«Un FN gentil, ça n’intéresse personne.» Signée Jean-Marie Le Pen en 2017, la formule exprime comme peu d’autres le désaccord entre l’ex-président du Front national et sa fille Marine, qui lui a succédé en 2011. Pour lui, la raison d’être du parti est de transgresser les termes habituels du débat public. Pour elle, il faut établir avec ces usages un certain nombre de compromis. L’un d’eux, auquel elle s’astreint depuis dix ans, est d’éviter toute controverse sur la Seconde Guerre mondiale. Rare exception : la patronne du FN avait jugé en 2017 que «la France n’est pas responsable [de la rafle] du Vél d’Hiv». Le propos avait scandalisé tous ses adversaires.
On peut comprendre aujourd’hui le désarroi de la candidate : elle voit son probable concurrent Eric Zemmour multiplier les sorties sur le sujet, sans paraître en souffrir dans les enquêtes d’opinion ni se voir accablé par la «droite républicaine». Cette dernière hésite encore à le classer à l’extrême droite ou à tirer devant lui le «cordon sanitaire» censé isoler, depuis quarante ans, le parti lepéniste. Zemmour donne-t-il raison à Jean-Marie Le Pen ?