En résumé :
- Après le premier Conseil des ministres post-législatives, mardi à l’Elysée, Emmanuel Macron a accepté la démission de Gabriel Attal en fin d’après-midi. Mais le gouvernement restera un temps en place, notamment pendant la période très sensible des JO, pour gérer «les affaires courantes» le temps d’en former un nouveau.
- Des syndicats, associations et personnalités qui s’étaient mobilisés contre l’extrême droite pendant les législatives ont pressé mardi soir le Nouveau Front populaire (NFP) de se mettre d’accord sur un nom pour Matignon, estimant qu’«il n’y a plus de place pour les ego ou les intérêts partisans». «Ne nous décevez pas», demandent les signataires d’une tribune au Monde.
- Retrouvez l’ensemble des résultats par circonscription du second tour des élections législatives 2024 sur le site de Libération. Pour revivre les développements de la journée de mardi, c’est ici.
Pour mettre la pression sur le PS, des insoumis lancent le hashtag #HuguetteReviens. Les insoumis tentent toujours de faire changer d’avis les socialistes, après leur refus de se rallier à Huguette Bello pour Matignon. «Maintenant que nous avons un candidat unique du NFP au poste de Président de l’AN, faisons le gagner et demandons à Huguette, qui incarne tant de nos combats, de mener un gouvernement du NFP», a insisté ce mercredi soir sur X Sophia Chikirou, accompagnant son message d’un hashtag #HuguetteReviens. «Revenons à cette proposition. Aucune d’autre n’a soulevé tant d’espoir et d’adhésion», a renchéri la députée LFI Claire Lejeune, avec le même hashtag. Et la technique semble même convaincre au-delà du parti. «#HuguetteReviens», a sobrement écrit à son tour Sandrine Rousseau sur X dans la soirée.
Raquel Garrido dépose un recours pour faire annuler l’élection du député LFI Aly Diouara. Aly Diouara avait-il le droit de candidater aux législatives ? C’est la question que devra trancher le Conseil constitutionnel, saisi ce mercredi de deux recours électoraux, l’un par la députée sortante Raquel Garrido, battue par ce dernier, l’autre par une habitante de Drancy. Le candidat du NFP, que la France insoumise avait choisi d’investir à la place de Raquel Garrido est en effet employé par la mairie de Drancy en tant que «responsable du centre de ressources associatives», selon la fiche de poste consultée par Libération.
Après la nomination, la gauche s’affiche unie autour de la candidature d’André Chassaigne. Après l’annonce de la candidature du communiste, plusieurs personnalités du NFP se félicitent de leur choix ce lundi soir. «André Chassaigne incarne mieux que quiconque les valeurs de la République», a réagi Fabien Roussel sur X, affirmant être «fier» du député. «L’envie constructive de faire ensemble l’a emporté», a renchéri Olivier Faure, qui affirme qu’André Chassaigne «sera un excellent président, respecté de tous». De son côté, Mathilde Panot a salué «une étape très importante». «Nous avons retiré nos candidats et je me réjouis de notre candidature unique», a déclaré celle qui avait été proposée par les insoumis pour être présidente de l’Assemblée. Avant d’ajouter : «Nous serons toujours du côté de la solution».
Fier d’André Chassaigne, président du groupe GDR @deputesPCF, désigné par le nouveau Front Populaire pour être le prochain président de l’Assemblée nationale.
— Fabien Roussel (@Fabien_Roussel) July 17, 2024
Le sérieux, la responsabilité, l’engagement.@AndreChassaigne incarne mieux que quiconque les valeurs de la République.
«Nous pouvons gagner», estime André Chassaigne. Entouré des autre prétendants quelques instants après sa nomination, l’heureux élu a affirmé que «le choix final avait été très difficile tant la qualité des différentes candidatures était comparable». Candidat à la présidence de l’Assemblée nationale, le communiste de 74 ans promet qu’en cas d’élection, il aura «le souci d’assurer une présidence fidèle aux quatre groupes du Nouveau Front populaire qui l’ont désigné ainsi qu’à ses idées». «Nous pouvons gagner», a ajouté André Chassaigne, qui promet qu’il maintiendra sa candidature jusqu’au bout.
Le communiste André Chassaigne candidat du Nouveau Front populaire pour le perchoir. Après presque trois jours de discussions, l’union a fini par trancher. Socialistes, insoumis, communistes et écologistes se sont finalement entendus sur la candidature du communiste André Chassaigne pour la présidence de l’Assemblée nationale.
Fumée rouge ! Le candidat du Nouveau Front populaire pour la présidence de l’Assemblée nationale est donc le communiste André Chassaigne. @libe pic.twitter.com/hjfdPNNK59
— Sacha Nelken (@SachaNelken) July 17, 2024
Naima Moutchou à son tour candidate au perchoir. Le président du groupe Horizons, Laurent Marcangeli, a annoncé la décision prise «à l’unanimité» de présenter la candidature de la députée Naima Moutchou pour la présidence de l’Assemblée nationale. Une «voix nuancée», avec «une certaine manière de mener les débats».
Laurent Marcangeli annonce le choix « à l’unanimité » du groupe Horizons de présenter la candidature de Naima Moutchou au perchoir. Une « voix nuancée », avec « une certaine manière de mener les débats ». pic.twitter.com/ADIVKinWqV
— JeanBaptiste Daoulas (@jbdaoulas) July 17, 2024
Jordan Bardella invité chez Hanouna à Saint-Tropez. Selon un article de Mediapart, le président du RN a été invité vendredi 12 juillet dans la villa de luxe que Cyril Hanouna vient d’acquérir, sur les hauteurs de Saint-Tropez. Depuis, «Mimi Marchand, la papesse de la presse people, s’active pour bloquer la publication des photos» du dîner, assure le média d’investigation, qui précise que la communicante est une «grande amie de Cyril Hanouna». Interrogé sur la relation qu’il entretient avec Jordan Bardella, l’animateur – régulièrement accusé de favoriser l’extrême droite – a «esquivé» la question, ajoute Mediapart.
A en croire Charles de Gaulle, Emmanuel Macron aurait déjà dû démissionner. Loin de nous l’idée de faire parler les morts. Mais en l’occurrence, le général avait donné son avis à ce sujet de son vivant. Comme l’a retrouvé un journaliste de Marianne, Charles de Gaulle expliquait, à l’occasion de la dissolution (réussie, celle-ci) de 1962, qu’un président «désavoué par le peuple» après une dissolution n’avait d’autre choix que de «s’en aller». Notre Chez Pol.
Sébastien Chenu candidat au perchoir. Le député RN est candidat à la présidence de l’Assemblée nationale, au moins «au premier tour», a fait savoir son groupe ce mercredi. Après le premier tour, «on verra» si Sébastien Chenu se maintient, a précisé le secrétaire général du RN, Renaud Labaye. L’ancien vice-président de l’Assemblée rejoint donc la liste des candidats déclarés, aux côtés de Yaël Braun-Pivet, Charles de Courson ou encore le député LR Philippe Juvin.
Franck Riester, futur ex-ministre, fait ses adieux sur X. Fin de partie pour Franck Riester, après la démission de Gabriel Attal. Le ministre délégué du Commerce extérieur, qui a aussi été chargé des relations avec le Parlement, et avant cela de la Culture, tire sa révérence dans un message publié sur X. «Servir la France au sein du Gouvernement pendant 6 ans fut un immense honneur, écrit-il. Le travail continue en affaires courantes […] et sur les bancs de l’Assemblée.» Il aura connu tous les Premiers ministre d’Emmanuel Macron, d’Edouard Philippe à Gabriel Attal, en passant par Jean Castex et Elisabeth Borne.
Servir la France au sein du Gouvernement pendant 6 ans fut un immense honneur. Je remercie @EmmanuelMacron pour sa confiance et suis profondément fier d’avoir exercé mes fonctions aux côtés de @EPhilippe_LH @JeanCASTEX @Elisabeth_Borne et @GabrielAttal.
— Franck Riester (@franckriester) July 17, 2024
Le travail continue en…
Darmanin révolté que la macronie ne reconnaisse pas sa défaite. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire a semble-t-il retrouvé sa liberté de parole. Et il en profite pour tirer dans les pattes du camp présidentiel, défait par deux fois dans les urnes en un mois. «Nous aurions tort de penser qu’il faut continuer de faire comme avant. Or, pour l’heure, il n’y a aucun changement», tacle-t-il dans Le Figaro. Plus de détails au comptoir de Chez Pol.
Une pétition appelle les députés à voter pour désigner le ou la Première ministre. Neuf jours de négociations à gauche, soldées pour l’instant par des fractures et des impasses. Alors l’idée d’un vote par les députés qui désignerait le candidat du NFP pour Matignon fait son chemin, jusqu’à une pétition en ligne. Lancée ce matin par «Victoires Populaires» - les fondateurs de la Primaire populaire, qui prônaient une candidature unique à gauche en 2022 - elle cumule déjà plus de 16 000 signatures. «Procédez à un vote entre les député·es du Nouveau Front Populaire pour désigner dans un premier temps la candidature pour la présidence de l’Assemblée Nationale, puis du ou de la Première ministre.», enjoint le texte qui l’accompagne. Pour Matignon, les auteurs de la pétition suggèrent «un vote à bulletin secret où chaque député·e du Nouveau Front Populaire écrit un nom» qui pourra être «issu de la société civile» - ce à quoi s’oppose la France insoumise - ou de «[leurs] rangs».
Dans la Côte-d’Or, le candidat macroniste digère mal sa défaite et veut annuler l’élection. Un deuxième recours contre le résultat des élections législatives. Le député macroniste sortant de la 5e circonscription de la Côte-d’Or, Didier Paris, a déposé un recours devant le Conseil constitutionnel pour contester sa défaite face au candidat du Rassemblement national, René Lioret. D’après les informations de France Bleu, Didier Paris juge l’écart suffisamment faible pour remettre en cause le résultat du scrutin. Sur 57 310 bulletins, seuls 42 séparent les deux hommes lors du second tour. Le macroniste estime que le Conseil constitutionnel devrait rendre son avis avant la fin de l’année.
De nouvelles élections législatives dans la 2e circonscription du Jura ? La candidate du Nouveau Front populaire, Evelyne Ternant, tente le tout pour le tout. Arrivée troisième au premier tour des élections législatives, la candidate communiste a déposé un recours auprès du Conseil constitutionnel pour annuler le scrutin dans la 2e circonscription du Jura. Face à elle, le candidat du Rassemblement national, Thierry Mosca, qui était en réalité inéligible à un mandat parlementaire en raison de son placement sous curatelle renforcée. Cette candidature aurait biaisé l’élection, selon Evelyne Ternant, qui dénonce sur France Bleu : «Les dirigeants du Rassemblement national ont piétiné les règles élémentaires de sincérité d’un scrutin et de respect des électeurs». Le Conseil constitutionnel devra trancher.
Les négociations du Nouveau Front populaire «avancent» à propos d’une candidature unique pour le perchoir. Si les tractations autour du Premier ministre du NFP sont au point mort depuis plusieurs jours, celles concernant la candidature au perchoir «avancent bien» selon un participant aux palabres. Après avoir acté le principe d’une candidature unique pour la présidence de l’Assemblée nationale lundi, les négociateurs écolos, PS, LFI et PCF en sont désormais à l’examen des candidatures. Ce matin à 9 h 30, les partenaires ont commencé à discuter pour définir qui du socialiste Boris Vallaud, de l’écologiste Cyrielle Chatelain, du communiste André Chassaigne ou des insoumis Mathilde Panot et Eric Coquerel serait la meilleure option pour l’élection prévue ce jeudi. Selon les premiers échos, les deux prétendants qui tiennent la corde sont Chassaigne et Chatelain pour leurs côtés consensuels et rassembleurs. À gauche on est partagé entre le symbole positif que représenterait d’envoyer une femme au perchoir et les plus grandes chances de l’expérimenté communiste de l’emporter. «Est-ce que c’est le principe, le cœur ou la raison qui l’emporte ?», résume un participant. Lequel aimerait qu’un nom soit officialisé dans la journée. Les négociations reprennent ce midi. Par Sacha Nelken
Philippe Grangeon appelle à un nouveau «dépassement» des élus pour surmonter le blocage politique. Dans une tribune publiée dans Libération ce matin, le co-fondateur d’En Marche et ancien conseiller d’Emmanuel Macron reconnaît que la dissolution du Parlement «n’a pas atteint ses objectifs» et a même «plongé le pays dans un état de stress politique». Philippe Grangeon estime que la solution se trouve maintenant au Parlement, où les chefs de partis politiques qui ont formé le front républicain doivent «s’entendre provisoirement pour former une concorde nationale», dans «une nouvelle forme de dépassement». Selon l’ancien conseiller présidentiel, Emmanuel Macron serait également «capable» d’inventer un nouvel art de présider, privilégiant la «pédagogie» et «l’apaisement».
Tribune
Sandrine Rousseau ne briguera pas la présidence de l’Assemblée et ancre l’idée d’une candidature unique du NFP. Invitée sur le plateau de LCI, la députée écologiste a d’abord tenu à présenter ses excuses aux électeurs de gauche, en estimant ne pas être «à la hauteur de l’espoir que les gens avaient» pour le Nouveau Front populaire. Elle emboîte ainsi le pas au discours de Marine Tondelier, qui s’est elle aussi dite quelques instants plus tôt «désolée du spectacle qu’on donne aux Françaises et aux Français». Sandrine Rousseau a ensuite affirmé qu’il y aurait bien une candidature unique du NFP au poste-clé de président de l’Assemblée nationale. La députée écologiste a toutefois précisé qu’elle ne serait elle-même «pas candidate» au perchoir, mais que le nom du futur candidat serait bientôt dévoilé par l’alliance de gauche. Quant aux discussions qui s’enlisent sur le nom du futur Premier ministre, la députée appelle les membres de l’alliance à «sortir des conclaves» et «à voter» si un consensus n’est pas trouvé. Le temps presse pour l’alliance du gauche afin de ne pas faire retomber l’espoir après leur victoire aux élections législatives.
🗣️ "Il va y avoir une candidature unique pour le Nouveau Front Populaire, et non je ne serai pas candidate" au perchoir : @sandrousseau pic.twitter.com/osDARDIwJT
— LCI (@LCI) July 17, 2024
Après la proposition des communistes de désigner un Premier ministre du NFP par un vote des députés, l’idée creuse aussi son sillon du côté des socialistes. Hier soir, le groupe du PCF a en effet publié un communiqué appelant à «sortir par le haut» de la séquence actuelle en soumettant «au vote des députés du NFP la désignation d’un Premier ministre». Ce mercredi, le député PS d’Indre-et-Loire Laurent Baumel s’est dit sur X «entièrement d’accord» avec cette proposition, assurant «qu’un vote des députés est la seule solution pour sortir de l’impasse». Même son de cloche du côté de François Ruffin, qui plaide en faveur d’un vote «comme en 1789, à la salle du Jeu de Paume».
Les élus écologistes doucement écartés du «champ républicain». Une énième députée macroniste, Maud Bregeon, a affirmé ce matin sur France info qu’elle s’opposerait «à un gouvernement qui inclurait des ministres et secrétaires d’Etat issus de la France insoumise et d’Europe Ecologie les Verts». Tout simplement «parce que ce qu’ils portent en termes de valeurs et de projet sont aux antipodes» de ses convictions, lesquelles ne seront pas citées. Elle ajoute ne pas avoir compris «ce qu’essaie de faire la gauche» et «ce sur quoi ils sont d’accord et ce sur quoi ils ne sont pas d’accord».
Aurélien Pradié refuse tout «cordon sanitaire» pour écarter le RN des postes stratégiques au Palais-Bourbon. L’ancien député LR du Lot, réélu sans étiquette après avoir claqué la porte de Les Républicains fin juin, s’oppose ce mercredi matin sur France Info à tout accord permettant de mettre de côté des députés du parti d’extrême droite au nom du «respect de la démocratie». «On ne peut pas avoir un gouvernement démissionnaire éternellement qui gérerait les affaires courantes pendant plusieurs mois», a-t-il aussi affirmé, appelant à passer à «une autre ère politique» d’ici au mois de septembre.