En résumé :
- La gauche est, ce dimanche 7 juillet, en tête du second tour des législatives. Le Nouveau Front populaire vire en tête avec 178 élus, auquel il faudra ajouter 12 élus divers gauche, 2 PS et 1 élu écologiste qui s’étaient présentés en dehors de l’alliance, soit 193 élus de gauche. Suivent les représentants de la majorité sortante avec 150 députés, et ceux de l’extrême droite (RN et union de l’extrême droite) avec 142 députés. Pour atteindre la majorité absolue, il faut obtenir 289 sièges.
- Emmanuel Macron va attendre de connaître la «structuration» de la nouvelle Assemblée pour déterminer qui il va appeler à former un gouvernement, a annoncé ce dimanche soir l’Elysée.
- Ce dimanche 7 juillet, la participation s’est élevée à 66,63% des personnes inscrites sur les listes électorales, selon les chiffres définitifs du ministère de l’Intérieur. C’est très légèrement moins qu’au premier tour (66,71%), contrairement aux estimations des instituts de sondages qui donnaient la participation en hausse.
- Dès leur publication par le ministère de l’Intérieur dans la soirée, retrouvez l’ensemble des résultats par circonscription du deuxième tour des élections législatives 2024 sur le site de Libération.
Les résultats définitifs sont tombés. Le Nouveau Front populaire vire en tête avec 178 élus, auquel il faudra ajouter 12 élus divers gauche, 2 PS et 1 élu écologiste qui s’étaient présentés en dehors de l’alliance, soit 193 élus de gauche. Suivent les représentants de la majorité sortante avec 150 députés, et ceux de l’extrême droite (RN et union de l’extrême droite) avec 142 députés.
«La suite ne s’annonce pas si simple que ça» Libération est allé recueillir les réactions des militants de gauche venus assister aux résultats du second tour des élections législatives place de la République, à Paris. Après la joie, beaucoup se concentrent sur l’avenir qui s’annonce compliqué.
Meyer Habib perd son siège à l’Assemblée. Le député de la 8e circonscription des Français établis hors de France (qui recouvre Chypre, la Grèce, Israël et la Palestine, l’Italie, Malte, Saint-Marin, la Turquie et le Vatican) a perdu son siège au Palais Bourbon, qu’il occupait depuis 2013. C’est une surprise : ce proche de Benyamin Nétanyahou avait pourtant devancé de 11 points son adversaire au premier tour. Caroline Yadan (majorité présidentielle), qui a précédemment été la suppléante de Stanislas Guerini (lequel a, de son côté, perdu ce dimanche dans la 3e circonscription de Paris), siégera donc à sa place à l’Assemblée nationale.
À Lyon, après les cris de joie, les cris de guerre. Vers 23 heures, alors que les manifestants se sont dispersés après l’intervention des forces de l’ordre, un groupe d’une cinquantaine de nervis d’extrême droite, «cagoulés et armés» selon le compte X antifa Lyon Insurrection, se sont rassemblés place des Célestins, dans le IIe arrondissement. Non loin de là, deux étudiantes rassurent des passants : «On n’est pas trop inquiètes, on les voit à toutes les manifs», affirme la première. «On est plus souvent confrontées à la violence des flics qu’aux fachos», complète l’autre en donnant l’exemple de ce soir : «CRS ou fachos, c’est un peu la même chose. Ce soir, on a un peu les deux.» Le tout, expliquent-elles, est «de ne pas perdre ses potes et de ne pas rentrer seul.» Ni de perdre la bonne humeur de ce soir : «On a gagné, tout le monde chantait, on savait pourquoi on était là, c’était trop cool, jusqu’à ce que les flics arrivent.» Depuis minuit, ces derniers filtrent ou bloquent tous les ponts qui enjambent la Saône, en direction de la rive gauche, comme s’ils tentaient d’éviter que les militants d’extrême droite repartent vers le Vieux-Lyon. Des vidéos tournent sur les réseaux, où on les entend scander «Avant, avant, Lion le melhor !», le cri de guerre de la ville de Lyon au Moyen-Âge, récupéré depuis par les identitaires locaux. «Ils sont en train d’être pris en tenaille», confirme à Libération une source sécuritaire. Par Théo Mouraby
La place de la République évacuée. «Sortie, rue Faubourg du Temple avenue de la République», ordonne la police aux citoyens venus manifester, place de la République à Paris, leur soulagement à l’issue des élections législatives ce dimanche. En début de soirée, la place avait pris des airs festifs, mais, peu à peu, les sourires ont commencé à être remplacés par des masques, après que les forces de l’ordre ont répliqué à des tirs de feu d’artifice en direction du cordon de CRS avec des lacrymogènes. Au rythme des mouvements de foule, des vagues de sympathisants de gauche s’engouffrent dans le métro. D’autres ne voulaient pas arrêter la fête. Agglutinés sous la statue de la statue, les heureux de la soirée continuaient de scander leur joie, sous la surveillance accrue des forces de l’ordre. Mais les derniers joyeux cherchent désormais à quitter la place de la République, les yeux embués par les gaz. Devant eux, le cordon de CRS de la rue du Temple s’est renforcé. La place est complètement vidée. Par Lucas Zaï–Gillot
Pari gagnant pour les dissidents insoumis. Les «purgés» Alexis Corbière, Danielle Simonnet et Hendrik Davi, écartés par La France insoumise, retrouvent finalement tous leur siège à l’Assemblée nationale.
Lire notre article
Qui sont les néodéputés de gauche ? Arrivé en tête du second tour des élections législatives anticipées ce dimanche, le Nouveau Front populaire devrait faire entrer 177 à 192 députés à l’Assemblée nationale. Un score surprise qui reste loin de la majorité absolue, à 289 sièges, mais offre à la gauche une avancée inespérée : en 2022, la Nupes avait envoyé 151 élus au Palais Bourbon. De l’Ile-de-France à la Bretagne en passant par les Pyrénées, tour d’horizon de ces néodéputés de gauche.
Le militant des droits de l’enfant Lyes Louffok n’entrera pas à l’Assemblée. A l’issue du second tour, le candidat investi par le NFP est battu dans la première circonscription du Val-de-Marne par le candidat des Républicains, en ne récoltant que 36 % des suffrages.
Résultats des législatives 2024 : dans les Pyrénées-Atlantiques, Jean Lassalle largement battu, le candidat NFP réélu. Le médiatique double candidat à la présidentielle, qualifié de justesse au second tour, ne reviendra pas à l’Assemblée. Dans une triangulaire, il a été devancé par le député sortant, le socialiste Iñaki Echaniz, et le RN dans la 4e circonscription des Pyrénées-Atlantiques.
De Londres à Paris, c’est le «soulagement». A la Gare du Nord, les derniers Thalys à la robe rouge carmin arrivent en provenance d’Amsterdam, tandis que les rames des Eurostars de gris et de jaune vêtus, en provenance de Londres se rangent sur les quais les plus éloignés. Ici l’espace européen est une réalité multiquotidienne, Brexit ou pas. Georges tire sa valise d’un pas décidé et a suivi les résultats à bord du train. Il relate une séquence qui l’a amusé : «A 20 heures (heure de Paris) sur le quai de la gare saint Pancras, il y a eu un cri et les voyageurs ont applaudi.» «Soulagé» est le qualificatif qui revient le plus souvent, y compris chez Edwin, citoyen britannique doublement satisfait de la victoire des travaillistes chez lui et du bon score de la gauche en France. Étienne, militant écologiste, affiche un grand sourire en évoquant le score de la formation qu’il soutient : «Le plus important» poursuit il, est que Bardella soit renvoyé dans les cordes. «C’est maintenant à Macron de jouer. Marine Tondelier ou Yannick Jadot pourraient faire de bons premiers ministres», dit-il encore, avant de marquer un temps d’arrêt : «Jean Luc Mélenchon, non ce n’est pas possible.» Par Franck Bouaziz
Olivier Véran concède sa défaite. L’ancien porte-parole du gouvernement et ex-ministre de la Santé Olivier Véran, qui était candidat dans le 1ere circonscription de l’Isère, concède sa défaite face à Hugo Prévost, un étudiant de 24 ans qui portait les couleurs du Nouveau front populaire. «Hugo Prévost a désormais la charge de vous représenter au Parlement. Je remercie chacune et chacun d’entre vous, croisés au hasard des rues, pour la richesse de nos échanges. Si je me risquais ici à les résumer, je dirais moins d’inégalités et moins d’insécurité. Ce soir, ma défaite se confond et s’efface derrière la victoire d’un pays qui a une fois encore dit non à l’extrême droite. Nous sommes passés près. Prenons soin de ce qui nous unit. De l’autre côté de l’été viendra je l’espère le temps de la réconciliation», écrit-il sur X (anciennement Twitter). Hugo Prévost a été élu avec 42,35% des suffrages exprimés, tandis qu’Olivier Véran en a recueilli 40,24% et que le candidat de l’union de l’extrême droite Alexandre Lacroix a obtenu 17,41% des votes exprimés.
Je n’ai connu plus grand honneur que de servir mon pays et les habitants de cette magnifique première circonscription de l’Isère depuis 2012. En triangulaire face aux candidats du RN et de la LFI, nous avons avec mon équipe défendu les valeurs en lesquelles nous croyons.
— Olivier Véran (@olivierveran) July 7, 2024
Hugo…
La fête lyonnaise finit dans la confusion. A Lyon, après des scènes de liesse du peuple de gauche, abondées de slogans sociaux et antifascistes, la manifestation s’est spontanément dirigée vers le nord du centre-ville. Vers 22h30, les forces de l’ordre sont intervenues suite à la casse d’un McDonald’s, rue du président Edouard-Herriot. Depuis, la tension est montée d’un cran, la police déployant de grandes quantités de lacrymogène sur la majorité de la presqu’île où des groupes éparpillés se reforment. Manifestants ou simples passants pris dans la confusion tentent de fuir les nappes de gaz par les rues étroites. Un manifestant, une bière à la main, n’a pas perdu son sens de l’humour : «Allez, on fait pas la gueule : on n’a gagné quand même !» Dans la 3e circonscription du Rhône, l’écologiste Marie-Charlotte Garin était arrivée en tête dès le premier tour. Et les trois autres circos lyonnaises (la 1ère, la 2e et la 4e) viennent d’être remportées par des députés de l’alliance des gauches. Par Théo Mouraby
L’ancien ministre de la Santé Aurélien Rousseau (NFP) élu dans les Yvelines. Cela relève presque de l’exploit : parachuté et pris en triangulaire dans la 7e circonscription des Yvelines, historiquement classée à droite, l’ancien ministre de la Santé Aurélien Rousseau est élu et recueille 39,14% des suffrages à l’issue du deuxième tour ce dimanche. De leur côté, la candidate Renaissance Nadia Hai et la candidate RN Babette de Rozières ont recueilli 32,95% et 27,91% des voix.
Lire ici
Un indépendantiste basque à l’Assemblée nationale. Pour la première fois, non pas un, mais deux indépendantistes entreront dans l’hémicycle : après l’élection d’Emmanuel Tjibaou, fils du leader kanak Jean-Marie Tjibaou en Nouvelle-Calédonie avec le Nouveau Front populaire, c’est au tour du Basque Peio Dufau de gagner sous la même bannière, dans la 6ème circonscription des Pyrénées-Atlantiques. S’exprimant toujours en basque et en français, le membre du parti EH Bai («Euskal herria bai», «Pays basque oui») devient ainsi le premier député «abertzale» de l’histoire, un courant indépendantiste de gauche basque né il y a 61 ans.
La fête est finie place de la République, à Paris. Plusieurs grosses détonations ont saisi la foule et ont fini par la faire fuir. Avenue de la République, plusieurs vélibs entassés au milieu de la route ont été enflammés. Les batteries des vélos électriques ont fini par exploser. Les CRS bloquent plusieurs rues autour de la place. La joie du début de soirée a disparu sous un nuage de lacrymos.
Tibo InShape a voté pour la majorité. Le Youtubeur le plus influent en France, l’influenceur fitness Tibo InShape, a dévoilé à ses abonnés - 11 millions d’abonnés sur TikTok, 9 millions sur Instagram - avoir voté pour le parti présidentiel. «Vous êtes trop persuadés de savoir pour qui je vote. Mais pas besoin de pleurer, je vote “Ensemble” Maintenant, je peux vous le dire sans vous influencer, les élections sont terminées», a-t-il annoncé sur ses comptes. Arborant un drapeau français dans ses biographies et dans sa salle de sport, Tibo InShape est régulièrement accusé de promouvoir des positions conservatrices, voire d’extrême droite. D’autres influenceurs majeurs, comme Squeezie ou Léna Mahfouf, ont de leur côté salué la défaite du Rassemblement national - contre qui ils avaient appelé à voter contre - par de sobres cœurs aux couleurs du drapeau tricolore.
Dans les Bouches-du-Rhône, le RN rafle la mise. Les Marseillais sont sortis manifester leur joie sur le Vieux-Port et dans la ville ce dimanche soir à l’annonce des bons résultats du Nouveau Front de gauche à l’échelle nationale. Mais mieux vaut ne pas regarder les résultats à la loupe : dans le département des Bouches-du-Rhône, les résultats (hors Marseille) ne vont pas vraiment dans le sens de la tendance nationale : sur les huit circonscriptions hors Marseille où l’on votait ce dimanche – la 12e ayant déjà été remportée la semaine dernière par le RN-, le RN conserve ses quatre circonscription (la 8e, la 9e, la 10e, la 15e et la 16e) et remporte de surcroît trois circonscriptions supplémentaires : la 8e, où le sortant (Renaissance) Jean-Marc Zulesi est battu de justesse (50,24% contre 49,76%), la 13e, où le député sortant communiste Pierre Dharréville cède son siège à Emmanuel Fouquart (52,87%) et la 14e, où Anne-Laurence Petel (Renaissance), qui avait choisi de se maintenir en triangulaire coûte que coûte malgré sa troisième place, finit troisième, le RN Gérault Verny (37,28%) l’emportant. Ce qui fait donc huit circonscriptions sur neuf pour le Rassemblement national... Seul Marc Pena à Aix s’en sort, offrant au Nouveau Front populaire une victoire serrée (50,23%). Le député sortant (Modem) Mohamed Laqhila, arrivé troisième au premier tour, avait choisi de se retirer pour éviter une victoire du RN. Par notre correspondante Stéphanie Harounyan
Les résultats du second tour affinés. A chaque estimation d’Ipsos pour France Télévisions, la gauche gratte quelques nouveaux sièges. Selon les dernières, publiées à 22h30, le Nouveau Front populaire obtiendrait entre 177 et 192 sièges, et les candidats de gauche hors NFP 14. Ensemble obtiendrait pour sa part de 152 à 158 députés, et le Rassemblement national, en troisième place, entre 138 et 145 députés, avec ses alliés de LR. En position de majorité relative, la gauche pourrait donc se retrouver aux affaires dans les prochaines semaines. Emmanuel Macron devrait, comme la tradition l’exige, proposer les clés de Matignon à une personnalité du NFP.
Dans un village de la Somme, omerta autour du vote RN. Dans la très rurale troisième circonscription de la Somme qui englobe la côte picarde à l’exception de la sous-préfecture Abbeville, le sortant Emmanuel Maquet était l’un des derniers députés LR de la région Hauts-de-France. Il était très largement distancé, au premier tour, par le candidat du RN, Matthias Renault, énarque parachuté, collaborateur parlementaire du groupe RN à la commission des finances. L’ancrage local a longtemps été un atout majeur. Emmanuel Maquet, maire de Mers-les-bains, avait résisté à la vague marcroniste de 2017 avec 60% des suffrages, puis à la vague du Rassemblement national avec 54%. A Oisemont, village d’un millier d’habitants, une conseillère municipale, salariée d’une verrerie toute proche, assiste, consternée, au dépouillement des 567 bulletins de vote. Renault devance très largement le député LR. Elle ne comprend pas que ses voisins puissent voter aussi massivement pour un parachuté lepéniste. Elle le comprend d’autant moins que le sujet n’est jamais abordé. Pas plus dans le voisinage qu’au sein du conseil municipal. Elle a sa petite idée sur ce que peut voter tel ou tel élu. Mais aucune certitude. C’est en silence, dans la plus grande discrétion, que l’électorat de la ruralité plébiscite l’extrême-droite. Un peu plus tard, elle apprendra qu’avec 54% des voix, le candidat RN remporte la circonscription. Par Alain Auffray
Cyril Hanouna réagit aux résultats. Il avait promis qu’il quitterait le pays en cas de victoire du Nouveau Front populaire, mais pour l’instant, il reste. Le Bolloré boy Cyril Hanouna a posté sur X (anciennement Twitter) dimanche soir le message suivant : «Bon bah les chéris les élections c le contraire de l école des fans c pas tout le monde a gagné c tt le monde a perdu! Je vous aime comme vous êtes sachez le! Tous! Et ne stressez pas ça va être juste très figé. Ça nous promet une rentrée de fou. Je vs aime fort et je suis là.» Alors, bye-bye ou pas ?