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Scrutin

Européennes 2024 : en Nouvelle-Calédonie, un vote sous tension

Seulement 13,53 % des électeurs de Nouméa avaient déposé leur bulletin dans l’urne ce dimanche 9 juin, une heure avant la fermeture des bureaux. De nombreuses forces de l’ordre avaient été déployées à proximité, alors que les tensions se poursuivent.
Un bureau de vote à Nouméa, le 9 juin 2024. (Theo Rouby /AFP)
publié le 9 juin 2024 à 18h04

Un scrutin sous haute sécurité. Trois semaines et demie après le début des troubles qui ont secoué l’archipel du Pacifique, le scrutin européen qui s’est déroulé ce dimanche en Nouvelle-Calédonie n’a que peu mobilisé les votants, si l’on en croit les premiers chiffres. Une heure avant la fermeture des bureaux à 17 heures (heure locale), seuls 13,53 % des 222 831 électeurs avaient déposé leur bulletin dans l’urne, une participation en baisse de plus de deux points (16,19 %) par rapport à 2019. Ils étaient 8,81 % à la mi-journée. Quelques heurs ont émaillé le vote, rapporte La 1ère.

En raison du couvre-feu en place à partir de 18 heures imposé à la suite des violences, les bureaux de vote avaient ouvert une heure plus tôt que d’habitude, à 7 heures locales dimanche. A Nouméa, les autorités ont regroupé les 57 bureaux de vote au sein de six sites pour mieux assurer la sécurité des électeurs. Une mesure exceptionnelle prise en raison des troubles particulièrement intenses dans la capitale, et qui ont fait huit morts. Le 13 mai dernier, la mobilisation contre le dégel du corps électoral a viré à l’insurrection.

Ce dimanche, le centre de vote situé à l’hôtel de ville, protégé par des policiers municipaux avec aux abords une vingtaine de gendarmes, a ouvert sous le bruit de détonations venues des quartiers situés au nord de la capitale.

Barricades, incendies… Les violences persistent

La nuit de samedi à dimanche a connu un regain de violences sur les points chauds occupés par des indépendantistes ayant érigé des barrages, auxquels les loyalistes ont répondu par d’autres points de blocage. La ville est bardée de barricades, faites de planches, de grilles métalliques, de pneus, de branchages, rendant la circulation particulièrement difficile. Sur la double voie express VE1, un arbre fraîchement coupé a entravé la circulation. Plus loin, des gendarmes ont été envoyés pour évacuer une place, faisant notamment usage de gaz lacrymogènes. Dans le quartier d’Auteuil, des feux ont été allumés au niveau de plusieurs ronds points. Du côté de Tuband, des individus ont brûlé la maison des jeunes du quartier.

Avec environ 112 000 (41 %) des 271 000 habitants du pays en 2019, année du dernier recensement, la communauté kanake restait la plus importante, devant les Européens (24 %) les Wallisiens et Futuniens (8 %) et les Tahitiens (2 %), 11 % des répondants ayant déclaré appartenir à plusieurs communautés. Les Kanaks sont redevenus majoritaires vers 1956 : avec 35 000 personnes, ils représentaient alors 51 % de la population. Malgré une très forte natalité au cours des six décennies suivantes, ce pourcentage a chuté jusqu’à 39 % en 2014, sous l’effet d’une forte immigration liée aux booms de l’industrie du nickel et encouragée par les autorités nationales.