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Nomination

Le Rassemblement national recrute un membre d’un think tank opposé aux énergies renouvelables

Egalement passé par l’administration de Bercy et la campagne d’Eric Zemmour, Corentin Jousserand sera conseiller du groupe d’extrême droite à la commission des finances de l’Assemblée nationale.
Corentin Jousserand, en 2017. (Capture YouTube)
publié le 12 septembre 2024 à 11h23

Marine Le Pen a beau répéter qu’elle n’est ni de droite ni de gauche, c’est toujours à droite, entre Zemmour et Les Républicains, qu’elle va piocher ses recrues. En témoigne l’embauche de Corentin Jousserand, 27 ans, comme conseiller du groupe Rassemblement national (RN) à la commission des finances de l’Assemblée. Passé par la Direction générale des entreprises de Bercy, après des études à HEC et Sciences-Po, le jeune homme n’a pas le profil type du militant lepéniste, en général moins diplômé et inséré dans les lieux de pouvoir. C’est d’ailleurs auprès d’Eric Zemmour qu’il s’engage, en 2021, comme petite main chargée de la rédaction de notes sur l’industrie et l’énergie – il commence à l’époque à travailler au sein de l’équipe industrie-pharmacie du service de l’industrie, à Bercy.

Après la présidentielle ratée de Zemmour, Marion Maréchal prend la direction des pôles programmatique et Jousserand s’éloigne un peu de la politique pour préparer l’ENA, qu’il ne décroche pas, puis y revient à la rentrée 2023, en s’engageant dans le think tank Ecologie responsable. La structure regroupe une bande de jeunes gravitant autour de Les Républicains (LR), désireux de se faire une place en investissant le créneau inoccupé de l’écologie de droite, qui consiste surtout à vanter l’innovation technologique et à imputer aux écologistes la montée de l’écoscepticisme. Son directeur général a participé à la campagne de Michel Barnier lors des primaires de droite en 2021 – il se présente aujourd’hui comme un des proches du Premier ministre – et son porte-parole travaille comme conseiller au sein du groupe LR du Sénat.

Jousserand y rédige deux tribunes, une pour le Figaro dans laquelle il plaide pour la réindustrialisation de la France, et une dans Atlantico où il défend les beaux paysages contre la France moche des entrées de villes et, forcément, les éoliennes et les panneaux solaires «L’amour de la patrie passe par la terre, écrit-il. Et l’identité d’un peuple émane de ses paysages, comme l’écrivait Barrès dans Colette BaudocheContacté, Ecologie responsable annonce à Libé que le statut de «chercheur associé» de Jousserand ne sera pas renouvelé en raison de son engagement dans le parti d’extrême droite.

Technosolutionniste, opposé aux énergies renouvelables et identitaire, l’écologie de Jousserand ressemble comme deux gouttes d’eau à celle du RN, pour lequel il commence à fournir des notes début 2024. L’élection de son prédécesseur, Matthias Renault, ex-conseiller à la commission des finances et parachuté dans la Somme en juillet, précipite son embauche à ce poste technique mais hautement stratégique, à quelques semaines de l’examen du budget.