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Salade niçoise

Eric Ciotti visé par une enquête pour «détournement de fonds publics», il dénonce une «manipulation politique»

Elections législatives 2024dossier
Le parquet de Nice a confirmé lundi 17 juin avoir ouvert fin mai une enquête préliminaire pour «détournement de fonds publics» visant Éric Ciotti, qui a dénoncé «une manipulation politique évidente». Il pourrait avoir bénéficié, avec d’autres, de cartes de parking gratuites à Nice.
Eric Ciotti - et plusieurs de ses proches collaborateurs au conseil départemental - sont soupçonnés d’avoir bénéficié de cartes de parking gratuites sur le port de Nice entre mars 2021 et février 2023. (Xose Bouzas/Hans Lucas. AFP)
publié le 17 juin 2024 à 17h57

Est-il si difficile de se garer sur le port de Nice ? L’antenne départementale de l’association anticorruption Anticor a fait un signalement le 26 avril à propos de cartes de parking gratuites dont Eric Ciotti - et plusieurs de ses proches collaborateurs au conseil départemental - sont soupçonnés d’avoir bénéficié sur le port de Nice entre mars 2021 et février 2023. La permanence d’Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes et toujours président des Républicains malgré l’alliance qu’il a signée avec le Rassemblement national, se trouve sur le port de Nice.

Selon Anticor, plusieurs cartes, dont celle attribuée à la commission des finances du département, présidée par Éric Ciotti, ont été utilisées le soir du second tour des législatives de juin 2022. Un représentant d’Anticor s’est interrogé : «est-ce légal ou pas, cela peut-il constituer un détournement de fonds publics, et dans la mesure où ces cartes ont été utilisées pendant la campagne des législatives de 2022, s’agit-il d’un financement illégal de campagne électorale, vu qu’un candidat ne peut pas bénéficier d’avantages financiers ou en nature de la part d’une société pendant cette période ?» Le procureur de Nice, Damien Martinelli, a indiqué avoir «ouvert une enquête pour détournement de fonds publics le 31 mai à la suite d’un signalement reçu qui vise plusieurs personnes dont Éric Ciotti», confirmant une première information donnée par le Figaro et FranceInfo.

«Je ne me sens pas concerné par cette affaire. Ma sérénité est totale», a répliqué Éric Ciotti dans un communiqué, rappelant les «multiples interventions» du conseil départemental sur le port, qui abrite en particulier un musée et des locaux des pompiers. Dénonçant «une manipulation politique évidente», Éric Ciotti a aussi relevé les liens entre l’auteur du signalement, qui a quitté Anticor depuis, avec son rival Christian Estrosi (Horizons) et le camp macroniste. «Je m’attendais hélas à des coups bas après l’annonce tant attendue de l’union des droites. Je rassure les Français, rien ne me fera céder et reculer, personne ne pourra ni m’intimider, ni me museler. J’ai le cuir épais et fais confiance à la justice», a-t-il conclu. Depuis l’annonce de son accord avec le Rassemblement national pour les législatives anticipées, Éric Ciotti est en guerre ouverte avec une partie des membres de son parti, Les Républicains.

En mai, le parquet avait aussi confirmé l’ouverture d’une autre enquête préliminaire pour détournement de fonds publics après un signalement de l’association AC ! sur des soupçons de cumuls d’emplois au conseil départemental des Alpes-Maritimes. Selon un rapport de la chambre régionale des comptes, quatre collaborateurs du conseil ont travaillé en même temps comme assistants parlementaires sans réaliser les démarches nécessaires, et selon le journal Le Monde, ils étaient au service d’Éric Ciotti.

Créée en 2002, l’association Anticor est impliquée dans plus de 160 procédures. Des plaintes d’Anticor ont entraîné des poursuites concernant la cession de la branche énergie d’Alstom à General Electric et une enquête préliminaire dans les contrats russes d’Alexandre Benalla, l’ex-conseiller du président Emmanuel Macron. Mais sur la Côte d’Azur, certains élus ont dénoncé des signalements abusifs, ne débouchant finalement sur aucune poursuite.