En résumé :
- «Ce ne sera pas une formalité, bien au contraire» : le Parti socialiste soumet jeudi soir à son parlement interne l’accord noué avec La France insoumise pour les législatives.
- Le parti présidentiel va changer de nom, a annoncé Stanislas Guerini ce jeudi. Fini La République En Marche, place désormais à «Renaissance».
Le Conseil national du PS a voté à 62,31 % en faveur de l’accord avec les Insoumis pour les législatives. Sur 292 votants, 167 ont voté pour, 101 contre et 24 se sont abstenus.
Olivier Faure replace la radicalité de Mélenchon dans l’histoire de la radicalité socialiste. Il cite DSK et son «réformisme radical» et rappelle que le projet porté par François Mitterrand se voulait radical, lui aussi. Il rappelle également que le PS s’est allié avec le PCF durant la Guerre Froide, malgré ses liens avec l’URSS. «Nous n’avions pas eu ces pudeurs de gazelles» Et de marteler : «La gauche de gouvernement, c’est d’abord la gauche.» Offensif, Faure invite ses camarades à «embrasser le mouvement social». «Plutôt que de se battre entre nous, à gauche, nous devrions rechercher comment travailler ensemble même si nous sommes différents. Les Insoumis ont besoin de tous les autres» juge-t-il.
Olivier Faure, le premier secrétaire du PS prononce son discours de clôture. Il commence par rappeler le score microscopique de la candidate PS à l’élection présidentielle «que personne ne peut oublier». Façon de cogner son auditoire au mur du réel, notamment tous ceux qui se voyaient investis et élus aux législatives. «Au lendemain du premier tour la question n’était pas qui voulait être candidat mais qui avait l’énergie pour ? Il y a seulement 12 circonscriptions où Anne a dépassé les 3 % et aucune où nous avons dépassé les 5 %» rappelle-t-il tout en disant qu’il «comprend la frustration» des candidats aux législatives déçus. «Le débat c’est d’abord : est ce qu’on veut Macron ait tous les pouvoirs ou est ce qu’on propose une alternative ? Si notre seule obsession est le débat entre la gauche et la gauche, la seule alternative sera l’extrême droite», rappelle le patron du PS.
Le député Boris Vallaud défend les trois blocs. «J’entends le désir d’union qui s’est exprimé au premier tour, déclare l’élu. Nous devons être dans l’union des gauches parce que nous sommes de gauche et qu’il y a face à nous un bloc d’extrême droite et un bloc libéral» .
François Kalfon fait applaudir Cazeneuve qui vient de quitter le PS avant de dézinguer la direction : «Allez-vous exclure Delga qui soutient des dissidents ? On va tous les perdre. On a perdu d’avance. Aucun de nos cinq présidents de région ne soutient cet accord».
Laurent Baumel, qui était parmi les négociateurs, invoque le sens de l’histoire : «Allons-nous redevenir le grand PS d’autrefois ? Celui que les gens aimaient ? Aucun d’entre nous n’a adhéré au PS pour appartenir à un groupuscule. A travers ce vote nous avons le choix entre la fin d’une histoire et le début d’une histoire».
Manuel Valls aura un député LREM en face de lui. Stéphane Vojetta s’était dit surpris, faute d’avoir été consulté, quand le nom de l’ancien Premier ministre avait été associé dans la presse à sa circonscription ces derniers jours. La nouvelle a été confirmée ce jeudi soir par «Ensemble», le mouvement de la majorité pour les législatives : Manuel Valls sera bien candidat dans la 5e circonscription des Français de l’étranger (Espagne, Portugal, Andorre et Monaco). Dans un communiqué publié sur ses réseaux sociaux, Stéphane Vojetta explique refuser de se mettre en retrait aux dépens de l’ex-socialiste : «J’ai démontré mes principes, mon engagement et ma fidélité à la majorité présidentielle et à ma communauté française. J’en suis fier. Ces valeurs sont précisément ce qui me pousse aujourd’hui à refuser les parachutages et autres soubresauts de l’ancien monde. Je serai donc candidat aux élections législatives dans cette circonscription.» Malgré tout, il assure rester «un loyal soutien au Président de la République» et souhaite siéger dans la majorité s’il est élu.
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Mennucci, le baron marseillais sort la sulfateuse contre Mélenchon. «Vous croyez vraiment que Mélenchon va être élu Premier ministre ?, interroge Patrick Mennucci, opposant acharné à la direction. Parce que si vous croyez à ce que vous dites il faudra défendre le programme de Mélenchon», qu’il appelle le «leader Maximo». «Ça conduira le pays à une situation ingérable», tonne-t-il. Et Mennucci d’interpeller Olivier Faure, le patron du PS : «Qu’est-ce que vous allez faire quand il faudra autoriser les burkinis dans les piscines, quand il faudra rentrer dans l’alliance bolivarienne ?»
La rage de l’ex-députée de Paris Lamia El Araaje : «Vous allez m’exclure si je suis dissidente ?» L’accord topé avec les insoumis l’oblige à se retirer au profit de Danielle Simonnet dans la 15e circonscription de Paris. Au Conseil national l’ex-députée socialiste sortante qui avait battu Simonnet ne pas cache pas sa colère : «J’ai toujours défendu l’union mais pour la fédération de Paris et pour moi particulièrement le compte n’y est pas. Une alliance se construit dans le respect des partenaires et dans la justice. Je ne suis pas un éléphant du PS, je ne suis pas un traître. Qu’est-ce que vous allez faire pour réparer cette injustice ? Vous allez m’exclure si je suis dissidente ?» lance-t-elle à ses camarades.
Pour Laurence Rossignol, c’est un accord «électoral qui va permettre [au PS] de faire élire un maximum de députés.» La sénatrice et ancienne ministre de la famille de François Hollande souligne combien rester en dehors de l’union pourrait coûter au parti. «A mes yeux c’est un accord électoral qui va nous permettre de faire élire un maximum de députés. Ce n’est pas un contrat de gouvernement. Il faut redescendre un peu sur terre. Nous y trouvons notre compte. Combien aurions-nous de députés si nos candidats étaient seuls face aux candidats de l’union ?» Et la sénatrice de dédramatiser la soumission aux insoumis dénoncée par les opposants à la NUPES : «La recomposition de la gauche commence au lendemain des élections législatives», argue-t-elle.
Pierre Jouvet négociateur du PS de l’accord dénonce les bâtons dans les roues de ses camarades. «Le Conseil national démarre […] Ordre du jour : l’accord NUPES», a annoncé Olivier Faure, le premier secrétaire du PS aux alentours de 19 h 25. «Je vous appelle à la responsabilité», a déclaré la numéro 2 du parti Corinne Narassiguin, en ouverture de la réunion au siège du PS à Ivry-sur-Seine. Quelques dizaines des 300 membres sont venues, les autres assistant aux échanges en visioconférence. Ensuite Pierre Jouvet, le chef des négociateurs socialistes, a rapporté comment se sont déroulées les tractations avec LFI et justifié les compromis passés : «Il n’est pas forcément évident pour les derniers rentrants (le PS) d’accepter le cadre proposé.» Il explique combien les opposants en interne à cette alliance lui ont compliqué la tâche : «A chaque prise de position de socialistes contre l’accord dans la presse, on avait l’impression de perdre une, deux circonscriptions, pendant les négociations. On a été mis en difficulté», dénonce-t-il.
Législatives : pour les candidats de gauche évincés par la Nupes, «il n’y a pas la place pour des aventures individuelles». Au nom de l’union, trouvée mercredi entre les principaux partis de gauche et écologistes, des candidats se retirent de la course au profit des personnes investies par l’alliance. D’autres déçus, plus rares, entendent quand même briguer une circonscription en juin. Lire leurs témoignages.
L’avocat et chroniqueur Charles Consigny candidat LR dans les Yvelines. Les investitures étaient tombées dans toutes les circonscriptions des Yvelines. Sauf une… Le futur candidat se réservait l’annonce pour ce week-end, après une «dernière validation par les instances de LR». Charles Consigny doit porter les couleurs du parti dans la quatrième circonscription du département aux élections législatives, selon une information du Figaro, confirmée à Libération. Engagé pendant la présidentielle auprès de Valérie Pécresse l’avocat et chroniqueur des «Grandes gueules» sur RMC assume ce parachutage face à la députée sortante LREM, Marie Lebec. Lire notre article.
Exceptionnellement, un Conseil national ouvert à la presse pour éviter les fuites orchestrées par les opposants. Le siège du parti socialiste, à Ivry-sur-Seine, est assailli par les caméras. Les socialistes réunis en Conseil national (CN) doivent voter pour accepter ou refuser l’accord législatif scellé avec les insoumis pour rejoindre la Nouvelle Union populaire sociale et écologique (NUPES), qui réunit toute la gauche. Normalement, les débats se déroulent à huis clos. Mais lors de chaque CN c’est la même chose : des propos sortent dans la presse et suscitent des polémiques. La direction accuse ses opposants d’envoyer ses extraits à dessin, qui ne représenteraient pas la teneur des débats. Elle a donc décidé cette fois-ci de convier les journalistes discrètement pour que les opposants n’aient pas le temps de crier à la violation des règles. «Ça va leur faire bizarre ils vont plus être le seul canal d’info», s’amuse une socialiste. Une guerre par voie de presse alors que le vote s’annonce serré et les débats mouvementés. Par Charlotte Belaïch
C’est parti chez les Socialistes ! Le Conseil national du PS a débuté. Les cadres du parti de tout le territoire - 300 au total - doivent voter l’accord de la Nouvelle union populaire écologiste et sociale (Nupes). Pessimistes en début de journée, les principales figures du parti favorable à une grande alliance de la gauche sont désormais un peu plus confiantes, a appris Libération. Verdict dans quelques heures.
Le Conseil national démarre (le parlement du @partisocialiste qui comprend des représentants de tout le territoire national).
— Olivier Faure (@faureolivier) May 5, 2022
Ordre du jour : l’accord #NUPES
L’essayiste Zineb El Rhazoui candidate de la majorité ? Selon RMC, l’essayiste Zineb El Rhazoui devrait être investie comme candidate «Renaissance» (ex-LREM) dans la 9e circonscription des Français de l’étranger (Maghreb et Afrique de l’Ouest). Pour rappel, l’habituée des plateaux TV a tenu par le passé de nombreux propos polémiques. En 2019, elle avait notamment appelé la police à «(tirer) à balles réelles» sur les délinquants des banlieues.
Edouard Philippe et Jean-Luc Mélenchon, personnalités préférées des Français. D’après un sondage Elabe publié par Les Echos et Radio Classique ce jeudi, les chefs d’Horizons et de La France insoumise sont les personnalités politiques qui plaisent le plus aux Français. 48 % des personnes interrogées ont une bonne image d’Edouard Philippe, ce qui le place loin devant Jean-Luc Mélenchon (37 %), qui fait quand même un bond de sept points par rapport au dernier sondage réalisé fin mars. Viennent ensuite Marine Le Pen et Christine Lagarde (33 %) et Jean Castex (32 %). A noter qu’Emmanuel Macron n’a pas été testé dans cette enquête. En revanche, 34 % des Français disent avoir «plutôt confiance» ou «tout à faire confiance» en lui pour «affronter efficacement les principaux problèmes qui se posent au pays». Un chiffre en baisse de quatre points par rapport à la fin mars.
Carole Delga, frondeuse jusqueboutiste. Elle avait déjà dit être opposée à la Nouvelle union populaire écologiste et sociale (Nupes). Carole Delga, la présidente (PS) de la région Occitanie en remet une couche dans une «Lettre à la Gauche» partagée sur ses réseaux sociaux ce jeudi. Elle assure une nouvelle fois qu’elle votera ce soir lors du Conseil national de son parti contre l’accord. Et met même à exécution sa menace en laissant entendre qu’elle pourrait soutenir les candidatures dissidentes de gauche dans sa région lors des législatives : «J’entends la volonté d’union de la gauche et je la partage, mais j’entends aussi le besoin absolu de sincérité, de clarté, de cohérence et d’honnêteté. […] Je soutiendrai donc les candidats de gauche qui s’engageront avec clarté, en fidélité avec nos valeurs communes.»
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En cas de rejet de l’accord avec LFI, un chamboule-tout géant au PS ? Le Conseil national du PS qui se tient ce soir à Ivry s’apparente de fait à un Congrès, ces réunions qui fixent la ligne du parti. Pour être validé, l’accord électoral et programmatique passé entre la direction du PS et celle de LFI, doit recueillir au minimum 150 voix plus une au sein du parlement du parti qui compte 300 membres. Mais que se passera-t-il en cas de minorité de la majorité ? Tout sera chamboulé : la stratégie et peut-être même les têtes à la tête des roses…
Au PS, on souffle un peu avant le vote de ce soir. Ce matin, les cadres du PS favorables à la Nouvelle union populaire écologiste et sociale (Nupes) ne cachaient pas leur inquiétude, alors que les 300 votants au Conseil national doivent ratifier ce soir l’accord avec les autres forces de gauche. Après la prise de position d’Anne Hidalgo - qui «ne souhaite pas empêcher» l’alliance - et celles des maires de Lille, Nantes, Rennes et Clermont, les socialistes sont désormais un peu plus confiants avant cette «réunion historique», pour reprendre les termes employés par le parti.
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