Eric Zemmour maîtrise suffisamment l’histoire pour ne pas avoir choisi le nom de son parti au hasard. Et comme très souvent dans ses discours, on retrouve un lien avec… l’islam. Baptisé «Reconquête !», le nom fait explicitement référence à la «reconquista» espagnole. En 722, les différents souverains chrétiens de la péninsule ibérique lancent leur offensive pour reprendre leurs terres occupées par les musulmans depuis 711. Cette «reconquête» espagnole sera presque achevée sous le règne de Ferdinand III, roi de Castille et de Tolède, cinq siècles plus tard. La lutte contre les Maures prend alors l’aspect d’un combat contre les infidèles. Lequel cesse ensuite de se réduire à de simples considérations foncières pour se transformer en véritables croisades. Après Cordoue, Murcie et Jaén, Ferdinand III parvient à prendre la ville de Séville en 1248. A cette date, le royaume d’Espagne est pratiquement constitué, à l’exception d’une ville, Grenade, restée sous le contrôle des Maures en échange du versement d’une colossale somme d’argent.
Reportage
Mais la reine Isabelle Ière de Castille, surnommée «la très catholique», veut régner sur un royaume uniquement basé sur la foi chrétienne. L’enclave musulmane de Grenade l’indispose au plus haut point : la ville sera assiégée pendant près de six mois par 50 000 hommes. Grenade, symbole de près de huit siècles de présence musulmane en Espagne, finira par tomber en 1492. Cette même année, Isabelle, sous l’influence du grand inquisiteur, Torquemada, chasse les juifs d’Espagne. En 1502, les musulmans seront à leur tour expulsés. Eric Zemmour, certes, ne parle pas d’expulsion de tous les musulmans mais il revendique leur «assimilation», dit clairement qu’il a un «problème avec l’islam» sans faire de différence avec l’islamisme, promet, s’il est élu, de renvoyer dans leur pays d’origine les délinquants ayant une nationalité étrangère et se dit capable d’arrêter «l’immigration». «Qu’elle soit légale ou illégale, on arrête tout, y compris le regroupement familial», répète-t-il. Candidat à la présidentielle, Eric Zemmour a revêtu son propre habit de croisé.