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Libération
Reportage

«Le vote a été en partie volé» : au QG du RN, les militants encaissent leur troisième place aux législatives

A 20 heures ce dimanche 7 juillet, la déception l’emportait parmi les soutiens du parti d’extrême droite réunis à Paris après les résultats du second tour des législatives, où le Rassemblement national arrive derrière le Nouveau Front populaire et le parti de Macron.
Au QG du RN après l'annonce des résultats, le 7 juillet. (Denis Allard/Libération)
publié le 7 juillet 2024 à 21h40

Comme lors de précédents grands raouts électoraux, c’est au Pavillon Chesnaie du Roy que le Rassemblement national a donné rendez-vous à ses troupes. Sis dans le Parc Floral (XIIe arrondissement de Paris), dans le Bois de Vincennes, l’ancien restaurant reconverti en espace événementiel peut accueillir, sur 1 000 m², jusqu’à 900 personnes. 500 cadres et militants du parti étaient présents, et quasiment autant de journalistes (400).

Le parfum de la défaite s’était déjà diffusé un peu avant 20 heures : «Là, je suis au bord des larmes», nous disait, vingt minutes plus tôt, l’air épuisé, Juliette Chatelain, candidate «dans la 11e circo du 92». Enseignante, elle dit avoir «beaucoup travaillé dans les banlieues islamisées, c’est très dur, et les profs sont laissés livrés à eux-mêmes». Celle qui a voté Hollande en 2012 et s’est encartée au RN en 2016, estime qu’une victoire du Nouveau front populaire est «une catastrophe pour le pays, tellement de gens qui votent Nupes sont des haineux de la France, communautaristes et antisémites».

«Maintenant, il va falloir se préparer pour la présidentielle»

A 20 heures, le résultat tombe dans un bruissement de soupirs et de maigres applaudissements. Le RN obtient entre 132 et 152 sièges avec ses alliés de LR, en troisième position derrière la gauche et Ensemble. A 20h05, l’image de François Hollande élu se fait huer, «Bouhhhh, vendu !». «Ça s’appelle la démocratie, lâche Karim, 41 ans, sapeur-pompier venu en tenue. Maintenant, il va falloir se préparer pour la présidentielle». Il estime qu’«il y a tellement d’unions que ça a parasité les citoyens» et que «le vote a été en partie volé». Il milite au RN depuis deux ans, avant il militait «chez Mélenchon» et ne regrette «pas une seconde» d’avoir changé.

Une dame, la cinquantaine, est, elle, furax. Alors que Mélenchon se met à parler dans le poste, elle grommelle : «Collabos… Terroristes… Les Français sont des cons, peuple d’abrutis.» Lilou, 17 ans, en bac pro commerce à Meudon, envisage de quitter la France et balance : «Bon courage aux Français, bientôt notre drapeau va être remplacé par celui de la Palestine. La gauche, c’est une catastrophe, un vrai danger.» Quel danger, au juste ? «Les Maghreb… euh, les migrants. Ils ont une couverture santé alors que nous, les étudiants, nous, on n’a même pas de mutuelle.» A côté, sa mère Stéphanie, 49 ans, abonde : «Sans entrer dans les détails, je suis confrontée à une population de sans-papiers qui profite du système de santé français.» A quelques mètres de là, Agnès, liane brune de 39 ans, a ré-enroulé son drapeau. Hongroise, elle habite en Belgique, se dit présidente adjointe de la Fondation pour une Hongrie civique du président Orbán. Elle positive : «Il y a deux ans, j’étais déjà là, et le RN avait gagné 89 sièges, là il fait mieux, on a bon espoir de continuer de travailler ensemble, dans des alliances patriotes, pour protéger nos pays, nos frontières. […] Jordan Bardella est vraiment un bon combattant.»