Un dimanche mathématique. Victor fait les comptes sur ses deux mains. Nous sommes sur la place Stalingrad, à Paris, à la tombée de la nuit. Victor, étudiant en casquette, cherche la sortie de secours en attendant le discours de Jean-Luc Mélenchon. «Il faudrait combien de députés de gauche pour avoir la majorité ?» Il lui manque des mains pour arriver au bout du compte. Les résultats des élections européennes sont encore frais et le président de la République a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale. Victor reprend les comptes. «Je ne m’attendais pas à cette décision ce soir mais ça devait arriver. Il ne pouvait plus gouverner», dit-il froidement. Ça ne surprend pas grand monde. Le Rassemblement national est à la porte de Matignon et Victor hoche ses deux épaules.
Révolution miniature
«Je suis prêt à les combattre mais je ne suis pas étonné.
- Pourquoi ?
- Ils sont tous les jours à la télé et leurs idées sont reprises par de nombreux politiques. Jordan Bardella n’a même plus besoin de faire campagne.»
La place Stalingrad se vide après le discours de Jean-Luc Mélenchon. Un avocat fait les comptes lui aussi. Il se pose aussi une question : «Pourquoi maintenant ?» Silence. Personne ne sait.