En résumé :
- Après une émission mercredi soir sur BFMTV en vue du second tour des législatives entre Marine Tondelier, Gabriel Attal et Jordan Bardella, les deux derniers remettent le couvert ce jeudi 4 juillet au soir sur France 2, en présence de Raphaël Glucksmann (PS-Place publique), David Lisnard (LR) et Clémence Guetté (LFI).
- Jour de rupture pour François Ruffin : le député sortant de la Somme a d’abord déclaré au micro de RTL, ce jeudi 4 juillet au matin, qu’il quittait la France insoumise avant, quelques heures plus tard, de charger Jean-Luc Mélenchon auprès de l’AFP. Pour Ruffin, le leader insoumis est un «obstacle au vote» et un «boulet».
- La possibilité pour le Rassemblement national d’accéder à la majorité absolue de 289 députés semble s’éloigner, un sondage mercredi lui en accordant entre 190 et 220. Le Nouveau Front populaire pourrait obtenir 159 à 183 députés, Ensemble, 110 à 135. Face au risque d’une France ingouvernable, certains responsables du centre droit et de la gauche envisagent une vaste coalition pour échapper à la paralysie, mais ses contours restent encore extrêmement flous.
- Retrouvez les résultats du premier tour dans la circonscription de votre choix grâce à notre carte interactive. Et toutes les informations et réactions de la journée électorale de mercredi sont ici.
La gauche gagne de manière éclatante... au Royaume-Uni. Pendant ce temps là, Outre-Manche, le Labour remporte une victoire historique face à des conservateurs laminés, après 14 ans dans l’opposition. Selon les sondages sortie des urnes, en général très fiables, les travaillistes remporteraient 410 sur les 650 sièges de la Chambre des Communes, un résultat spectaculaire.
Clémence Guetté refuse de participer à une coalition «baroque». Interrogée sur une potentielle coalition post-second tour, la députée insoumise Clémence Guetté prévient qu’elle n’a pas l’intention de faire des concessions sur le programme du Nouveau front populaire, dont elle est à l’origine de la conception. «Je l’ai négocié âprement. […] Pendant deux semaines, je me suis attelé à ce que ce soit sérieux. Quand on écrit quelque chose, on le fait après», assure la députée, qui balaie toute idée de réécriture des 150 mesures prônées par le NFP. «Moi, je me bats pour qu’on ait une majorité pour faire ce qu’on a dit», a-t-elle répondu, disant croire en «une majorité, un gouvernement de gauche du Nouveau Front populaire». «Nous ne participerons pas à quelque chose de baroque, de bricolé comme ça. […] Nous affrontons le projet de la Macronie, et il est désormais en déliquescence», a-t-elle lancé, sûre que que «Monsieur Attal ne sera plus Premier ministre» à l’issue du second tour.
Clémence Guetté défend un «programme extrêmement ambitieux». «Ce que je ne partage pas avec Monsieur Glucksmann, c’est qu’il a dit que nous allions perdre. Alors que moi je pense l’inverse», a taclé Clémence Guetté sur France 2. «Soit Monsieur Glucksmann a des capacités de divination que je n’ai pas, soit il fait d’autres calculs, mais les miens sont ceux de la politique, de l’affrontement démocratique à un second tour, et nous sommes avec le NFP dans suffisamment de seconds tours pour l’emporter. Je me bats politiquement pour ça», a assuré la députée du Val-de-marne. Pour elle, tout n’est pas joué. Il faut notamment convaincre les «16 millions d’abstentionnistes», pointe-t-elle, tout en défendant un «projet extrêmement ambitieux».
Clémence Guetté défend la stratégie insoumise à l’Assemblée. «Je crois que nous avons été à la hauteur de la colère du pays», explique Clémence Guetté en réponse à la question d’un téléspectateur qui accuse la France insoumise d’avoir fait monter le RN par la «bordélisation» des débats à l’Assemblée nationale. «Toute cette casse sociale a généré beaucoup de colère chez les gens, je crois que nous y avons répondu», assure-t-elle en évoquant les mouvements des gilets jaunes, les réformes des retraites et de l’assurance chômage…
Les «regrets» de Clémence Guetté sur le format de l’émission de France 2. Celle qui vient clôturer l’émission politique du service publique n’a pas manqué l’occasion de tacler le président du RN Jordan Bardella. Selon la députée LFI, c’est à cause du leader d’extrême droite que l’émission a plutôt pris la forme d’une série d’entretiens qu’un débat. Puis, Clémence Guetté a sorti la sulfateuse : «Le deuxième regret c’est que les féministes de ce pays se sont chargés de vous rappeler qu’en 2024 on n’invite pas que des hommes dans des interviews successives et que ce n’est pas à la gauche de trouver des responsables politiques femmes pour venir. Je ne serais pas le quota féminin de quoique ce soit ce soir», a prévenu l’insoumise, réélue dès le premier tour dans la 2eme circonscription du Val-de-Marne.
Lisnard et la théorie du barrage. Après une pause consacrée à la diffusion de clips de campagne, l’émission L’Evenement reprend sur France 2. Et voilà enfin l’invité le plus attendu de la soirée (on blague), David Lisnard, le maire LR de Cannes, président de l’association des maires de France. Toujours aussi ben peigné, l’homme explique que LR (canal historique, non ciottiste) incarne la «voix de la sagesse», mais refuse de se rendre à l’évidence, énoncée par Caroline Roux : avec quelques dizaines de députés tout au plus, son parti ne sera dorénavant qu’une «force d’appoint». «Ce qu’il faut, c’est des idées fortes», assène-t-il encore, assurant que «dans ce spectacle, l’offre qui est restée digne, c’est celle de cette droite indépendante» qu’il incarne. En passant, il ressort sa meilleure punchline : «Le barrage, c’est ce qui fait monter le niveau [de l’eau]», pour expliquer qu’il ne veut pas dire aux électeurs LR quoi faire dans les seconds tours où le RN est présent.
Pour Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron pourrait être contraint d’endosser «l’alliance de toutes les droites». Invité du journal de 20 heures de TF1, le leader de la France Insoumise a prédit une «alliance de toutes les droites», avec Emmanuel Macron à sa tête. Car il «en va de son siège de président», assure Mélenchon. Selon lui, cette alliance serait composée «de macronistes, des LR et le RN», et cette entente serait possible «parce qu’ils ont déjà beaucoup voté ensemble à l’Assemblée nationale», prenant en exemple «la loi immigration», ajoutant même que «leur programme est assez voisin».
Si aucune majorité claire n'émerge, les macronistes, Les Républicains, et le Rassemblement National pourraient former une alliance de toute les droites.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) July 4, 2024
Ils ont voté ensemble la loi immigration. Ils ont voté ensemble contre l'ISF, contre la hausse du SMIC. #Le20H pic.twitter.com/KJebtG8hyu
Une manif antifa interdite à Paris dimanche soir. Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez va interdire une manifestation du collectif «action antifasciste Paris-Banlieue» prévue dimanche devant l’Assemblée nationale à la clôture du second tour des législatives, a-t-on appris ce jeudi soir de source policière. Ce collectif a appelé dans un post sur X à un rassemblement «dimanche à 20 heures devant l’Assemblée nationale quelle que soit l’issue» du scrutin. «Aujourd’hui plus que jamais, faisons bloc par tous les moyens contre l’extrême droite et ses alliés», a-t-il fait valoir. Le collectif a lancé un appel à «converger vers l’Assemblée nationale». Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé jeudi que «30 000 policiers et gendarmes, dont 5 000 à Paris et sa banlieue» seraient mobilisés dimanche soir pour le second tour du scrutin législatif anticipé. Les services de renseignement considèrent, selon une source policière, qu’il existe «de réels risques de troubles à l’ordre public après le second tour avec à la fois des rassemblements qui pourraient donner lieu à des incidents mais aussi des risques d’affrontements entre des groupes antagonistes».
Attal entretient le flou sur l’assurance chômage. La réforme de l’assurance chômage, tant vantée lors de sa présentation fin mai, est suspendue depuis le résultat catastrophique pour la majorité sortante de dimanche soir. Signe qu’en fait, en plus d’être brutale pour les demandeurs d’emplois, elle était inutile ? demande la journaliste Fanny Guinochet. Nenni, répond Gabriel Attal, mais «j’ai considéré que si je publiais le décret à ce moment-là, ça serait comme une forme de passage en force», explique-t-il. Qu’en est-il alors des futures discussions auxquelles il semblait soudain ouvert sur ce projet ? «Je souhaite qu’il puisse y avoir des concertations relancées autour de cette réforme avec les partenaires sociaux et les forces politiques représentées au Parlement», répond évasivement le Premier ministre, expliquant que la réforme «peut être enrichie» sur le volet seniors.
Revenir comme candidat à la présidentielle ? Hollande préfère «garder le silence». Invité sur le plateau de LCI en parallèle de la soirée télévisée de France 2, le candidat aux législatives dans son fief de Corrèze et ancien président de la République a botté en touche. «Qui peut dire ce qui va se produire d’ici 2027 ? Quand on est capable de savoir ce qui va se passer dimanche prochain, on ne doit pas essayer de spéculer sur 2027, a prévenu François Hollande. Pendant toute cette période, si je suis conforté par le scrutin de dimanche et si la gauche prend une place que j’estime la plus large possible, je vais essayer d’être utile à mon pays». En 2012, le problème principal, «c’était le chômage», pointe Hollande. Aujourd’hui, pour l’ancien locataire d’l’Elysée, l’urgence, «c’est la paix» et «la cohésion du pays, parce qu’il peut être divisé et fracturé».
Gabriel Attal ne veut pas «imposer aux Français une coalition qu’ils n’ont pas choisie». «Il est hors de question pour moi d’imposer aux Français une coalition qu’ils n’ont pas choisi», tranche Gabriel Attal au sujet des spéculations sur une grande alliance allant de la droite à la gauche à l’issue du second tour de dimanche. Y aurait-il tout de même trois mesures qui mettraient tout le monde d’accord ? Là aussi, le Premier ministre refuse de répondre à Caroline Roux. «Ça voudrait dire que j’enjambe complètement le vote des Français de dimanche et que je considère que ce vote n’est pas important». Dans le cas où l’extrême droite n’aurait pas de majorité absolue, «il y aura une Assemblée au sein de laquelle des forces politiques différentes travailleront pour projet par projet», anticipe le Premier ministre.
Attal concède que la majorité sortante n’a pas empêché la montée du RN. Gabriel Attal a pris place sur le plateau de France 2. Question d’un téléspectateur, qui interpelle le Premier ministre en pointant la responsabilité de la majorité sortante dans la montée du RN : «On doit continuer à agir pour essayer de l’empêcher, on n’a pas réussi à endiguer cette vague», concède timidement Attal. Relancé, il dit «on doit en tenir compte et on doit agir», mais ressasse des arguments entendu mille fois, en vantant son bilan… dont la question suggérait justement qu’il n’a en rien permis de stopper la montée RN. Ca tourne en rond cette histoire.
Une place dans le prochain gouvernement ? «Pendant des mois j’ai expliqué que l’Europe était le cœur de ma vie, de mon combat. Mon intention jusque-là était de prendre mon rôle de député européen au sérieux. Mais au lieu de prendre mon Thalys, j’ai été dans toutes les circonscriptions où les candidats aux valeurs humanistes et républicaines faisaient face aux candidats RN», a affirmé le leader de Place Publique Raphaël Glucksmann sur France 2. Pour lui, ce n’est pas le moment de parler du futur gouvernement : «je ne pense pas à cela». «En tant que patriote, qu’amoureux de l’Histoire de France, on ne peut pas se résoudre à ça», insiste-t-il.
«Ni Jupiter, ni Robespierre». D’abord une question sur l’alliance avec LFI, puis une autre sur l’alliance avec LFI, puis encore une sur l’«attelage» avec LFI, puis une autre sur Jean-Luc Mélenchon… Caroline Roux a décidé de consacrer une bonne part de l’interview de Raphaël Glucksmann à le questionner sur le leader insoumis et son mouvement, présentés comme des épouvantails. «Il n’y aura pas de majorité absolue de gauche», ni centriste, ni de droite, assure et rassure Glucksmann. «S’il n’y a pas de majorité absolue au Parlement, ce sera comme au Parlement européen», donc un vrai parlementarisme, jure l’eurodéputé, en affirmant : «C’est fini Jupiter et Robespierre, on peut devenir adultes.»
«Considérez ce 7 juillet comme un référendum», appelle Glucksmann. Si le RN arrive aux responsabilités, quel peut être le projet de la gauche ? Pour l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, interrogé sur France 2 par Carole Roux, «il faut plonger en soi-même, accepter de voter pour des gens dont on ne partage pas les idées, pour éviter la catastrophe». «Considérez ce 7 juillet comme un référendum : vous ne votez pas pour un député spécifique mais pour éviter que le RN n’arrive au pouvoir», appelle Glucksmann. «La seule majorité absolue possible aujourd’hui, c’est celle du RN et de l’extrême droite» assure l’eurodéputé, qui rappelle qu’«il n’y aura pas de majorité absolue de gauche, macroniste ou centriste».
Glucksmann attaque Bardella sur les ingérences russes. Caroline Roux interroge Raphaël Glucksmann sur les plus de 10 millions d’électeurs qui ont voté pour le RN et ses alliés : comment les convaincre ? «J’entends cette colère, cette frustration, j’ai sillonné le pays», répond le leader de Place publique, avant d’attaquer le RN sur la réponse donnée par Jordan Bardella quelques minutes plus tôt au sujet des ingérences russes. «Jordan Bardella qui vous explique qu’il a toujours eu une position claire […] a refusé de condamner les milices Wagner qui prenaient pour cible nos soldats en Afrique», cite-t-il parmi d’autres exemples. Avant d’affirmer que «depuis 10 ans, le RN comme l’ensemble des extrêmes droites agissent comme une cinquième colonne européenne» en faveur de Vladimir Poutine.
Pour Raphaël Glucksmann, c’est la menace RN qui «doit nous obséder». «L’exigence morale et politique, c’est tout faire pour barrer la route au RN», insiste le député européen PS-Place publique Raphaël Glucksmann, qui répond désormais aux questions de Caroline Roux. «Ne pas voir que le RN au pouvoir, c’est la fin du pacte séculaire, la possibilité de tomber dans l’abîme […], ne pas voir que c’est cela la menace principale, que c’est cela qui doit nous obséder», affirme la tête de liste aux européennes, qui est arrivée en troisième position le 9 juin dernier. «Je ne pourrais pas me regarder dans une glace le 7 juillet si je n’ai pas tout fait pour barrer la route à Bardella […] Toute ma vie sera consacrée à l’édification de cette sociale démocratie, pro-européenne, humaniste, qui n’est ni dans le bruit ni la fureur, qui refuse les outrances et la violence», insiste l’eurodéputé, pour qui «il y a eu une inversion des rapports de force à gauche». Selon lui, «l’hégémonie culturelle, politique et idéologique de Jean-Luc Mélenchon a pris fin».
Pendant ce temps-là, Mélenchon répond à Ruffin. Sur TF1, Jean-Luc Mélenchon a invité François Ruffin à ne pas «régler ses comptes» à l’aune de «législatives dangereuses», le député sortant de la Somme ayant estimé que le leader de La France insoumise était un «boulet» et un «obstacle au vote». «19 personnes insoumises ont été élues dès le premier tour. Alors il y a pire boulet», a ironisé Jean-Luc Mélenchon sur TF1, estimant que François Ruffin, dont la réélection est menacée par une poussée du RN et qui a annoncé qu’il ne siégerait plus au groupe LFI en cas de retour à l’Assemblée, se «met en danger». «Il y a une règle de météo politique. Quand le vent souffle fort, il emporte aussi les girouettes», a-t-il mis en garde.
Sur la préférence nationale, Bardella renvoie à un référendum. Comment Bardella compte-t-il respecter la Constitution alors que le programme du RN est bourré de mesures inconstitutionnelles, en premier lieu la «préférence nationale» ? Le président du RN renvoie à un futur référendum, postérieur à la prochaine présidentielle, la révision constitutionnelle qui lui permettra de mettre en œuvre son programme xénophobe. «La Cour suprême en démocratie c’est le peuple, et si demain le peuple a envie de se protéger de vagues migratoires qui n’en sont qu’au début du commencement […] et qu’il faut mettre des textes dans la Constitution, je le ferai et par référendum.»
Pour Bardella, les tentatives d’ingérence russe servent Macron. Interrogé sur un tweet publié mercredi par le ministère russe des Affaires étrangères, qui apporte un soutien sans ambiguïté au Rassemblement national, expliquant que «le peuple français recherche une politique étrangère souveraine qui serve ses intérêts nationaux et une rupture avec le diktat de Washington et de Bruxelles». «La Russie est une menace multidimensionnelle qui menace la France», rétorque le président du RN, assurant qu’il «ne laissera pas l’Ukraine se faire aspirer par l’impérialisme russe». Puis il avance une explication à ce tweet : il s’agirait d’une tentative d’ingérence «faite manifestement pour le compte d’Emmanuel Macron.» Oui, «cette manipulation est faite pour que vous me posiez la question ce soir», assure le leader frontiste, visiblement sûr de la logique de son argument.