En résumé :
- Après les écologistes lundi 2 mai et les communistes mardi 3 mai, c’est au tour des socialistes de toper ce matin pour un «accord de principe» avec le parti de Jean-Luc Mélenchon. Le conseil national du PS doit encore valider jeudi soir. Les négociations à gauche se poursuivent ce mercredi avec le Nouveau parti anticapitaliste.
- Les investitures législatives des différents partis commencent à tomber. Des plus surprenantes aux plus sérieuses, en passant par les embarrassantes.
- Un (avant-dernier) conseil des ministres s’est tenu à la mi-journée autour d’Emmanuel Macron à l’Elysée. Le président réélu planche toujours sur la composition de son futur gouvernement.
Valérie Rabault «ne peut soutenir» l’accord avec LFI. La présidente du groupe PS à l’Assemblée nationale annonce dans un court texte qu’elle « ne peut soutenir » l’accord passé avec la France insoumise pour les législatives pour ne pas « trahir » ses collègues sortants non retenus. « L’accord exclut 4 circonscriptions de députés et de députées sortants de mon groupe, écrit celle qui aurait refusé Matignon il y a quelques jours. Soutenir cet accord me conduirait à trahir mes collègues élus de ces 4 circonscriptions. Je ne trahirai pas mes collègues comme je ne trahirai pas mes convictions. » Encore une voix forte du PS qui fait défaut...
Des socialistes prêts à la dissidence dans l’Hérault. «L’accord national d’Olivier Faure, dans l’Hérault, on s’assoit dessus, et confortablement !» Le sénateur PS Hubert Bourgi n’y va pas par quatre chemins pour dire, à Public Sénat, ce qu’il pense du texte négocié entre son parti et la France insoumise pour les législatives. Dans le département, le sénateur PS annonce qu’il y aura des candidats PS dissident, soutenus par la présidente PS d’Occitanie, Carole Delga ou le président PS du département, Kléber Mesquida. «Ce qui va se passer dans l’Hérault va se passer dans des dizaines de départements en France. L’accord ne sera peut-être respecté que dans un département sur deux», veut croire le parlementaire. La journée de demain s’annonce chaude au sein du Parti socialiste, dont le Conseil national doit entériner - ou non - l’accord le soir même.
Un homme blessé par les insoumis. Au quotidien régional, Bernard Cazeneuve explique sa décision en évoquant «la violence, l’outrance des positions, les insultes» qu’il dit avoir subi de la part de LFI lorsqu’il était au gouvernement, «notamment lorsque s’est produite la tragédie de la mort de Rémi Fraisse». «J’ai aussi une conception nette et ferme de la laïcité, de la République, qui interdit toute convergence avec ceux dont la pensée sur ces questions est plus qu’ambigüe, poursuit l’ancien maire de Cherbourg. Et puis il y a cette hostilité ancienne de la LFI au projet européen auquel je ne saurais me résoudre, alors même que j’ai toujours été un acteur engagé pour la réorientation des politiques de l’Union. C’est donc en fidélité à mes convictions que j’ai fait mon choix.»
Bernard Cazeneuve annonce qu’il quitte le Parti socialiste. Dans un entretien à la Manche libre, l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve annonce qu’il a quitté le PS après l’accord conclu ce mercredi matin avec la France insoumise. Sans attendre la décision du Conseil national du PS, qui doit se prononcer jeudi soir sur l’accord, Cazeneuve met donc sa menace à exécution. Mardi, l’ancien ministre de François Hollande fustigeait les dirigeants actuels du PS qui ont «perdu leur boussole». Et menaçait de quitter le parti. C’est chose faite.
Jean-Marc Ayrault dénonce «le rafistolage» de l’accord PS-LFI. Dans la lignée de la plupart des éléphants du parti, l’ex-Premier ministre socialiste critique ce mercredi soir l’entente trouvée avec la formation de Jean-Luc Mélenchon pour les législatives de juin. «Je suis profondément déçu par le texte qui vient d’être rendu public. Je vous dis mon désaccord avec regret», déclare Jean-Marc Ayrault. «C’est du rafistolage», estime-t-il, dénonçant le «prix exorbitant» payé par le parti socialiste, qui serait «absent dans 500 circonscriptions sur 577». «Il y a une forme de démission qui n’est pas défendable», regrette l’ancien chef du gouvernement de François Hollande. May the Faur-ce be with Olivier.
Derniers jours pour les inscriptions sur les listes électorales. Vous n’avez pas pu voter à la présidentielle ? Dépêchez-vous, les législatives vont vous passer sous le nez. Il est possible de s’inscrire jusqu’à ce mercredi en ligne, et vendredi en mairie ou par voie postale, en vue des législatives des 12 et 19 juin. On vous explique.
Le boulanger qui avait lutté pour son apprenti guinéen est candidat dans le Doubs. Stéphane Ravacley, le patron d’une boulangerie de Besançon qui s’était opposé à l’expulsion de son apprenti, est soutenu par EE-LV pour le scrutin de juin. L’artisan, devenu célébrité locale après avoir mené un long combat pour s’opposer à l’expulsion de Laye Fodé Traoréiné espère rafler la circonscription au député LREM sortant, Eric Alauzet. Il devrait partir en campagne avec la bannière commune aux forces de gauche.
L’union de la gauche plébiscitée. 84 % des sympathisants de gauche interrogés dans un sondage publié ce mercredi par Elabe et réalisé auprès de 1 000 personnes se disent favorables à l’accord entre les différentes formations de gauche. 64 % d’entre eux considèrent que ces partis ont davantage de points communs que de différences. Plus largement, 37 % des Français estiment que Jean-Luc Mélenchon et l’union de la gauche incarnent le mieux l’opposition à Emmanuel Macron, devant Marine Le Pen (33 %). Enfin, 23 % des personnes interrogées estiment que l’alliance de gauche peut remporter les législatives, contre 21 % pour La République en marche et ses alliés, et 14 % pour le Rassemblement National (39 % ne se prononcent pas sur un vainqueur).
La liste des circonscriptions obtenues par les socialistes. Dans l’accord passé avec la France insoumise - qui doit encore être validé par le Conseil national du PS jeudi soir -, le parti à la rose obtient 70 circonscriptions où des candidats socialistes pourraient être investis par l’union de la gauche. Parmi les éléments marquants, le premier secrétaire Olivier Faure (dans la 11e de Seine-et-Marne) et la présidente du groupe PS à l’Assemblée Valérie Rabault (dans la 1re du Tarn-et-Garonne) conservent leurs circos, mais le parti n’en a que deux à Paris. Voici la liste obtenue par Libération.
Olivier méta-Faure. A mi-chemin avec Eric Cantona qui avait parlé des mouettes et du chalutier à la sortie de son procès en 1995, le patron du PS emprunte une formule sibylline à Jean Jaurès face aux tirs croisés venant de son camp ce mercredi après-midi.
« C’est en allant vers la mer que le fleuve est fidèle à sa source » Jean Jaurès.
— Olivier Faure (@faureolivier) May 4, 2022
François Hollande tacle l’entente avec LFI. «Je récuse l’accord sur le fond et même sur les circonscriptions», réagit l’ancien président socialiste auprès du journal La Montagne ce mercredi. Mais lui n’annonce pas sa décision avant le Conseil national du parti à la rose, prévu ce jeudi soir : «c’est une question qui doit être tranchée par le conseil national du PS.» Selon l’entourage de l’ancien chef de l’Etat cité par le journal local, François Hollande ne s’exprimera plus en détail qu’en «début de semaine prochaine». La semaine dernière, il avait averti qu’un accord PS-LFI représenterait «la disparition du Parti socialiste».
Pendant ce temps-là, Djebbari s’impatiente à son bureau. Au milieu des annonces fusant sur l’union de la gauche, du psychodrame au PS et des partis qui investissent leurs candidats, le ministre délégué chargé des Transports semble exaspéré par les atermoiements d’Emmanuel Macron. Djebbari publie ce mercredi une nouvelle vidéo sur Tiktok, intitulée «quand ça fait dix jours qu’on attend un nouveau gouvernement», avec la légende «même Rihanna va sortir son album avant». Le ministre est coutumier des vidéos courtes sur ce réseau social prisé des plus jeunes.
@jbdjebb Si ça continue, même Rihanna va sortir son album avant. #pourtoi #fyp
♬ son original - Félicie 🤍
Claude Bartolone, suite et fin ?
Et très heureux de le faire en lisant ce genre de commentaire ! https://t.co/j92Mtx3wKA
— Claude Bartolone (@claudebartolone) May 4, 2022
Les socialistes parisiens mauvais perdants. Après l’éviction de la padawan d’Anne Hidalgo, Lamia El Aaraje, dans la 15e circonscription de la capitale, la fédération PS de Paris va probablement appeler ses représentants au Conseil national à voter jeudi soir contre l’accord avec LFI, selon Rémi Féraud, le chef de la majorité socialiste au Conseil de Paris. L’ex-députée socialiste de la circonscription n’a pas été investie, remplacée par l’insoumise Danielle Simonnet après les tractations entre les deux partis. Anne Hidalgo, elle, n’aurait pas l’intention de sortir de son silence, préférant «se concentrer sur Paris», selon son entourage. De son côté, la direction du PS se félicite que les «1,7 % de la présidentielle [le score d’Anne Hidalgo] se soient transformés en 70 circonscriptions» à l’issue des négociations avec LFI, «une prouesse».
Quand l’élève va défier le maître. Sofiane Dahmani, 18 ans, va se présenter aux législatives dans la 9e circonscription du Rhône. Cet habitant de Villefranche-sur-Saône, qui se revendique «non encarté» et «ni de droite, ni de gauche», selon Le Progrès, voit la députation comme la première étape vers son rêve de devenir président de la République, afin de «changer ce monde rempli d’inégalités». Mais avant l’Elysée, sur sa route vers le palais Bourbon, Sofiane Dahmani trouvera en face de lui son… professeur de philosophie au lycée, Alexandre Portier, adjoint au maire de Villefranche et candidat Les Républicains.
Claude Bartolone éclaircit son orthographe mais pas sa position…
Se termine ! Maudite écriture automatique ! https://t.co/XWzULfLrQP
— Claude Bartolone (@claudebartolone) May 4, 2022
Le NPA pas emballé emballé. Avant une nouvelle rencontre entre le Nouveau parti anticapitaliste et l’Union populaire «en fin d’après-midi», la formation d’extrême gauche «regrette» dans un communiqué «que le PS soit ainsi intégré, et pas de manière marginale, à l’alliance en construction pour les législatives. Ce parti, malgré les nombreuses ruptures en son sein, reste le parti du social-libéralisme, aux affaires dans de nombreuses régions et départements. À gauche, nous sommes des millions à vouloir tourner la page des politiques qu’il a menées». Malgré ce «mauvais signal», la porte ne semble pas totalement fermée : «si les conditions sont réunies, la direction large du NPA, le Conseil politique national, se réunira exceptionnellement demain soir en vue de la validation d’un possible accord.»
Ceci est écrit noir sur blanc dans le communiqué commun PS-LFI entérinant leur accord. Pourtant, il y a 0% de chances que la droite du PS, LREM, la droite, l'extrême droite cessent leurs procès injustifiés en communautarisme, islamogauchisme et j'en passe https://t.co/5EC4kVVdje pic.twitter.com/fZ4Pc1PMhM
— Etienne Baldit (@EtienneBaldit) May 4, 2022
Cambadélis s’étouffe dans sa barbe (qu’il n’a pas). «La direction du PS dit partager des objectifs programmatiques communs avec Mélenchon. Ce qui est la signature d’une reddition», dénonce l’ex-Premier secrétaire socialiste sur Twitter. Celui qui critiquait lundi dans nos colonnes cet accord comme une inféodation à la France insoumise appelle désormais «les socialistes à refuser cet accord sous toutes les formes possibles que ce soit lors d’un vote des militants ou au Conseil national ou autre».
La 15e circonscription de Paris suscite des remous. La désignation de l’insoumise Danielle Simonnet pour être candidate en lieu et place de la socialiste Lamia El Aaraje, en vertu de l’accord LFI-PS, a du mal à passer. Cette dernière «ne peut être la sacrifiée d’un accord d’appareils», déplore le sénateur Rachid Temal sur Twitter. Celui qui avait dirigé la campagne d’Audrey Pulvar, proche d’Anne Hidalgo, aux régionales en Ile-de-France en 2020, vole au secours de cette protégée de la maire de Paris. Lamia El Aaraje «a gagné sa circonscription contre Danielle Simonnet [à la législative partielle de juin 2021], elle ne peut la perdre sur tapis vert», rappelle-t-il. La candidate malheureuse à l’investiture devrait tenir une conférence de presse vendredi matin, selon Le Figaro, au lendemain du Conseil national du PS qui doit entériner l’accord avec les insoumis.