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Libération
Décomplexé

Racisme : la justice saisie pour les propos sur les Maghrébins d’un candidat RN de l’Yonne

Le procureur de la République a été saisi ce mercredi 3 juillet pour des propos jugés racistes prononcés par Daniel Grenon, député sortant RN de l’Yonne. Dans un débat organisé par «l’Yonne républicaine», il a estimé que les «Maghrébins […] n’ont pas leur place dans les hauts lieux».
Daniel Grenon, élu député de l'Yonne en 2022, est arrivé en tête au premier tour des législatives le 30 juin 2024 dans sa circonscription. (Karim Daher/Hans Lucas)
publié le 3 juillet 2024 à 10h48
(mis à jour le 3 juillet 2024 à 16h29)

Le procureur de la République a été saisi ce mercredi 3 juillet, après des propos jugés racistes prononcés par Daniel Grenon, député sortant RN de la 1ère circonscription de l’Yonne et candidat à sa réélection, dans le journal local l’Yonne Républicaine. Il y estimait que : «des Maghrébins sont arrivés au pouvoir en 2016, ces gens-là n’ont pas leur place dans les hauts lieux». Lors du premier tour des élections législatives anticipées, il est arrivé en première position avec 40,4 % des voix.

Le premier secrétaire de la fédération du PS de l’Yonne, Mani Cambefort, a dénoncé sur X des propos «clairement racistes qui tombent sous le coup de la loi». Il avait déclaré saisir «le procureur de la République au titre de l’article 40 du code de procédure pénale. Nous ne laisserons rien passer. Jamais. La République ne reconnaît que des Français, tous égaux». L’article 40 oblige «tout officier public qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit» à saisir le procureur de la République.

Le procureur de la République à Auxerre Hughes de Phily a confirmé à l’AFP «avoir été saisi» par «un élu local qui a souhaité dénoncer des paroles constitutives selon lui d’une incitation publique à la haine, à la violence ou à la discrimination». «Ce signalement est pris en compte et actuellement à l’étude au parquet d’Auxerre», a ajouté le procureur.

Quelques minutes avant cette annonce, Daniel Grenon se défendait dans un communiqué, assurant que cette citation était «erronée» et ne reflétait «en rien [sa] pensée ni [ses] paroles». Et de ressortir l’élément de langage déjà utilisé à plusieurs reprises par Jordan Bardella : «par exemple, la présence d’un Franco-Russe à la tête de nos services de renseignement poserait des questions légitimes». La phrase exacte prononcée dans l’interview serait, selon lui : «Des Maghrébins binationaux comme Najat Vallaud-Belkacem sont arrivés au pouvoir et c’est très bien, mais ils n’ont pas leur place dans certains postes en hauts lieux du fait de leur binationalité qui peut poser un problème d’allégeance.»

L’Yonne Républicaine indique cependant disposer de plusieurs enregistrements des propos prononcés lors du débat avec la candidate du Nouveau Front Populaire, Florence Loury, arrivée deuxième avec 25,34 % des voix. Le journal local assure que la phrase citée dans le communiqué de presse de Grenon est erronée, et maintient la citation qui a suscité de vives réactions. Florence Loury, elle, avait réagi au cours de l’interview : «Quand j’entends M. Grenon, j’entends qu’il est raciste.»

L’écologiste n’est pas la seule à avoir été heurtée par ces propos du candidat : «Honte à ceux qui ont banalisé l’extrême droite», a ainsi écrit sur X Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice. Guillaume Larrivé, qui était député Les Républicains de l’Yonne avant d’être battu par Grenon, s’est aussi fendu d’un tweet : «Voilà ce que déclare le député RN qui m’a battu en 2022 et a, depuis, doublé le nombre de ses électeurs […] Vox populi, vox dei ? Attention, danger.»

Mise à jour : ajout vers 16h30 de la confirmation du procureur de la République.