La session de porte-à-porte a l’air classique, ce jeudi 6 juin, à trois jours du scrutin européen. Une petite troupe de militants chargée de tracts avec le visage de la tête de liste LFI, Manon Aubry, et une chorégraphie répétée depuis des semaines. Toc, toc, toc. «Bonjour, on est de La France insoumise», lancent les motivés en chœur avant d’entamer la conversation. Quand personne ne répond, le prospectus atterrit sur le paillasson. Mais l’organisation n’a pas été laissée au hasard.
C’est l’application Canvass, utilisée pour la première fois à grande échelle dans une élection, qui a guidé ce groupe de militants insoumis du Xe arrondissement de Paris. Chacun de leur porte-à-porte depuis un mois a été calculé par le nouvel outil. L’algorithme permet aux militants de dessiner des trajets avec le plus de chance de convaincre, en entrant simplement le nombre de militants disponible, le temps alloué et le point de départ.
Le trajet dessiné par Canvass dépend d’une note sur 100, que l’outil attribue à chaque adresse. Plus le score est élevé, plus les militants ont intérêt à s’arrêter pour toquer à la porte. Pour l’obtenir, l’application agrège une multitude de données : le score de Jean-Luc Mélenchon à la dernière présidentielle et celui de la Nupes aux élections législatives de 2022, tout autant que l’âge des habitants, le niveau de revenu et de pauvreté ou encore le nombre de ménages monoparentau