En résumé :
- Le Nouveau Front populaire a choisi de présenter la haute-fonctionnaire de 37 ans Lucie Castets, «engagée dans les luttes associatives pour la défense et la promotion des services publics», comme Première ministre. Les partis l’ont annoncé ce mardi soir dans un communiqué.
- Laurence Tubiana, dont le nom avait été avancé pour Matignon par les socialistes, les écologistes et les communistes, avait annoncé son retrait lundi 22 juillet. L’économiste a considéré que son nom ne faisait pas consensus au sein de l’alliance.
- Emmanuel Macron s’est exprimé au sujet de cette proposition ce mardi soir lors d’une interview accordée à France 2, France Inter et franceinfo. Le président de la République a balayé le nom de Lucie Castets. «Le sujet n’est pas un nom donné par une formation politique», a-t-il dit.
Plus d’excuse, Monsieur le Président, vous devez nommer Lucie Castets à Matignon. En proposant une candidature commune pour le poste de Premier ministre, les forces du Nouveau Front populaire enlèvent à Emmanuel Macron un argument servant sa tentative de contournement du résultat des urnes. A lui d’être enfin à la hauteur du moment, même si mardi soir il a poursuivi son opération dilution. Lire le billet de Jonathan Bouchet-Petersen.
Qui est Lucie Castets, énarque et responsable associative proposée par le Nouveau Front Populaire pour Matignon ? Après les premières tentatives d’Huguette Bello et de Laurence Tubiana, respectivement rejetées par le PS et LFI, c’est une troisième femme, peu connue du grand public et issue de la société civile, qui a finalement fait consensus au sein de l’alliance de gauche. Lire son profil.
Manon Aubry dithyrambique sur Lucie Castets. Selon l’eurodéputée de la France Insoumise, la haute-fonctionnaire de 37 ans proposée par le Nouveau Front populaire au poste de Première ministre «saura aller chercher l’argent là où il est pour financer nos services publics». Sur X, Manon Aubry indique notamment avoir «bataillé avec elle contre la fraude fiscale».
🔥🔥 On l'a fait ! Au nom des 4 organisations du #NouveauFrontPopulaire, nous vous proposons la nomination de Lucie Castets comme 1ère ministre.
— Manon Aubry (@ManonAubryFr) July 23, 2024
Ayant bataillé avec elle contre la fraude fiscale, je peux vous garantir qu'elle saura aller chercher l'argent là où il est pour… pic.twitter.com/PkRg9vDnde
La Une de Libération mercredi 24 juillet.
La gauche propose Lucie Castets pour Matignon : un nom... mais non.
— Libération (@libe) July 23, 2024
C'est la une de @Libe mercredi. pic.twitter.com/wW6wRjtVYl
Macron «veut nous imposer de force son front républicain», accuse Jean-Luc Mélenchon. Pour le leader insoumis, Le président Macron, qui a rejeté mardi la proposition de la gauche de nommer sa candidate Lucie Castets à Matignon, «veut nous imposer de force son nouveau Front républicain et nous obliger à renoncer à notre programme pour faire une alliance avec lui. Il n’en est pas question», a dénoncé Jean-Luc Mélenchon, alors qu’Emmanuel Macron venait d’exhorter les forces politiques du front républicain anti-RN à faire «des compromis» et de juger que la gauche n’a «pas de majorité» à l’Assemblée.
Pour Marine Le Pen, le discours d’Emmanuel Macron est «indigent». Sur le réseau social X, la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale tacle le chef de l’Etat. «Le commentateur en chef Emmanuel Macron est venu nous dire que ‘ce n’est pas bien de priver le RN de postes’ et qu’il serait bien de créer un parti unique de LFI à LR en passant par la macronie pour gouverner. Et bien sûr que rien n’est de sa faute… c’est tout de même indigent», écrit-elle.
«Le déni est la pire des politiques», tacle Olivier Faure. En réaction à l’interview d’Emmanuel Macron, le Premier secrétaire du Parti socialiste estime que «le Front républicain n’est pas un programme, mais un réflexe démocratique». «E. Macron tente un détournement coupable. Quand on convoque des élections au risque du chaos, on en respecte le résultat. Le déni est la pire des politiques. Celle qui conduit à la politique du pire», a-t-il écrit sur le réseau social X.
«La France n’a pas l’exclusivité», dit Emmanuel Macron. Emmanuel Macron affirme «prendre sa part» de responsabilité sur la montée de l’extrême droite et assure avoir compris les messages des électeurs : «Les Français nous ont dit ‘‘nous voulons plus de sécurité‘’, ‘‘nous avons des difficultés à accéder aux services publics’’ et ‘‘on ne vit pas assez bien du travail’’», a analysé le chef de l’Etat. «La France n’a pas l’exclusivité» de la montée du populisme a-t-il encore estimé, «un phénomène qui dit le malaise des sociétés occidentales notamment européennes».
Lucie Castets réagit publiquement pour la première fois.
C’est avec détermination et responsabilité que j’accepte la proposition du Nouveau Front Populaire.
— Lucie Castets (@CastetsLucie) July 23, 2024
La gauche est arrivée en tête, elle est appelée à gouverner.
J’y mettrai toute mon énergie et ma conviction. pic.twitter.com/WCLyFx27Dd
Emmanuel Macron ne nommera pas de gouvernement avant la mi-août. Le Président estime ne pas être en mesure «actuellement de changer les choses» alors que les Jeux Olympiques démarrent. «De manière évidente, jusqu’à la mi-août, on doit être concentré sur les Jeux. Et puis à partir de là, en fonction de l’avancée de ces discussions, ce sera ma responsabilité de nommer un Premier ministre ou une Première ministre et lui confier la tâche de constituer un gouvernement et d’avoir le rassemblement le plus large qui lui permette d’agir et d’avoir la stabilité», a dit le chef de l’Etat sur France 2, France Inter et franceinfo.
Le chef de l’Etat reconnaît la défaite de son parti aux législatives. Interrogé sur France 2 sur les leçons qu’il tire des élections législatives, Emmanuel Macron reconnaît l’échec de la macronie : «La majorité sortante a perdu ces élections mais personne n’a gagné», dit-il, rappelant que le parti arrivé en tête était le RN. Il a aussi taclé la France insoumise au passage, qui répète vouloir appliquer son «programme, rien que [son] programme». Aucun parti ne peut le faire, estime le Président, qui appelle à «la responsabilité» des formations politiques. «Ces partis doivent faire quelque chose que toutes les démocraties européennes font, qui n’est pas dans notre tradition mais qui est, je le crois, ce que nos compatriotes attendent parce que c’est être à la hauteur du moment et des responsabilités que les Françaises et Français ont données à ces partis : c’est de sortir en quelque sorte de leurs évidences, c’est de savoir faire des compromis.»
Manuel Bompard taille, déjà, Emmanuel Macron. L’interview du président de la République est encore en cours que la gauche le critique déjà. Sur X, Manuel Bompard, député LFI, cingle : «En refusant d’appeler le Nouveau Front Populaire à constituer un gouvernement, Emmanuel Macron efface le résultat des élections législatives. C’est un déni de démocratie insupportable. En France, il n’y a pas de droit de véto présidentiel quand le peuple s’exprime.»
En refusant d'appeler le Nouveau Front Populaire à constituer un gouvernement, Emmanuel #Macron efface le résultat des élections législatives. C'est un déni de démocratie insupportable.
— Manuel Bompard (@mbompard) July 23, 2024
En France, il n'y a pas de droit de véto présidentiel quand le peuple s'exprime.
«Le sujet n’est pas un nom donné par une formation politique», dit Emmanuel Macron. Interrogé sur France 2 au sujet de Lucie Castets, Emmanuel Macron botte en touche. «Le sujet n’est pas un nom donné par une formation politique […]. La question c’est quelle majorité peut se dégager à l’Assemblée pour qu’un gouvernement de la France puisse passer des réformes, passer un budget, et faire avancer le pays.»
Lucie Castets était sur la liste de Nicolas Mayer-Rossignol aux régionales en 2015. Désignée par le Nouveau Front populaire ce mardi soir, Lucie Castets n’est pas une politique très expérimentée. A 28 ans, la haute-fonctionnaire était sur la liste du socialiste Nicolas Mayer-Rossignol aux régionales de 2015 dans le Calvados, en Normandie. Certains poussaient aussi pour que l’énarque se présente aux dernières législatives, mais l’intéressée a refusé.
L’interview d’Emmanuel Macron commence. Le président de la République a commencé à être interviewé par les journalistes de France 2 et de France Inter. Pour l’instant, Emmanuel Macron n’a été interrogé que sur les Jeux olympiques et la dissolution. Mais le nom de Lucie Castets devrait être rapidement évoqué.
Jean-Luc Mélenchon demande à Emmanuel Macron de nommer Lucie Castets à Matignon. «La proposition de Lucie Castets pour le mandat de Premier ministre est une confirmation de la capacité du Nouveau Front Populaire de se porter à la hauteur des circonstances dans le respect des engagements pris auprès des femmes et des hommes qui l’ont placé en tête des votes», se félicite sur X Jean-Luc Mélenchon. Le patron de LFI demande au «Président de la République» de ne «plus tergiverser» : «Il doit la nommer et respecter les règles de la démocratie. Le pays est impatient de voir sa décision s’appliquer !»
Lucie Castets a été contactée par le NFP lundi. D’inconnue du grand public à potentielle Première ministre en un coup de fil ? A l’AFP, Lucie Castets assure avoir été contactée lundi par le Nouveau Front populaire et avoir «accepté la proposition» après s’être entretenue avec les quatre chefs de parti.
«Si elle était en charge des finances de Paris, ça me rassure moyen» : sur Castets, la macronie a trouvé son angle d’attaque. A quelques minutes de l’interview du président de la République, les éléments de langage du camp Macron sont déjà trouvés pour critiquer Lucie Castets. Plusieurs sources l’attaquent sur l’endettement de la mairie de Paris, dont Castets est actuellement directrice des finances après avoir été conseillère au cabinet d’Anne Hidalgo. «Si elle était en charge des finances de Paris, ça me rassure moyen», ironise une députée Ensemble pour la République (EPR, nouveau label de Renaissance), en allusion à l’endettement de 8,2 milliards de la mairie, en hausse constante depuis 20 ans. «Sa seule expérience politique, c’est d’avoir été conseillère budgétaire d’Hidalgo, et ça n’est guère flatteur», renchérit un conseiller gouvernemental. Par Jean-Baptiste Daoulas
Lucie Castets se dit «crédible et sérieuse». La haute-fonctionnaire et potentielle future Première ministre dit à l’AFP accepter «en toute humilité mais avec beaucoup de conviction» sa candidature à Matignon. Elle estime également être une candidate «crédible et sérieuse» pour ce poste. En cas de nomination, elle assure vouloir porter «l’abrogation de la réforme des retraites» et mener une «grande réforme fiscale pour que chacun, individus et multinationales, paie sa juste part». Elle souhaite également travailler à l’«amélioration du pouvoir d’achat» par la revalorisation des salaires et le relèvement des minima sociaux, ainsi qu’à la «fin de la régression des services publics».
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Mais alors, c’est qui, Lucie Castets ? Haute fonctionnaire engagée pour la défense des services publics, Lucie Castets, 37 ans, a travaillé sur la répression de la fraude fiscale et de la criminalité financière. Actuellement directrice des finances et des achats à la ville de Paris, elle est l’une des figures de proue du collectif «Nos services publics», résolument opposé à la politique du gouvernement sortant pour la fonction publique. «Elle a un parcours professionnel au service de l’Etat et des collectivités territoriales remarquable, avec des engagements forts sur la justice fiscale, la lutte contre l’évasion fiscale», souligne le cofondateur du collectif, Arnaud Bontemps. «C’est une personne très engagée sur l’école, l’hôpital, la justice sociale, ajoute-t-il. Elle va très vite sur des sujets parfois très complexes, elle est très humaine, proche des gens.»