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Interview

«En reprenant le terme ‘‘remigration’’, Zemmour offre une victoire sémantique aux identitaires»

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Le Pen-Zemmour : la course de Front à la Présidentielledossier
En reprenant un terme importé et popularisé par le mouvement identitaire, qu’il refusait d’employer jusque là, le candidat d’extrême droite franchit un nouveau pas dans la radicalité, analyse la chercheuse Marion Jacquet-Vaillant.
A Paris, en mars. (Denis Allard/Libération)
publié le 22 mars 2022 à 17h29

Le mot dégage encore l’odeur de soufre des marges politiques d’où Eric Zemmour l’a tiré. Lundi soir, sur le plateau de M6, le polémiste d’extrême droite a dévoilé son intention de créer, s’il était élu, un «ministère de la Remigration», dont l’objectif sera de faire partir «un million d’étrangers en cinq ans» − «clandestins, délinquants et criminels étrangers et fichés S étrangers». Si l’idée d’expulser des gens n’est pas nouvelle chez le candidat d’extrême droite (elle constitue même le fondement de son programme), le choix du mot met au jour un pas supplémentaire vers la radicalisation de son discours, puisqu’il reprend le concept phare du mouvement identitaire, soit l’extrême droite la plus groupusculaire et radicale. La «remigration» est certes le pendant logique au «grand remplacement», dont il se veut la solution, mais, conscient de son caractère extrémiste, Zemmour s’était jusqu’à présent refusé à l’employer. Dans son équipe, on chuchote que l’idée est de refaire le coup de Sarkozy en 2007, avec son «ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale». Plus probablement, le terme risque d’enfermer le polémiste dans un positionnement ultramarginal. Docteure en science politique, chercheuse associée au Centre d’études constitutionnelles et politiques (Paris-II), Marion