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Présidentielle: revivez la soirée électorale du premier tour

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De l’ouverture des bureaux de vote au petit matin jusqu’aux soirées dans les QG des candidats, en passant par le dépouillement des bulletins de vote, «Libération» vous a fait vivre ce dimanche de premier tour d’élection présidentielle.
Dimanche soir, au QG de La République en Marche. (Albert Facelly/Libération)
par Matthieu Écoiffier, Gwénaëlle Fliti (édition photo), Lucas Biosca et Juliette Deborde
publié le 10 avril 2022 à 7h57
(mis à jour le 11 avril 2022 à 1h00)

Après une campagne hors norme, secouée par le Covid-19 puis la guerre en Ukraine, le premier tour a rendu son verdict: Emmanuel Macron et Marine Le Pen s’affronteront le 24 avril. Jean-Luc Mélenchon arrive en troisième position, crédité de 22,2% des suffrages. Le PS et LR descendent aux enfers, sous la barre des 5%. Quelque 48,7 millions d’électeurs avaient jusqu’à 19 heures (20 heures dans les grandes villes) pour faire entendre leur voix. A 20 heures, la participation était de 73,5%, en baisse de 4,3 points par rapport à 2017, selon les estimations Ipsos pour France Télévisions.

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Moins de 4 millions de bulletins à dépouiller. Le site du ministère de l’Intérieur vient d’être actualisé : les résultats sont désormais «calculés sur la base de 92% des électeurs inscrits». Soit 43 889 946 électeurs. Puisque 48,7 millions d’électeurs étaient inscrits dans toute la France, cela signifie que 5 millions de voix potentielles sont encore en souffrance. Mais en comptant une abstention autour de 25%, on peut estimer qu’il reste quelque 3,73 millions d’enveloppes à comptabiliser. Il y a moins d’un million de voix entre Marine Le Pen (7 829 700) et Jean-Luc Mélenchon (6 804 444). Mais la tâche semble insurmontable pour l’insoumis. « Ça se complique », assure une tête pensante de la campagne de Mélenchon. Il doit désormais faire 38% et Le Pen 10% sur les bureaux restants, d’après les calculs de l’état-major de la France Insoumise.

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Encore près de 6 millions de bulletins à dépouiller. Le site du ministère de l‘Intérieur est formel : à minuit, les résultats ne sont pas encore complets, «calculés sur la base de 86% des électeurs inscrits». Soit 41 565 968 électeurs. Comme 48,7 millions d’électeurs étaient inscrits dans toute la France, et en comptant une abstention autour de 25%, on peut estimer qu’il reste un peu moins de 6 millions de bulletins à dépouiller.

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Le NPA appelle à faire barrage au RN mais ne donne pas de consigne. Philippe Poutou a la défaite digne mais amère. Son camp a été siphonné, notamment par Jean-Luc Mélenchon. Le NPA passe de 1,1% à moins de 0,7 en cinq ans: «Nous savons aussi que bien d’autres se sont reconnus dans notre candidature mais ont préféré glisser un autre bulletin dans l’urne, espérant voter utile.» Poutou ne décolère pas contre Emmanuel Macron: «Le désaveu de ce quinquennat profite hélas à l’extrême droite.» Mais le syndicaliste candidat ne barguigne pas et appelle à faire barrage contre Marine Le Pen qui est «un poison car, par le racisme, elle cherche à attiser la haine contre les populations immigrées et d’origine immigrée, et la division, visant à les surexploiter et à détourner les salarié·es de vrais responsables des crises, du chômage et de la misère». «Notre consigne de vote est claire : pas une voix ne doit aller à l’extrême droite. Pour autant nous ne donnerons pas de consigne de vote en faveur de Macron, car c’est un pompier pyromane dont les politiques sont une des causes de la montée du RN. Macron n’est en rien un rempart contre l’extrême droite qui a progressé durant son quinquennat», peut-on lire dans le communiqué du parti.

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Un vent d’espoir chez les insoumis. Dans les couloirs du Cirque d’Hiver, l’ensemble des élus LFI arbore un large sourire. Sans faire preuve de triomphalisme, on commence à croire à un retournement de situation. Les députées Mathilde Panot, Danièle Obono et l’eurodéputée Manon Aubry se prennent dans les bras. «On est comme vous, on attend», glisse chaque élu LFI interrogé. Devant la salle parisienne, on a retrouvé du baume au cœur et on chante de nouveau. Outre «résistance», on crie «la jeunesse emmerde le Front national». Adversaire que les insoumis espèrent désormais surpasser.

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Une diffusion pirate sur l’antenne de France Inter à Paris. L’antenne de France Inter a été piratée ce dimanche soir par un brouillage d’écoute et la diffusion d’un «discours» sur son réseau FM de Paris-Est au moment de l’annonce des premiers résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Un «émetteur pirate a soufflé la fréquence de la station», une technique interdite, a précisé la radio à l’AFP, confirmant une information du journal Le Monde. Selon le quotidien, « un discours de quelques minutes dirigé contre les politiques, les technocrates ou encore les journalistes » a été diffusé « en boucle » pendant plus d’une heure. France Inter « n’a pu identifier le contenu de ce discours ». La radio a précisé que « seul le réseau couvrant le 20e arrondissement de Paris a été concerné ». « On l’a découvert par un tweet » d’un particulier, a ajouté la radio qui n’avait reçu aucune revendication à 23 heures.

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Une manif sauvage émaillée de violences à Rennes. «La jeunesse emmerde le Front national.» C’est en reprenant la bien connue chanson des Béruriers Noirs que plusieurs centaines de personnes sont parties en manif sauvage, ce dimanche soir, dans les rues du centre de Rennes. Très mobile, le cortège entend protester contre les deux protagonistes du second tour, derrière une banderole « Ni fachos, ni bourgeois ». Sur son passage, diverses barricades sont érigées, certaines étant mises à feu. Du mobilier urbain a également été détruit.

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Au QG de Mélenchon, on ne croit pas au retournement. Il est 22h51. Le Cirque d’hiver, plein à craquer il y a une heure, s’est vidé. Ne restent que 150 irréductibles qui trinquent, satisfaits malgré tout de la campagne accomplie. On retrouve petit à petit le sourire. D’autant qu’une estimation ne donnant Jean-Luc Melenchon plus qu’à 0,8% de Marine Le Pen circule. « On remonte, mais je garde la tête froide, je ne pense pas que ça puisse évoluer », estime une des plus proches du candidat. « Hey vous entendu ça ? On est à moins d’un point », lance un militant à son groupe d’amis. « Ouais mais je pense malgré tout que c’est plié », souffle Régis. « Après y’a encore la tribune, poursuit-il en plaisantant. S’il faut je prends la parole pour réagir si on se qualifie ». Sarah abonde : « si demain on est au second tour, je donne 5€ pour la cagnotte de Yannick Jadot ».

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Le jour d’après. Au lendemain du premier tour, les deux candidats qualifiés pour le second tour de la présidentielle auront des agendas assez différents. Emmanuel Macron effectuera un déplacement de campagne, se rendant toute la journée dans les Hauts-de-France sans que les détails exacts ne soient encore connus. Marine Le Pen, elle, reste à Paris. Pour l’heure, l’agenda de la candidate d’extrême droite ne mentionne qu’une «réunion du bureau de campagne élargi» en début d’après-midi. Un rendez-vous évidemment ouvert aux caméras.

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Au QG BFM, Stéphane Le Foll dépité. « Si le Parti socialiste ne change pas profondément, il est mort. » Avachi dans un fauteuil noir, seul avec son équipe dans une salle jouxtant le buffet où patient les autres invités, Stéphane Le Foll est désabusé. Et pour cause : sa candidate Anne Hidalgo plafonne en-dessous de 2% des voix. « Depuis le début, notre campagne n’a pas été comprise, en rien. J’avais prévenu », regrette l’ancien ministre, qui avait réclamé en vain une primaire contre la maire de Paris. « Maintenant, il y a une vraie réflexion à mener sur notre positionnement politique. Cela aurait dû être fait il y a longtemps. On a critiqué le quinquennat Hollande, d’accord, mais on n’a rien proposé derrière. » Désormais, le maire du Mans se projette vers les élections législatives et espère que les socialistes feront campagne sur les questions démocratiques et sociales. Mais pas question pour lui de s’unir avec Jean-Luc Mélenchon, qui a pourtant terminé troisième du premier tour avec plus de 20% des voix. «Trop radical », assure-t-il. Par Samuel Ravier.

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La remontée de Mélenchon. Pas sûr que ça suffise à nourrir autre chose que des regrets. Mais Jean-Luc Mélenchon fait une remontée impressionnante dans les estimations de vote. Crédité à 20 heures de 20,1% des suffrages exprimés par Ipsos, à plus de 3 points de Marine Le Pen (23,3), le candidat insoumis n’a cessé de voir son score progresser depuis. A 20h30, le voici à 20,3%. A 21h20, Mélenchon est à 21,1% tandis que Le Pen stagne à 23,4%. Peu avant 22 heures, le voilà à 21,7%. Et à 22h30, le député des Bouches-du Rhône émarge à 22,2%. Marine Le Pen est à 23%. L’insoumis n’est plus qu’à 0,8 points de la candidate d’extrême droite.

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Emmanuel Macron, la victoire par le vide sidéral. Le Président a finalement réussi à vider la droite républicaine de tous ses arguments et d’engranger le vote utile des électeurs effrayés. Il aura contribué plus que tout chef d’Etat avant lui à la normalisation du discours populiste d’extrême droite en France. L’édito de Dov Alfon.

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Macron troque le «je» pour le «nous». Posé dans un décor turquoise délavé, devant une bannière proclamant « Nous tous », le président-candidat donne dans le lyrisme. Il est arrivé largement en tête du premier tour, plus de cinq points devant Marine Le Pen. Mais c’est bien la candidate du Rassemblement national qui semble assise sur une réserve de voix conséquente. Macron en appelle donc à « l’humanisme, aux Lumières et aux valeurs de 1789» et parle enfin de pouvoir d’achat. « Tels sont les enjeux du 24 avril (...) Je mettrai toutes mes forces pour vous convaincre que le seul projet pour le pouvoir d’achat c’est le nôtre, que le seul projet contre la vie chère, c’est le nôtre (...) Quel que soit le territoire - nous tous -, quelles que soient nos options - nous tous- quelles que soient nos croyances - nous tous - c’est cela la France, s’égosille le candidat de La République en marche. Durant les 15 jours à venir, nous ne ménagerons aucun effort. Rien n’est fait! Le 24 avril, nous pouvons faire le choix d’une nouvelle époque française, le 24 avril, nous pouvons faire le choix de l’espoir ».

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Patrick Kanner pense déjà aux législatives. « Pour nous, c’est pas une surprise, mais t’as vu pour Pécresse? », lance un militant PS, au téléphone avec un camarade. « Quand je me regarde je me désole, quand je me compare je me console » : ce dicton québécois résume bien l’état d’esprit des sympathisants PS réunis dimanche soir au Poinçon, l’ancienne gare de la petite ceinture transformée en resto branché où la maire de Paris, Anne Hidalgo, a fait un passage éclair, le temps de prendre acte de sa déroute historique – 2% des voix, ce qui la place en avant-avant dernière position, devant le NPA et LO - et d’appeler à voter Emmanuel Macron au 2e tour. Après le départ de la candidate, on se rue vers le buffet et joue des coudes pour atteindre le bar où la bière coule à flots : la vie continue. Ce n’est pas la fête, certes, mais pas non plus la sinistrose. Comme après la pluie, vient le soleil, après le 2e tour, viendra le 3e : les législatives. Et les socialistes misent clairement sur leurs 25 députés sortants pour sauver l’honneur du parti. « Est-ce que le socialisme est à 1,8%?, feint de s’interroger le sénateur du Nord Patrick Kanner. Evidemment, non ». Le président du groupe socialiste au Sénat attend un « rééquilibrage » en faveur de la gauche lors des législatives, à condition que « la gauche », c’est-à-dire le PS, le PCF et EELV, s’unissent. Car « si le 12 juin il y a quatre candidats qui se présentent, aucun ne sera au second tour », prédit l’ancien ministre de la Ville, qui milite au PS depuis ses 17 ans. L’union, mais sans Jean-Luc Mélenchon, qui est sans aucun doute « une bête de campagne », mais « n’a rien fait de son bon score de 2017» et ne « gouverne aucune collectivité ». Par Eve Szeftel.

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Soutien de Pécresse, Wauquiez toujours silencieux sur son choix au second tour. Alors que Lyon s’était autoproclamée «capitale de la macronie» en 2017, les premières tendances fournies par la préfecture du Rhône à 20 heures placent sans surprise Emmanuel Macron en tête dans le département, devant Marine Le Pen, qui réaliserait, elle, un score plus élevé de trois points que les estimations nationales d’Ipsos pour France Télévisions. Sarah Peillon, référente départementale LREM, juge le résultat «bon», y voit «une reconnaissance de la gestion de la crise et du bilan» mais refuse de considérer que «tout est fait». Pour les écologistes, à la tête de la métropole et de la ville de Lyon, le score de Yannick Jadot, en-deça de 5%, est une «grande déception», a estimé le maire Grégory Doucet, qui vise déjà au-delà du second tour de la présidentielle: «Tout se jouera au 3e tour, pour les prochaines législatives. Nous devons convaincre les Français.» Tandis que Valérie Pécresse, placée en cinquième position derrière Eric Zemmour, a rapidement déclaré qu’elle glisserait un bulletin pour Macron au second tour, Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, reste silencieux. A cette heure, aucune consigne de vote, déclaration ni tweet de celui que la déroute de la candidate LR pourrait remettre sur le devant de la scène politique. Par Maïté Darnault, correspondante à Lyon.

il y a 1221 jours

Dans les coulisses de BFM, piques et boutades entre soutiens de candidats. Suivie d’une nuée de collaborateurs, de collaboratrices et de caméras, Rachida Dati débarque dans les locaux de la chaîne de télévision. L’ancienne candidate à la mairie de Paris est d’humeur badine, malgré le résultat cataclysmique de sa candidate Valérie Pécresse, qui n’a obtenu que 5% des voix. Elle croise le député de La France insoumise Alexis Corbière, tout juste sorti du plateau. «Ça va?» «Je suis triste», répond l’insoumis. Elle lui lance une pique. «Je ne suis pas là pour régler des comptes. Mais ça montre que c’était atteignable», rétorque Alexis Corbière. Puis Rachida Dati tombe nez-à-nez avec le ministre de la Santé Olivier Véran, venu la saluer dans la loge des maquilleuses. «Ah te voilà, toi! Ça tombe bien, ça fait longtemps que je cherchais un vaccin», plaisante-t-elle avant d’entrer dans l’arène. Par Samuel Ravier.

il y a 1222 jours

Au QG de Valérie Pécresse, des mines déconfites et une ambiance de fin de soirée. Malgré quelques acclamations lors de son discours, les militants présents au QG parisien ne masquent pas leur déception face au faible score de la candidate LR. Si la plupart trouvent le résultat «injuste» vis-à-vis de la présidente de la région Ile-de-France, dans la salle, certaines langues se délient. «5% ce n’est pas terrible…», admet Yann, la cinquantaine, qui s’attendait au moins au triple. «Peut-être que c’est son charisme qui n’a pas convaincu, lâche-t-il. Les gens ont besoin d’un leader, d’un guide dans l’obscurité. Et puis elle est trop étiquetée comme ayant du pognon et pas assez d’empathie envers une France précarisée». Lui va voter contre l’extrême droite au second tour. Valérie Pécresse, dans son discours, a également annoncé qu’elle donnerait sa voix à Emmanuel Macron et incité ses soutiens à faire de même. Mais dans la salle, les «on verra bien» et «il faut que je réfléchisse» lâchés par la poignée de militants encore présents trahissent que peu d’entre eux suivront aveuglément son choix. Par Alexandra Pichard.