A trois jours du premier tour de la présidentielle, les candidats jettent leurs dernières forces dans la bataille. Yannick Jadot est à Nantes, Marine Le Pen à Perpignan, Valérie Pécresse à Lyon, Fabien Roussel à Lille, Philippe Poutou à Toulouse et Eric Zemmour à Paris. Libération se démultiplie pour vous faire vivre cette lutte finale entre candidats.
A Perpignan les militants de Marine le Pen voient la victoire possible. Philippe L. et Chantal R, 68 ans pour lui, 75 pour elle. Il est un ancien policier, elle une commerçante artiste peintre. Ils ont bien entendu les avertissements de leur championne, et vont «remobiliser» autour d’eux. «On va leur dire, à nos amis, que son programme est solide, et qu’il y a du ménage à faire…» Eux aussi voient une victoire possible de Marine Le Pen cette fois. «Elle est calme, sereine, sûre d’elle, elle inspire confiance», dit Chantal. Son mari lui trouve d’autres qualités : «elle a le cuir solide, elle se bat contre la nomenklatura.Philippe L. et Chantal R, 68 ans pour lui, 75 pour elle. Il est un ancien policier, elle une commerçante artiste peintre. Ils ont bien entendu les avertissements de leur championne, et vont «remobiliser» autour d’eux. «On va leur dire, à nos amis, que son programme est solide, et qu’il y a du ménage à faire…» Eux aussi voient une victoire possible de Marine Le Pen cette fois. «Elle est calme, sereine, sûre d’elle, elle inspire confiance», dit Chantal. Son mari lui trouve d’autres qualités : «elle a le cuir solide, elle se bat contre la nomenklatura. Elle s’est normalisée sans se renier».
Le dilemme de LR au soir du second tour en cas de duel Macron Le Pen. Du meeting lyonnais, peut-être faudra-t-il surtout retenir les allusions de deux orateurs au choix qui attend la droite en cas de second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. «Je ne veux ni l’immobilisme ni la destruction […] Nous n’avons pas à choisir entre la raison et la folie, entre l’espoir et le désespoir», a martelé Laurent Wauquiez, semblant indiquer qu’il se refuserait à choisir entre ces deux finalistes. Autres accents chez Damien Abad : «Notre droite, parce qu’elle est républicaine et humaine, n’a rien à voir avec l’extrême droite. Elle ne pourra accepter aucun accommodement raisonnable avec M. Zemmour ou Mme. Le Pen.» Lundi, de qui LR reprendra-t-il les mots ?
A Lille, les fans de Roussel pas prêts de céder au «siphon » Mélenchon. Pour ce baroud d’honneur devant 3000 personnes, le candidat communiste a peu parlé d’Ukraine, beaucoup de pouvoir d’achat. Avec, par exemple, sa proposition de baisser immédiatement les factures de gaz et d’électricité de 30% pour les particuliers et les entreprises. A la sortie, des militants chavirés, qui ne voteront pour rien au monde pour Mélenchon : «Il faudrait occulter le programme [de Roussel ndlr], alors, pour quelqu’un qui ne sera même pas élu ?», s’indigne Patrick, 69 ans, de la banlieue lilloise. «C’est du siphonnage de voix, il n’aura même pas de réserve à gauche pour gagner, s’il est par miracle au second tour».
Mélenchon : «non aligné ne veut pas dire neutre». Interrogé sur TF1 son projet de VIe République, Mélenchon promet de ne «faire table rase de rien». Il rappelle cependant sa proposition de convoquer une Constituante et son souhait de rendre possible le référendum d’initiative citoyenne (RIC) cher aux Gilets jaunes et un référendum révocatoire. Vivra-t-il à l’Elysée ? «ça m’a l’air un peu tristounet, répond celui qui habite dans le centre de Paris. Je sais ce que c’est les palais, j’ai été ministre, ça fait pas rêver». Sur l’Ukraine, il rappelle qu’être «non aligné» comme il le réclame pour la France, «ne veut pas dire neutre» : «Ma ligne c’est la France est capable de se défendre toute seule !» Quant à sa photo officielle s’il est élu, il ne veut «pas de doudous» comme Macron. «Prenez-moi en photo devant la mer parce que la mer c’est l’avenir de l’humanité», termine-t-il.
Sur TF1, Mélenchon propose de «collectiviser» l’eau et l’énergie. Deux jours après ses meetings hologrammes, Jean-Luc Mélenchon est sur TF1 ce jeudi soir. Sa première décision s’il accédait à l’Elysée ? Le «blocage des prix» des produits de première nécessité comme cela se fait dans certains départements d’outre-mer. Le candidat de la France insoumise explique aussi comment il souhaite «collectiviser» certains biens publics comme l’eau ou l’énergie. «Collectiviser c’est mieux que nationaliser parce que nationaliser ça fait toujours peur», dit-il.
Le dernier meeting de Zemmour - Palais des Sports Paris. Vidéo d’un nouveau soutien, Julien Rochedy, ex FN, YouTubeur, qui dit voter pour Zemmour avec «cette jeunesse qui défend ses intérêts ethniques». «au sens ethnique et culturel», ajoute t il (ce qui change tout?) pic.twitter.com/SwtFWS4nOF
— Nicolas Massol (@nicolasmassol1) April 7, 2022
Pour Zemmour un retour en mode morne au Palais des sports. «Ça va être 25 jours de folie, il ne va pas s’arrêter», promettait, il y a trois semaines, un des principaux lieutenants d’Éric Zemmour. En fait de folie, le candidat d’extrême droite s’est fait expulser d’un match de foot salle, à Marseille, vendredi dernier, et n’a pas été capable d’organiser un déplacement à Vézelay, conçu comme le dernier point d’orgue de sa campagne. A la place jeudi soir, un dernier meeting se tient porte de Versailles, au Palais des Sports, la même salle que pour le débat de Valeurs actuelles, où deux semaines plus tôt, Zemmour avait parlé devant un public de fans. Cette fois encore, 4 000 militants de Génération Z sont attendus. «C’est à la fois un remerciement aux jeunes de GZ qui ont tiré l’ensemble des militants avec leur dynamisme et un signal : il faut aller jusqu’au bout», sous titre Bertrand de la Chesnais, le directeur de la campagne.
A Perpignan Le Pen mobilise pour «le grand soir» de l’extrême droite. A trois jours du premier tour de la présidentielle, le discours de Marine Le Pen laisse une large place à la mobilisation de ses troupes, alors que son parti a pâti aux dernières élections d’une forte abstention. «Mobilisez-vous, c’est à vous que je lance un appel, notre pays, notre cher pays a besoin de vous», a lancé la candidate d’extrême droite. «Le grand soir ne peut pas se faire sans vous, l’histoire ne peut pas s’écrire sans vous, surtout si vous partagez la passion de l’avenir. Avec solennité, avec insistance, je vous conjure d’aller voter. Aucun résultat n’est acquis tant que vous n’avez pas voté». Marine Le Pen terminé en tête du premier tour,* dimanche prochain.
Macron poursuit sa baisse dans les sondages. Marine Le Pen va-t-elle arriver en tête à l’issue du premier tour dimanche ? Le Président sortant, parti très haut, n’en finit plus de chuter dans les intentions de vote. Il se trouve aujourd’hui autour de 26 %, quand la candidate du RN est à 24 %. Jean-Luc Mélenchon, pas très loin derrière, espère se frayer un chemin et obtenir un ticket de qualification pour le second tour. Quant à Valérie Pécresse et Eric Zemmour, ils sont respectivement à 9 et 8,5 %.
🔴📊 #Sondage | Rolling @IfopOpinion pour @LCI, @ParisMatch et @SudRadio du jeudi 7 avril 2022 :
— Élections 2022 🗳 (@2022Elections) April 7, 2022
➖ Emmanuel #Macron 26,5% (-0.5)
➖ Marine #LePen 24% (+0.5)
➖ Jean-Luc #Mélenchon 17,5% (=)
➖ Valérie #Pécresse 9% (=)
➖ Éric #Zemmour 8,5% (-0.5) pic.twitter.com/VvLgdwTaG0
«On sera là, on sera là pour longtemps», dit Yannick Jadot. Avant son meeting à Nantes ce soir, le candidat EE-LV a visité un centre médico-social menacé par la montée de l’océan Atlantique. Malgré des sondages défavorables, il souhaite aller jusqu’au bout de sa campagne. Les écolos ont l’habitude de prêcher dans le désert. «Notre force, c’est qu’on a l’expérience d’avoir été maltraités, on apprend à relativiser», disait Jadot la semaine dernière. «Je suis combattant, toujours», assure-t-il aujourd’hui. Lire le reportage de notre envoyée spéciale Charlotte Belaïch.
A Nantes, Yannick Jadot appelle à «un sursaut des consciences». «Alors les amis, pour qui on vote dimanche ?» Yannick Jadot pose la question en connaissant la réponse. Qu’importe. «Yannick président», scande la petite foule. «Le vote utile c’est toujours le vote de conviction, lâche-t-il en réponse à sa question. Voter écologiste, c’est toujours un vote de construction pour gagner les batailles. Ce dimanche j’appelle avec vous à un sursaut des consciences, à la mobilisation générale. Il faut voter écolo pour que le prochain quinquennat ne soit pas un quinquennat de démocratie confisquée, de régression sociale et d’inaction climatique», finit-il par dire au micro.
Opération lutte contre l’abstention pour Le Pen à Perpignan. La véritable inconnue pour Marine Le Pen, c’est le niveau de l’abstention. Elle pourrait en pâtir comme lors des précédentes élections. Aux régionales et municipales, les électeurs du RN s’étaient moins déplacés que les autres, dans un contexte de crise sanitaire. Et les candidats de la formation avaient lourdement chuté. Sur la scène du parc des expositions de Perpignan, jeudi, le slogan de fin de campagne de Le Pen s’affiche en grand : «Si le peuple vote, le peuple gagne». Un cadre du RN croit que l’abstention sera moins forte que les instituts de sondage le disent : «Les gens pensaient que l’élection était pliée, alors ils se sont désintéressés de la présidentielle. Mais là, la chute de Macron, le fait que tout reste à jouer, ça va remobiliser nos électeurs du Nord qui avaient tourné le dos à l’élection. Et dans le Sud, les gens qui avaient choisi Zemmour rebasculent à nouveau». Dans le camp Le Pen, les voyants sont au vert.
Chez les communistes, on se réjouit d’avoir «gagné en image». Au Zénith de Lille, le dernier meeting de Fabien Roussel est «le point d’orgue» de la campagne, affirme Antoine, 23 ans, aux Jeunesses communistes, venu exprès de Charleville-Mézières. Les goodies aux couleurs des Jours heureux s’arrachent, le groupe de rock nordiste Les Mauvaises Langues chauffe la salle. Chez beaucoup de militants, il n’y a pas de regret de ne pas avoir fait candidature commune avec Mélenchon. «On a gagné en image», dit une dame à une amie dans la file. «Et ensuite, il y a les législatives», anticipe-t-elle déjà. Fabien Roussel tourne autour des 3 % dans les sondages, devant Anne Hidalgo, la candidate socialiste. «Vivement dimanche !», sourit Antoine.
Jadot tacle Mélenchon et Macron. Sur les deux écrans géants installés, des images de blocs de banquise qui se décrochent, de marches climats et du candidat défilent. Comme à chaque fois, Yannick Jadot arrive sur scène en ouvrant les bras en croix face aux militants. «L’écologie c’est la joie, c’est un imaginaire positif, c’est l’amour de la beauté, c’est voir dans la nature, dans chaque femme et dans chaque homme, la beauté de la nature», commence-t-il en agitant son poing. Puis : «Je veux vous dire ma fierté de faire partie du mouvement écologiste. Je l’ai ressentie avec la crise ukrainienne. Jamais les écolos n’ont été complaisants avec les directeurs. Jamais les écolos n’ont cru que c’était une bonne idée de tutoyer Poutine». Et bam. Un tacle pour Mélenchon, un tacle pour Macron.
Chez Le Pen, on veut croire que «les dés sont jetés». Un proche de Marine Le Pen rencontré en marge de l’événement est moins prudent sur les chances de victoire : «Elle a raison d’y croire, mieux vaut être serein, les dés sont jetés de toute façon». Il croit que la députée du Pas-de-Calais, qui s’est jetée là pour la troisième fois consécutive dans le grand bain de la présidentielle, va bénéficier au premier tour d’un effet «vote utile» des électeurs du camp nationaliste, ayant cru au début de la campagne à la candidature d’Eric Zemmour. «La principale motivation des gens qui voulaient voter pour [l’auteur maurrassien], c’était la petite musique qui disait que Marine Le Pen ne pouvait soit disant pas gagner», poursuit ce proche de la candidate. Mais alors qu’il est donné à moins de 10 % dans les sondages, et elle autour de 21 ou 22 %, «cet argument est en train de tomber».
Les Verts veulent être un «vote de construction». Sur l’île de Nantes, Julien Bayou amorce : «Rappelez-vous, à cette échéance du scrutin aux élections européennes, nous étions à la moitié de notre score. Je compte sur vous pour déjouer les pronostics». Alors que les écolos vivent cette fin de campagne sous la menace du vote utile Mélenchon, le secrétaire national d’EE-LV réplique : «Nous ne faisons pas de la politique uniquement à l’élection présidentielle. Les écolos c’est le vote de la construction».
Jadot s’offre un meeting en musique. Pour la deuxième partie de la journée, toujours à Nantes, les écolos avaient quand même joué la prudence : la réunion publique de Yannick Jadot, qui devait avoir lieu en extérieur, a été déplacée sous la verrière de la halle des Nefs, sur l’île de Nantes. Les drapeaux verts des militants s’agitent au rythme du groupe Bab el West, déjà présent la semaine dernière au meeting du Zénith, le plus grand de l’histoire écolo. Cette fois, les verts ont vu plus petit.
La salle se remplit à Perpignan pour Marine Le Pen. 18 heures au Parc des expositions de Perpignan. 3 000 personnes sont attendues au dernier meeting de campagne de Marine Le Pen. Dans la salle pas encore remplie, à une demi heure des discours, les baffles crachent un vieux son rock un peu spécial : Jean-Pax Méfret, un défenseur des valeurs conservatrices, chante «Vous allez me traiter de réac’, vous allez dire que je suis facho, mais vous ne me filez pas le trac, vous, les pros de la démago». À trois jours du premier tour de la présidentielle, la candidate d’extrême droite bénéficie d’une bonne dynamique sondagière, à 48 % au second tour face à un Macron en baisse. Un cadre croisé dans les allées «y croit». Mais, affirme-t-il, «on reste concentrés».