démocratie si on excluait des groupes du mode de fonctionnement de l’Assemblée», prévient-il dans la salle des quatre colonnes à l’issue de la séance. Par Laure Equy
Pour Jean-René Cazeneuve, l’alliance pour réélire Braun-Pivet est une première étape vers une coalition. À quelques pas des tauliers du NFP qui crient au vol, le rapporteur général du budget sortant Jean-René Cazeneuve (EPR) s’en prend au «message lancinant de LFI qui remet toujours en cause nos institutions». Comme ses collègues macronistes, il considère que le résultat de l’alliance avec la droite pour faire élire Braun-Pivet est un premier pas pour former une coalition plus large autour du bloc central : «Une alliance avec les LR ne suffit pas. Ça nous permet d’être plus nombreux que le NFP mais en aucune manière cela apporte de la stabilité pour les trois prochaines années», insiste-t-il, appelant le PS à «se détacher de LFI». Par Jean-Baptiste Daoulas
L’écolo Cyrielle Chatelain inquiète du «lien de confiance» avec les Français. «Ce qui vient de se passer ne va pas aider» à «recréer le lien de confiance» avec «les Français», lance à son tour la présidente du groupe écologiste et social, Cyrielle Chatelain. Pour la députée de l’Isère, «les soutiens du Président refusent d’entendre ce simple mot : pas d’extrême droite au sein des institutions» et «s’accrochent par des petits deals de pouvoir». «Le Nouveau Front populaire n’a jamais été aussi fort. Nous sommes 200, nous sommes unis, martèle-t-elle. Nous allons nous battre, semaine après semaine [...] pour avoir ce gouvernement qu’attendent les Français.»
André Chassaigne dénonce «un vote volé par une alliance contre-nature». Le candidat malheureux du NFP au Perchoir a d’abord fait part de sa «fierté d’avoir mené ce combat uni». «Nous avons défendu nos couleurs, nos programmes, avec honnêteté», a dit le député communiste du Puy-de-Dôme. Puis il s’est fait offensif. A travers la reconduction de Yaël Braun-Pivet à la tête de l’Assemblée, avec les voix de la droite et en dépit du résultat de la macronie aux législatives, il voit «un vote qui a été volé aujourd’hui par une alliance contre-nature.»
Face à l’Assemblée divisée, Braun-Pivet appelle à «dialoguer et avancer». Toisant cet hémicycle, éparpillé façon puzzle, qui l’a élue d’un cheveu, Braun-Pivet doit bien constater que l’Assemblée nationale est «plus divisée que jamais» et rappelle à ses collègues leur «immense responsabilité du fait que nous n’avons pas le choix». «Nous devons être capables de dialoguer et d’avancer, demande-t-elle. Vous me trouverez tous à vos côtés pour le faire, pour tracer le nouveau chemin que l’Assemblée nationale doit emprunter.» Parlant sans note, la nouvelle présidente fait applaudir ses concurrents : «cette élection m’oblige plus que jamais», conclut-elle. Par Laure Equy
Une «immense responsabilité» pour la présidente réélue de l’Assemblée, ambiance électrique dans l’hémicycle. « Nous avons une immense responsabilité, déclame Yaël Braun-Pivet au début de son discours de victoire. Si nos compatriotes sont allés si nombreux aux urnes, c’est qu’ils ont compris que la démocratie est un bien précieux, ils ont compris qu’il y avait des enjeux majeurs, et que les hommes et femmes politiques que nous sommes peuvent avoir des impacts directs sur leur vie. » L’ambiance dans l’hémicycle est électrique. Quelques cris viennent de députés insoumis. « Ils n’ont pas voté pour vous, les Français », crie Sophia Chikirou avant de quitter l’hémicycle. Par Jean-Baptiste Daoulas
« Celui qui refuse de négocier se prive de la possibilité de gouverner », pique signée Pannier-Runacher. Leçon tirée par la ministre Agnès Pannier-Runacher de l’échec du Nouveau Front populaire, bloc le plus nombreux mais vaincu aujourd’hui : «Celui qui refuse de négocier se prive de la possibilité de gouverner.» Cette membre de l’aile gauche de Renaissance appelle - sans surprise - à une grande coalition : «Nous sommes condamnés à nous mettre d’accord et à trouver des compromis.» Par Jean-Baptiste Daoulas
La présidente sortante, Yaël Braun-Pivet, va retrouver le perchoir. 13 petites voix de marge, mais elles auront suffi. Après trois tours de vote, la macroniste Yaël Braun-Pivet a été réélue présidente de l’Assemblée nationale. Elle a réuni 220 voix, contre 207 pour le communiste André Chassaigne et 142 pour le RN Sébastien Chenu.
Attente inquiète. Dans la salle des Pas perdus, les députés attendent pour passer en duplex en rang d’oignons sur les chaînes d’info en continu. Un député EPR (pourtant là sous la législature précédente) anxieux: «est-ce que ça passe? J’en sais rien! On les connaît au moins ces Liot? Ils sont totalement imprévisibles, non?» Par Laure Equy
Le groupe Liot à la dérive. «Chez nous, on ne donne pas de consigne. De toute façon, personne les tient», commente un conseiller parlementaire du groupe Liot désabusé, qui se demande pourquoi De Courson a perdu six voix entre le premier et le deuxième tour. «Il aurait fallu les fixer sur Charles jusqu’au bout». Si même Liot part à vau-l’eau... Par Laure Equy
Vote terminé. Avec un bon quart d’heure sur le déroulé prévisionnel, le troisième tour pour élire la nouvelle présidence de l’Assemblée nationale vient de s’achever. L’heure est au dépouillement. Qui de la sortante et macroniste Yaël Braun Pivet, le communiste André Chassaigne ou du RN Sébastien Chenu pour siéger au perchoir ? Les résultats seront connus «vers 20h40», annonce l’élu RN José Gonzalez, le doyen des députés qui préside la séance.
Pas de consigne de vote pour Liot, mais Charles de Courson estime qu’une réélection de Braun-Pivet serait «un déni de démocratie». Après le deuxième tour, Charles de Courson (Liot) et ses 12 voix se sont retirées. Mais sans donner de consigne. «Il s’agit de laisser chaque élu sans choix de vote, car c’est aussi l’ADN de notre groupe», explique Séphane Lenormand, président du groupe Liot, dans la salle des Quatre colonnes. Mais, dans la foulée, Charles de Courson ajoute : «Lorsqu’on interrogera les Français sur leur perception d’un troisième tour aboutissant à la réélection de la présidente sortante qui représente un courant politique qui a connu un grave échec tant aux Européennes qu’aux Législatives, beaucoup de nos concitoyens vont se poser la question du déni de démocratie.» Avant de conclure : «Comment voulez-vous que les citoyens aient encore confiance dans le système démocratique ?» Par Damien Dole
"Beaucoup de nos concitoyens vont se poser la question du déni de démocratie", estime @C_deCourson à propos de la possible "réélection de la présidente sortante qui représente un courant politique ayant connu un grave échec tant aux Européennes qu'aux Législatives". #DirectAN pic.twitter.com/x6MYwWaHA7
— LCP (@LCP) July 18, 2024
L’hémicycle applaudit le député Sébastien Peytavie. Pour ce scrutin à la tribune, où chaque député doit grimper quelques marches, l’élu écologiste de Dordogne Sébastien Peytavie, en fauteuil, doit remettre son bulletin à un huissier, qui se charge de glisser l’enveloppe dans l’urne. Pour le troisième tour, Peytavie a réclamé avec succès que l’urne soit descendue, suscitant des applaudissements de tous les camps. «Une institution encore incapable d’adapter le vote pour les personnes handicapées. La maison du peuple, vous dites ?», avait-il écrit sur X plus tôt dans l’après-midi.