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Propositions

Européennes : muscler le budget «défense», «Frontex sanitaire», «majorité numérique» à 15 ans… Valérie Hayer présente son programme

Elections européennes 2024 dossier
Après avoir dévoilé 30 premiers noms et avant un meeting à la Mutualité, la majorité a détaillé ce lundi 6 mai des propositions alliant «gravité» et «enthousiasme» et destinées à redynamiser une campagne poussive.
La candidate Renaissance pour les élections européennes de juin, Valérie Hayer, lors d'un meeting à Toulouse lundi 29 avril. (Lionel Bonaventur/AFP)
publié le 6 mai 2024 à 16h31

Beaucoup d’angoisse, un peu d’espoir. Présentant ce lundi 6 mai au QG parisien de Renaissance ses 48 propositions de campagne, la tête de liste Valérie Hayer a vanté «un programme ambitieux pour faire que l’Europe ne meure pas» et pour «créer demain une Europe puissance». Des formules piochées dans le discours d’Emmanuel Macron, le 25 avril à la Sorbonne – le chef de l’Etat s’affiche d’ailleurs à côté de la candidate sur la couverture du livret qui doit être distribué durant le pont de l’Ascension par les militants –, et la même tonalité sombre reprise depuis deux mois par le camp présidentiel soucieux de dramatiser l’enjeu «existentiel» du scrutin du 9 juin, sur lequel plane évidemment l’invasion russe de l’Ukraine. «La construction européenne est menacée à la fois par des puissances extérieures et, de l’intérieur, par les nationalistes européens», résume ainsi Pascal Canfin, colistier de Valérie Hayer.

Pour contrer cette première menace et donner corps au souhait du Président de bâtir une «initiative européenne de défense», la liste Renew souhaite voir chaque Etat muscler son budget «défense» (pour le porter à 2 % du PIB en 2025 et à 3% d’ici 2030) et propose d’investir, en la matière, 100 milliards d’euros au niveau européen. Favorable à un emprunt pour créer ce fonds de soutien aux industries de défense, Nathalie Loiseau, numéro 5 sur la liste Hayer, prône une «préférence européenne» sur les achats d’armement. Toujours dans l’idée de renforcer une capacité de défense propre à l’UE, les macronistes veulent instaurer une «force de réaction rapide européenne» apte à mener de concert des missions d’urgence, l’évacuation de ressortissants ou la protection des routes maritimes du continent. Afin de couper les ponts énergétiques avec Moscou, la majorité vise aussi une sortie des hydrocarbures russes l’an prochain.

«Plan Marie Curie»

L’approche des sujets économiques, sociaux et écologiques est tout aussi défensive. Hayer et ses colistiers proposent une batterie de mesures et de normes pour faire de l’Europe «un continent de production» respectant l’environnement. Il est notamment question de clauses «miroirs» pour vérifier que les produits importés respectent les mêmes règles que les productions européennes. Un «Frontex sanitaire» s’assurerait du respect des normes sanitaires et environnementales dans les aéroports et les ports. Dans la droite ligne du discours de la Sorbonne, Hayer vante un «Plan Europe 2030» reposant sur 1 000 milliards d’euros d’investissements et un «emprunt en commun de long terme», une proposition encore iconoclaste pour de nombreux partenaires de la France. Le but est de faire de l’UE un champion dans cinq domaines : l’énergie, les transports, le numérique, la recherche spatiale, et la santé. Sur ce dernier point, les macronistes ont marketé un «plan Marie-Curie» promettant des investissements massifs pour la recherche sur le cancer, les maladies dégénératives et l’autisme.

Vision d’une Europe assiégée, encore, sur les questions démocratiques et les droits individuels. La majorité présidentielle entend inscrire le recours à l’IVG dans la charte européenne des droits fondamentaux, interdire les thérapies de conversion visant les personnes LGBTQI + et instaurer une «majorité numérique» à 15 ans, avec contrôle parental et vérification «systématique» de l’âge pour l’accès aux sites interdits aux mineurs. Il est aussi question d’un «bouclier démocratique contre les ingérences étrangères» pour interdire les financements extra-européens pour les partis politiques.

Erasmus dès le primaire

Dans ce tableau très anxiogène, les macronistes ont prévu quelques notes plus légères en matière de culture et d’éducation, avec le projet d’un «pass culture européen», un «pass rail illimité» pour les jeunes, la construction d’écoles et d’universités européennes et un programme Erasmus qui commencerait dès le primaire avec le jumelage numérique de toutes les écoles du continent. Un enthousiasme presque nostalgique, rappel d’une époque où construction européenne allait de pair avec l’enthousiasme pour l’ouverture des frontières et la création d’une monnaie unique. «Les pro-européens ont envie qu’on leur dise “Erasmus et l’Ukraine”, pas l’un ou l’autre, diagnostique le porte-parole de la campagne, Clément Beaune. Il faut tenir à bout de bras cette gravité et cet enthousiasme.» C’est aussi sur le risque d’un message trop décourageant qu’alertent des cadres de la campagne. L’enjeu étant, selon un député Renaissance, de ne «pas laisser à Raphaël Glucksmann le monopole de l’optimisme européen».