La tentative de parricide aura bien lieu. Le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, a officialisé ce mercredi 27 août, au 13 heures de TF1, sa candidature à la mairie de Nice. Désormais allié du Rassemblement national depuis les législatives anticipées de l’été 2024, Ciotti entend bien détrôner son ancien mentor Christian Estrosi, élu depuis 2008 – moins un petit intermède à la présidence du conseil régional de Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
« Je veux faire part aux Niçoises et aux Niçois de ma candidature pour devenir maire de Nice [...] pour rassembler, pour réunir et pour donner une nouvelle perspective à cette ville qui souffre aujourd’hui », a déclaré Ciotti. Le député de la première circonscription des Alpes-Maritimes n’a pas manqué de critiquer la «mauvaise gestion» de la ville par Estrosi, parlant d’« insécurité », de «situation financière extrêmement dégradée» et d’«impôts qui ont massivement augmenté».
Ciotti a dit souhaité «une nouvelle espérance pour Nice» en remplaçant «le maire actuel, qui a pu réaliser de bonnes choses, mais qui a dérivé». Parmi les premières mesures de son programme électoral, le président de l’UDR dit vouloir «effacer l’augmentation de 25% des impôts que Christian Estrosi a mis en œuvre l’année dernière», installer «de la climatisation dans les écoles», et que les «aînés bénéficient de structures qui prennent en charge leurs difficultés».
L’ancien président du parti Les Républicains, patron aujourd’hui d’une petite Union des droites pour la République (UDR), se lance donc comme prévu dans ce duel longtemps différé entre deux figures niçoises aux destins étroitement liés. En 1988, fraîchement élu député des Alpes-Maritimes, Estrosi recrute ainsi Ciotti comme attaché parlementaire. Dans les années 2000, le second devient son directeur de cabinet au département des Alpes-Maritimes puis premier adjoint lorsque Estrosi accède à la mairie de Nice.
Mais cette proximité a fini par se transformer en rivalité. En 2009, Ciotti prend alors son indépendance : élu député et président du conseil général (ancien nom du conseil départemental), il se forge une identité politique propre, notamment en se faisant remarquer, dans les médias, par des propos chocs sur les questions de sécurité, tandis qu’Estrosi consolide son pouvoir à Nice et avait commencé à enchaîner les passages à Paris dans les gouvernements de Dominique de Villepin (Aménagement du territoire) puis François Fillon (Outre-Mer puis Industrie).
Affrontement politique à distance
Leur relation glisse progressivement vers la rivalité ouverte. En 2021, Christian Estrosi quitte LR pour se rapprocher du macronisme et prend l’étiquette Horizons, le parti d’Edouard Philippe. En 2024, c’est au tour d’Eric Ciotti de quitter LR et sa présidence pour s’allier, avec pertes et fracas, au Rassemblement national lors des législatives anticipées. Il crée un nouveau parti, l’UDR, creusant encore davantage le fossé politique qui les sépare mais espérant s’appuyer sur le fort vote d’extrême droite à Nice : 38 % à la présidentielle de 2022 si on additionne les résultats de Marine Le Pen (22 %), Eric Zemmour (14 %) et Nicolas Dupont-Aignan (2 %).
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Cette annonce préfigure un week-end d’affrontement politique à distance. Vendredi 29 août, Estrosi convie ses soutiens au jardin Albert-Ier, dans le cœur de Nice – et en plein dans la circonscription de Ciotti depuis 2007… – pour un grand repas populaire, rassemblant plusieurs milliers de convives. Deux jours plus tard, le dimanche 31 août, Ciotti réunira ses troupes à Levens, autre fief politique du patron de l’UDR dans l’arrière-pays niçois. Entre un maire sortant qui va jouer la carte de la continuité et son ancien protégé qui entend incarner une droite «sans compromission», la bataille de Nice est lancée.
Mise à jour à 14h30 avec les déclarations d’Eric Ciotti au 13 heures de TF1.