Didier (1) a l’air désemparé. Il saisit le micro pour raconter son histoire. Une jeune femme, un beau jour, est venue trouver ce gérant de centre commercial pour lui négocier la location d’un fonds de commerce. D’origine marocaine, musulmane mais «pas voilée et légèrement maquillée», elle souhaite ouvrir un kebab, ce qui ne réjouit guère Didier qui finit, bonne pâte, par accepter l’affaire. Quelque temps plus tard, il croise sa nouvelle protégée coiffée, ô stupeur, d’un hijab. Notre homme se sent dupé car le bail est déjà signé et il n’aurait pas accepté la transaction s’il avait su. «Aujourd’hui les avocats me disent : “Vous ne pouvez rien faire, vous ne pouvez pas interdire le voile”», se désole-t-il, en rendant le micro.
Vendredi 30 août matin, sous le plafond mouluré de la salle d’honneur de la mairie d’Autun, en Saône-et-Loire, l’atelier «République laïque» roule depuis une poignée de minutes sur le sujet qui semble préoccuper l’assistance : comment interdire le voile au sein des entreprises, des gymnases et pour les plus motivés, de l’espace public en général ? Le fond de l’air est raide : la causerie se tient sous l’égide du Laboratoire de la République, le think tank de Jean-Michel Blanquer – il n’aime pas cet anglicisme – qui a organisé, du 29 au 31 août, pour la première fois de ses trois années d’existence, des universités d’été dans la sous-préfecture bourguignonne, décrétée pour l’occasion «cœur battant de la République pendant troi