«Une gigantesque farce», une décision prise «de la pire des façons». Jacques Attali juge très sévèrement la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée par Emmanuel Macron. Appel à faire battre le Rassemblement national aux élections législatives, programme économique du Nouveau Front populaire, souvenirs de la cohabitation de 1986 à 1988 que l’ancien conseiller spécial de François Mitterrand a vécue aux premières loges... L’économiste et écrivain a reçu Libération.
Votre colère face à la dissolution est-elle retombée ?
Non, je n’ai aucune raison d’être moins en colère contre les acteurs de cette gigantesque farce. D’une certaine façon, tout cela était écrit depuis longtemps, même si la décision du Président a accéléré un processus déjà en marche. Comme souvent avec des hommes fiers, il a refusé de se laisser imposer un rythme et a dissous, à mon avis, de la pire des façons. Faire ça avant les Jeux olympiques, c’est scandaleux. On devait avoir les Jeux de 1924, on va avoir ceux de 1936. Beaucoup lui avaient conseillé de dissoudre au lendemain de sa réélection en avril 2022 : «Faites les élections en vingt jours, de façon à bénéficier de votre élan.» Il ne l’a pas fait. Deux mois plus tard, il a perdu les élections, presque volontairem