Lancé une poignée de minutes avant l’entrée en scène de Marine Le Pen un soir de février à Vallauris (Alpes-Maritimes), l’argument ressemble surtout à un aveu. «Le problème n’est pas de se faire plaisir, c’est de savoir aujourd’hui qui peut battre Emmanuel Macron. Et c’est Marine Le Pen. J’ai de la sympathie pour Eric Zemmour, […] mais c’est une illusion lyrique séduisante», discourt ce vendredi 11 février l’eurodéputé RN Thierry Mariani devant quelque 600 sympathisants frontistes à l’enthousiasme branché sur courant alternatif. Le plaisir et la séduction : en creux, l’ex-ministre de Sarkozy, reconverti en (piètre) chauffeur de salle pour sympathisants d’extrême droite, met au jour deux denrées faisant désormais cruellement défaut à la boutique lepéniste. Deux affects qui, peut-être plus encore que les divergences de lignes ou de stratégie, pourraient expliquer le succès de la nouvelle offre concurrente d’Eric Zemmour et de son mouvement Reconquête dans le petit marigot de l’extrême droite militante.
«Ce n’est même plus deux salles, deux ambiances, c’est une salle et une prison», soufflait récemment un élu RN, tenté par la traversée du Rubicon. De fait, entre les deux écuries, la comparaison semble se faire à la défaveur des lepénistes. D’un côté, la frénésie des messes zemmouriennes et ses foules plus nombreuses communiant dans une ambiance de contre-révolution joyeuse, bourrée d’hormones et revisitée à la sauce électro. Ce qui, dans le contexte de la guerre en