En résumé :
- Un candidat et en même temps un président : Emmanuel Macron joue à saute-mouton ce mercredi entre ses deux statuts, accordant des interviews à France 2 puis au 20 heures de TF1, présidant entre les deux le conseil des ministres.
- Accusée, à tout le moins, de proximité intellectuelle avec le pouvoir russe, et espérant peaufiner sa stature régalienne, Marine Le Pen a tenu une conférence de presse sur le thème de la diplomatie.
- Quelques centaines d’étudiants venus de plusieurs facs parisiennes ont pris le contrôle d’une partie de la Sorbonne ce mercredi. Ils dénoncent un second tour de présidentielle dans lequel ils ne se sentent pas représentés.
Comment financer son projet ? «Par l’économie et les économies», a répondu Macron ce mercredi soir sur TF1. «Les yeux dans les yeux», le chef de l’Etat s’est engagé à «continuer de baisser les impôts» et commencer à baisser l’endettement du pays. Il compte donc sur son objectif de «plein-emploi» pour faire entrer 35 milliards d’euros dans les caisses du pays, 9 milliards d’euros issus de la réforme des retraites et expliqué que des économies seront faites grâce à la numérisation des services publics : «L’Etat doit être simplifié, c’est aussi un levier d’économies massives.»
Sur les retraites : «Pas de recul, il y a une clarification et un temps de respiration», dit Macron. Interrogé sur les retraites, le Président a expliqué qu’il ne renonçait pas au report de l’âge légal à 65 ans mais qu’il était prêt à instaurer une «clause de revoyure» en «2027-2028 «. «Je négocierai avec les partenaires sociaux, dès l’été», a-t-il promis, rappelant que son projet n’était «pas de passer de 62 à 65 ans du jour au lendemain» mais de «décaler l’âge légal de 4 mois par an» à partir de 2023. «On gardera un dispositif pour les carrières longues […] On prendra même en compte - et c’est nouveau - la pénibilité sur le plan individuel», a assuré Macron, dans une oeillade à la CFDT alors qu’il a supprimé, en 2018, des critères du compte pénibilité. Le Pen l’accuse de vouloir instaurer un système libéral ? «Il ne faut pas prendre les Françaises et les Français pour des imbéciles, répond-il. Je tiens à la retraite par répartition.»
Sur TF1 Macron se dit prêt «à enrichir» son projet pour plaire aux électeurs de Mélenchon et Jadot. Après avoir expliqué qu’il était prêt à «enrichir» son projet, notamment pour convaincre des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, «ou de Yannick Jadot», Emmanuel Macron a répété qu’il avait l’intention de pousser à une réforme de l’espace Schengen. «Il faut mieux protéger nos frontières, avec plus de forces communes», a-t-il dit à Anne-Claire Coudray, avant d’insister sur l’accélération des décisions pour les demandeurs d’asile. «Notre ennemi c’est la lenteur», a lancé le président-candidat puis souhaité qu’on puisse «reconduire dans les pays d’origine beaucoup plus rapidement» les étrangers en situation irrégulière.
Du rire aux larmes : la soirée électorale au QG de Mélenchon racontée de l’intérieur. Si Jean-Luc Mélenchon et son équipe étaient pragmatiques dimanche soir, les militants et soutiens y ont cru. Jusque tard dans la nuit. Passera ou ne passera pas. Le Cirque d’hiver était bercé d’incertitudes tout au long de la soirée électorale de l’Union Populaire. Notre journaliste Sacha Nelken était sur place. Dans cette vidéo, il raconte les vagues d’émotions à l’annonce des résultats puis quand les scores se sont affinés au fil de la soirée, laissant espérer une «Mélonchada».
Le Conseil constitutionnel acte définitivement les résultats du premier tour. Ce n’est pas une surprise, mais Emmanuel Macron (27,85 %) et Marine Le Pen (23,15 %) ont bien décroché leur ticket d’accession au second tour. En accord avec l’article 58 de la Constitution, c’est le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius qui a officiellement annoncé les résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Jean-Luc Mélenchon complète le podium (21,95 %). Loin derrière, Eric Zemmour (7,07 %), Valérie Pécresse (4,78 %), Yannick Jadot (4,63 %) et Jean Lassalle (3,13 %). Viennent ensuite ceux que l’on appelle les «petits candidats», qui font moins de 3 %. Fabien Roussel (2,28 %) et Nicolas Dupont-Aignan (2,06 %) arrivent juste après. Enfin, les trois candidats en bas de classement sont Anne Hidalgo (1,74 %), Philippe Poutou (0,76 %) et Nathalie Arthaud (0,56 %).
Manon Aubry (LFI) : «Ne décevons pas les jeunes.» «C’était pour moi l’un des moments les plus émouvants de cette campagne». La députée européenne insoumise, invitée de Mediapart, est revenue sur le soir du premier tour, le 10 avril. Jean-Luc Mélenchon avait réuni les siens au Cirque d’hiver à Paris. Tous espéraient une qualification pour le second tour. Le candidat de gauche a finalement dû s’incliner face à Marine Le Pen et Emmanuel Macron. «Il y avait des chants, pleurs, de l’espoir», explique aujourd’hui Manon Aubry. Elle ajoute : «Des centaines de jeunes se sont spontanément réunis devant notre QG ce soir-là. Il faudra compter sur eux dans les années futures, ne les décevons pas». Les jeunes ont très largement plébiscité Mélenchon dimanche : 34 % des 25-34 ans ont voté pour lui.
Pour Jean-Christophe Cambadélis, «le PS doit s’autodissoudre». Dans une interview au Parisien, l’ancien Premier secrétaire du Parti socialiste demande à Olivier Faure, l’actuel chef, de «démissionner». Son idée : permettre la création d’un nouveau parti après l’échec d’Anne Hidalgo (1,8 %) au premier tour. Le PS doit «annoncer, lors du prochain conseil national du 19 avril, qu’on changera tout», et «annoncer la tenue, à l’automne, d’un congrès d’autodissolution pour la refondation». Cambadélis explique que «ce n’est pas Mélenchon qui est responsable de notre score, c’est nous qui sommes responsables du score de Mélenchon». Et maintenant ? Pour les législatives, il voit l’union comme «improbable mais la division impossible car ce serait l’auto élimination». En plus d’appeler à voter Macron au second tour, l’ex-leader des roses aimerait voir «tous les leaders de gauche organiser un meeting commun pour battre Marine Le Pen».
La militante écolo traînée au sol par les équipes de Le Pen a voulu alerter sur le «danger» RN. «On a besoin, dans cet entre-deux tours, de rappeler le danger que représente le Front national», a dit Pauline quelques minutes après avoir été exfiltrée de la conférence de presse que tenait Marine Le Pen à Paris. «Elle a été sortie avec une grande violence alors que son action était non violente, elle sorti un cœur», s’est empressée d’accréditer Sandra Regol, la numéro 2 d’EE-LV sur BFMTV. Elle en a rajouté une couche : «La politique internationale de Marine Le Pen est une politique de complicité avec les dictateurs et les régimes autoritaires». «C’est un véritable danger», a alerté Regol.
Emmanuel Macron au Havre jeudi pour parler écologie. Le président-candidat se rendra dans la ville d’Edouard Philippe demain jeudi. Le candidat LREM est attendu sur le port du Havre pour assister à des opérations de manutention en début d’après-midi. Un «échange» avec les salariés et apprentis de l’usine de production d’éolienne en mer Siemens Gamesa est également prévu, selon son équipe de campagne. L’usine assemble notamment les nacelles offshore et les pales des éoliennes. Aux côtés de son ancien Premier ministre, le chef de l’Etat devrait aborder les questions d’énergie et d’écologie. Une nouvelle occasion d’attaquer Marine Le Pen. Dans son programme, la candidate du Rassemblement national souhaite le «démantèlement progressif» des éoliennes. A Erquy (Côtes d’Armor), où un projet de parc éolien en mer cristallise les oppositions, la candidate d’extrême droite dénonçait en janvier une «absurdité écologique, économique et stratégique».
«Ni Macron, Ni Le Pen» : tensions à La Sorbonne. Afin de préparer la Marche des solidarités contre l’extrême droite de samedi, des étudiants de La Sorbonne avaient appelé à une AG «antifasciste» mercredi en début d’après-midi. La réunion, dans un amphithéâtre, a provoqué des tensions. Toutes les entrées ont été bloquées par des cadenas et la sécurité ne laisse passer personne. Des petits groupes d’une dizaine de jeunes ont réussi à forcer le passage et lancé l’idée d’une occupation. Depuis lundi, le campus Jourdan de l’École normale supérieure a également connu des blocages ainsi qu’à l’université Paris 8. Par Julien Lecot, à La Sorbonne.
🔴 Les étudiants mobilisés ont finalement réussi à obtenir un amphithéâtre pour tenir leur assemblée générale à La Sorbonne, celle-ci a lieu actuellement.pic.twitter.com/ydM35A0Wwj
— Élections 2022 🗳 (@2022Elections) April 13, 2022
Comme Mélenchon, Poutou dit : «Pas une voix» pour l’extrême droite. Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste, qui n’a fait qu’un petit 0,8 % des voix dimanche, rappelle que «Marine Le Pen n’est pas l’alliée des classes populaires». Pour deux raisons principales, qu’il explicite dans des visuels : «Elle veut baisser les impôts des plus riches» et «Elle refuse d’augmenter le Smic». Plus tôt dans la journée, l’ancien ouvrier de Ford indiquait, dans un post Facebook, se sentir «piégé dans un système électoral à deux tours», «coincé entre deux solutions qu’on ne veut pas», «prisonnier par deux dangers différents mais proches à la fois». Poutou insiste aussi sur un point : il veut «empêcher le plus possible le vote RN, sans pour autant appeler au vote Macron qui ne peut en aucun cas représenter un barrage anti-extrême droite».
Non Marine Le Pen n'est pas l'alliée des classes populaires. Pas une voix pour Le Pen ! pic.twitter.com/64M3FQB4wl
— Philippe Poutou (@PhilippePoutou) April 13, 2022
Pour contrer l’abstention, la région Occitanie rend gratuit les transports en commun le 24 avril. Après un premier tour marqué par une hausse de l’abstention partout en France, le conseil régional d’Occitanie, dirigé par Carole Delga, annonce la gratuité des trains et des cars pour le week-end du deuxième tour, les 23 et 24 avril. Objectif : «permettre au plus grand nombre, en particulier les jeunes parfois éloignés de leur domicile familial, de se rendre aux urnes», explique Delga.
Une jeune femme traînée au sol par les équipes de Marine Le Pen. La militante écologique a fait irruption pendant la prise de parole de la candidate d’extrême-droite en la montrant, sur une photo en forme de cœur, proche de Vladimir Poutine. Avec une idée en tête : pointer leurs convergences idéologique. Elle a été brutalement expulsée de la salle.
Pendant les Questions, une militante du collectif Ibiza s’est levée en tendant une photo en forme de cœur montrant Marine Le Pen et Vladimir Poutine avant d’être exfiltrée sur le champ. L’objectif : montrer la proximité entre la candidate du RN et le Président Russe. @libe pic.twitter.com/uN7yuU3XkN
— Sacha Nelken (@SachaNelken) April 13, 2022
Pour Marine Le Pen, la crise climatique ne sera pas une «priorité» de sa politique étrangère. La candidate d’extrême droite a toutefois promis, lors d’une conférence de presse organisée à Paris ce mercredi après-midi, qu’elle ne sortira «pas de l’accord de Paris» signé en 2015 si elle est élue Présidente. «Je suis en effet favorable aux orientations de cet accord, puisque je souhaite abandonner le plus possible des énergies fossiles au profit du nucléaire civil», a-t-elle tenté de justifier.
Le Pen se défend de vouloir défendre l’OTAN. Après un long tour d’horizon général de ce à quoi ressemblerait la diplomatie à la sauce Le Pen, la candidate du Rassemblement s’arrête sur l’OTAN. La députée insiste : elle ne veut pas quitter l’OTAN mais simplement son commandement intégré, «comme ce fut le cas de 1966 à 2009». Elle poursuit : «Je voudrais dissiper tout malentendu, cette politique n’impliquera nullement une soumission à Moscou et jamais la loyauté de la France à l’égard de l’OTAN n’a été mise à défaut». Il y a, sur le sujet, une grande divergence avec le candidat Emmanuel Macron. S’il dénonçait bien, il y a trois ans, une organisation «en état de mort cérébrale», le président de la République n’a pas l’intention de s’en désengager.
Marine Le Pen veut une diplomatie basée sur trois principes. La candidate d’extrême droite est en place. Devant près de 120 journalistes, elle commence à développer sa stratégie en terme de diplomatie. Plus précisément «les grandes lignes de son projet de restauration du rayonnement de la diplomatie française et de la place singulière de la France dans le concert des nations». Termes qu’elle préfère à «communauté nationale». La stratégie de la candidate d’extrême droite repose sur trois principes : «la grandeur de la France», l’intérêt national avant tout et enfin le retour des valeurs traditionnelles de la diplomatie française à savoir l’indépendance, l’équidistance et la constance.
Pour Marine Le Pen, «la France est une nation à part». La candidate du Rassemblement national tient une conférence de presse ce mercredi aux Salons Hoche, dans le très chic VIIIe arrondissement de Paris. Elle parle diplomatie et relations internationales. «Il faut restaurer la place singulière de la France dans le monde», dit Le Pen. Son discours est, pour l’instant, mi-techno, mi-faussement intellectuel. «Pourquoi la liberté du monde aurait-elle besoin de la grandeur de la France ?», a-t-elle demandé, avant de citer Saint Jean Paul II : «France, fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?».
Vers un grand rassemblement de la gauche place de la Bastille le 24 avril à 20h ? C’est un habitué des coups de gueule et des prises de position tranchées. Le comédien Samuel Churin, également membre de la coordination des intermittents et des précaires, lance, dans une lettre, un «appel aux insoumis et aux forces de gauche». Il faut «sortir du piège qui nous est tendu», écrit-il avant d’expliquer que «les deux candidats ne nous représentent pas, cette élection n’est pas la nôtre». Pour ne pas «regarder, impuissants, l’élection du 24 avril», il appelle à un rassemblement place de la Bastille à Paris, le soir du second tour, à 20h. «Pour la première fois, il y aurait deux rassemblements : celui des vainqueurs et celui de ceux qui ne veulent plus subir cette politique désastreuse», conclut Churin.
Appel aux insoumis et aux forces de gauche. @JLMelenchon @MathildePanot @Francois_Ruffin @Gilles_Perret @ElsaFaucillon @blast_france @gerardfiloche @Mediapart @edwyplenel pic.twitter.com/P4zAhyInDT
— Samuel Churin (@SamuelChurin) April 13, 2022
SOS Racisme s’est invité devant les Salons Hoche dans le chic 8e arrondissement de Paris où Marine Le Pen doit tenir une conférence de presse sur la diplomatie. La vingtaine de militants scande: « Poutine assassin, Le Pen complice ». @libe pic.twitter.com/voBsroPxrF
— Sacha Nelken (@SachaNelken) April 13, 2022