Ripolinage, lissage ou ravalement de façade ? Lequel de ces trois synonymes convient-il d’utiliser pour qualifier l’évolution du programme du Rassemblement national (RN), présenté lundi matin par Jordan Bardella dans de luxueux salons privés, à deux pas des Champs-Elysées ? Depuis quelques années, la chronique des revirements successifs du projet de Marine Le Pen semble condamnée à bégayer une série d’expressions ayant en commun la même idée : toute à sa stratégie de dédiabolisation, Marine Le Pen ne cesserait de verser de l’eau dans son vin pour en diluer la nature radicale… en apparence du moins. Entre l’abandon de marqueurs identitaires de l’extrême droite (comme le rétablissement de la peine de mort, le retour sur le droit à l’avortement ou l’interdiction de la double nationalité), des formules provocatrices au profit d’un style cravaté, et l’adoption par ses adversaires de pans entiers de son programme, le parti fondé par Jean-Marie Le Pen paraît désormais moins susceptible de renverser la table d’un «système» dénoncé depuis cinq décennies que de s’inscrire dans une alternance très droitière.
Analyse
Le programme frontiste des législatives de 2024 – une grosse quinzaine de pages avec beaucoup de photos – ne fait pas exception. Sous l’œil de ses chaperons, Marine Le Pen et Eric Ciotti, assis au premier rang, Jordan Bardella en «candidat au poste de Premier ministre» a présenté une série de mesures alliant xénophobie et surenchère sécuritaire, qu’il prendrait en cas