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Libération
Bilan

Législatives 2022: le Midi repeint en bleu marine

Dans l’ex Languedoc-Roussillon, le RN étend son emprise, renforce ses bastions et remporte les terres audoises autrefois ancrées à gauche. La majorité présidentielle paie cher cette redistribution des cartes.
Louis Aliot à l'Assemblée nationale en octobre 2017, quelques mois après sa victoire aux législatives. (Julien de Rosa/IP3)
par Sarah Finger, correspondante à Montpellier
publié le 20 juin 2022 à 7h55

Un grand sourire barre le visage de Louis Aliot, maire Rassemblement national de Perpignan, tandis qu’il confirme la nouvelle : son parti a raflé les sièges des quatre circonscriptions des Pyrénées-Orientales. Les quatre candidates du RN – qui sont aussi ses adjointes au conseil municipal de Perpignan – lui ont donc permis de réussir ce «grand chelem» sur lequel il comptait tant. «Merci», a tweeté sobrement l’élu dans la foulée. Jusqu’ici, un seul député portait les couleurs du RN dans le département : Louis Aliot, qui avait remporté la deuxième circonscription en 2017, avant de céder sa place en 2020 à sa suppléante. Reprenant le flambeau, Anaïs Sabatini y a écrasé sa concurrente Frédérique Lis (Ensemble), ce dimanche, avec 61 % des suffrages.

Ce département bascule entièrement à l’extrême droite, confirmant ce phénomène de la «tache d’huile» pointé par les observateurs politiques. Le vote RN grignote de nouvelles circonscriptions, et dévore un département limitrophe : ancien bastion du PS, l’Aude vire elle aussi entièrement de bord. Ses trois circonscriptions, toutes détenues par la majorité présidentielle, passent au RN. L’échec est cuisant pour Alain Péréa, figure du terroir et de la chasse, défait par le jeune Frédéric Falcon dans la deuxième circonscription du département. Julien Rancoule, victorieux sur la troisième circonscription, estimait dès dimanche soir sur France 3 qu’«aucune citadelle n’est imprenable». Christophe Barthès, qui a remporté la première, affirmait quant à lui que «le plafond de verre a explosé».

La macronie limite les dégâts dans l’Hérault

Vague bleu marine aussi dans le Gard où près de 45 % des voix sont allées au RN, soit 20 points de plus que la Nupes. Dans ce nouveau paysage politique, quatre des six circonscriptions sont désormais estampillées RN. «Les Gardois en redemandent», affirme Yoann Gillet, élu député RN sur la première circonscription. Dans la cinquième, qui regroupe les communes de l’est du Gard, Michel Sala, candidat LFI de la Nupes, a toutefois gagné son duel face au RN. Quant au candidat Modem, Philippe Berta, il sauve l’honneur d’Ensemble sur la sixième (qui s’étend sur une partie de Nîmes et englobe Uzès) dans une bataille qui l’opposait au candidat (Nupes), l’écologiste et ancien rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité Nicolas Cadène. Philippe Berta représente donc le seul rescapé des cinq députés de la majorité présidentielle qui jusqu’ici représentaient le Gard.

Enfin dans l’Hérault, où la majorité présidentielle détenait jusqu’ici sept circonscriptions sur neuf, les dégâts s’avèrent un peu plus limités pour la macronie, qui parvient à conserver trois circonscriptions. La Nupes, qui s’attendait vraisemblablement à de meilleurs résultats, gagne à Montpellier la seconde circonscription (déjà détenue par LFI) et la quatrième, mais de justesse. Victoire également très serrée pour l’insoumis Sylvain Carrière, sur les communes de Pignan et Frontignan.

En revanche, le RN s’impose haut la main sur la septième (Sète, Agde, Pézenas), même si la ville de Sète résiste à cette vague et que de nombreux électeurs ont préféré voter blanc dans ce duel opposant RN et Nupes. Idem dans les hauts cantons, du côté de Clermont-l’Hérault, où la candidate RN Stéphanie Galzy s’impose largement face à l’insoumis Pierre Polard. A Béziers, sans surprise, Emmanuelle Ménard rafle la mise, frôlant 70 % des suffrages. Même si l’épouse du maire de Béziers s’est présentée sans étiquette, l’électorat RN lui est resté fidèle.