Arrivé en tête du second tour des élections législatives anticipées ce dimanche, le Nouveau Front populaire devrait faire entrer 178 députés à l’Assemblée nationale. Un score surprise qui reste loin de la majorité absolue, à 289 sièges, mais offre à la gauche une avancée inespérée : en 2022, la Nupes avait envoyé 151 élus au Palais Bourbon. De l’Ile-de-France à la Bretagne en passant par les Pyrénées, tour d’horizon de ces néodéputés de gauche.
L’enseignant écolo Arnaud Bonnet nouveau député de Seine-et-Marne
Arnaud Bonnet, enseignant et militant d’Europe Ecologie-Les Verts, a été élu ce dimanche député de la 8e circonscription de Seine-et-Marne, siège qui lui avait échappé d’une voix en 2022 et qu’il a brigué à nouveau cette fois-ci. Originaire d’Argenteuil dans le Val-d’Oise, il s’engage en politique en 2019 quand il estime que le syndicalisme manque de force et de représentativité. Le choix d’EE-LV est alors une évidence pour cet enseignant de sciences de la vie et de la terre (SVT), aujourd’hui âgé de 47 ans. «J’explique tous les jours les limites planétaires à mes élèves. A un moment donné, il faut essayer de faire avancer les choses dans le sens où on pense qu’elles doivent avancer», a-t-il déclaré à l’AFP.
Professeur au collège actuellement en disponibilité, Arnaud Bonnet a fait carrière dans l’académie de Créteil, débutant dans le Val-de-Marne à Ivry-sur-Seine puis à Pontault-Combault. Issu d’une famille d’enseignants, il a remporté la circonscription où il avait perdu d’une seule voix au second tour en 2022 face au candidat macroniste. Responsable de la commission Enfance, éducation et formation au sein d’EE-LV depuis 2020, le nouveau député compte travailler à l’Assemblée nationale sur tous les domaines de l’enfance, dont l’Education nationale, ainsi que les sujets de démocratie citoyenne et d’éthique politique.
Zahia Hamdane, travailleuse sociale, élue députée de la Somme
L’Insoumise Zahia Hamdane, travailleuse sociale investie par le Nouveau Front populaire dans la deuxième circonscription de la Somme, fait son entrée à l’Assemblée nationale. Dans cette circonscription, le candidat Ensemble Hubert de Jenlis, troisième au premier tour, avait décidé de se maintenir au second tour malgré une triangulaire avec le Rassemblement national. Directrice d’établissements de protection de l’enfance, Zahia Hamdane, 59 ans, éducatrice spécialisée de formation, est née et a grandi à Amiens. Militante de gauche pendant des années sans être encartée, elle s’est engagée en 2016 derrière la candidature à l’Elysée de Jean-Luc Mélenchon. Elle dit avoir trouvé chez LFI un cadre «laissant plus d’autonomie que d’autres partis». Elle a été élue conseillère régionale d’opposition en 2021.
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Tristan Lahais, ex-socialiste tendance Hamon, l’emporte en Ille-et-Vilaine
Tristan Lahais, 41 ans, ancien socialiste tendance Benoît Hamon, vice-président de Rennes métropole, a été élu dimanche député (Génération. s) d’Ille-et-Vilaine, sous la bannière du NFP. La deuxième fois aura été la bonne pour Tristan Lahais, battu en 2022 avec moins de 2 000 voix d’écart par la députée sortante macroniste Laurence Maillart-Méhaignerie. Né le 11 mai 1983, d’un père bibliothécaire et d’une mère secrétaire, Tristan Lahais grandit à Rennes où il fait des études d’histoire et de géographie et du syndicalisme étudiant à l’Unef. Titulaire d’un master d’économie politique, il s’engage au Mouvement des jeunes socialistes (MJS) au début des années 2000. Il vit l’accession de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de la présidentielle de 2002 comme un moment «douloureux et fondateur». Elu conseiller municipal à Rennes en 2014, il est depuis 2020 vice-président de la métropole en charge de la culture et de la jeunesse.
Proche d’Henri Emmanuelli et de Benoît Hamon, il quitte le PS en 2017 pour rejoindre Génération. s, après la «déception» du quinquennat Hollande. «Ma rupture avec le PS n’est pas une opposition au PS», dit cependant celui qui cite l’ancien ministre socialiste et maire de Rennes Edmond Hervé parmi ses références. Dans un communiqué publié après le premier tour des élections législatives fin juin, il dit souhaiter «apporter des réponses de justice sociale et d’écologie aux maux profonds qui rongent» le pays.
Dans le Lot, le fils d’ouvrier Christophe Proença déloge la députée de la majorité
Son père, ouvrier portugais, avait fui la dictature de Salazar. Le socialiste Christophe Proença a décroché sous les couleurs du Nouveau Front populaire son premier mandat de député lors d’une triangulaire dans la deuxième circonscription du Lot. Il déloge la sortante Huguette Tiegna (Renaissance), une ingénieure franco burkinabée de 42 ans qu’il avait contribué à faire réélire en 2022 en se présentant comme dissident face au candidat de la Nupes, issu de LFI. Issu d’un milieu modeste - son père était plâtrier, sa mère femme de ménage -, Christophe Proença, 58 ans, s’est imposé dans une triangulaire où il faisait figure de favori en raison de son avance au premier tour.
Né à Saint-Céret (Lot), d’une mère française et d’un père qui avait fui le Portugal en 1959, le néodéputé s’est d’abord engagé dans la vie associative, en devenant éducateur sportif bénévole dans le football. Il dit y avoir trouvé les ingrédients de son futur engagement en politique : les valeurs de gauche, mais aussi l’envie de «travailler pour l’intérêt général». En 2014, cet enseignant en sciences de l’ingénieur devient maire de son village de Gintrac, puis rejoint en 2019 le conseil départemental du Lot. Père de trois enfants, le socialiste assure vouloir défendre «l’intégration à la française, par l’école et le travail». «C’est important de conserver son histoire, son passé, ses liens, mais il faut le faire dans la République», a-t-il souligné en rappelant son attachement à la laïcité.
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L’antifasciste Raphaël Arnault l’emporte face au RN à Avignon
Une victoire surprise. Le militant antifasciste Raphaël Arnault a été élu dimanche dans la 1re circonscription du Vaucluse, devançant largement sa concurrente sortante RN, malgré les critiques - venues notamment d’une partie de la gauche - sur son supposé fichage S. Arrivé deuxième du premier tour dans la circonscription qui compte la ville d’Avignon, Raphaël Arnault a obtenu 54,98 % contre 45,02 % pour sa rivale, la sortante RN Catherine Jaouen. Le militant de 29 ans, investi par LFI et parachuté de la région lyonnaise où il exerce le métier d’assistant d’éducation dans un collège d’un quartier prioritaire, a plus que doublé son score en voix du premier tour, visiblement grâce à un bon report des voix du candidat de gauche dissident, qui s’était rangé derrière lui.
En Seine-et-Marne, le chercheur Arnaud Saint-Martin élu à l’issue d’une triangulaire
Un match serré face au RN. Le candidat du Nouveau Front populaire Arnaud Saint-Martin a été élu député dans la première circonscription de Seine-et-Marne (Melun), où il était opposé au RN et à la députée MoDem sortante. Agé de 45 ans, cogérant des éditions du Croquant et chercheur au CNRS spécialiste des activités et technologies spatiales, Arnaud Saint-Martin est militant de La France insoumise depuis 2017. Il est par ailleurs conseiller municipal d’opposition à Melun depuis 2020 et conseiller communautaire d’opposition à la communauté d’agglomération Melun-Val-de-Seine. Au premier tour, le candidat de l’union de la gauche était arrivé devant celui soutenu par le RN Théo Michel avec seulement 159 voix d’avance, tandis que la députée sortante Aude Luquet s’était classée troisième. Arnaud Saint-Martin a grandi dans le Val-d’Oise, puis en Picardie, et vit à Melun depuis 2013.
Damien Girard, cadre dans l’éolien, élu écologiste chez Le Drian
La troisième fois a été la bonne. Après deux tentatives infructueuses en 2017 et 2022, Damien Girard, cadre dans les énergies renouvelables de 51 ans, a été élu dimanche député écologiste de la 5e circonscription du Morbihan, celle de l’ancien ministre Jean-Yves Le Drian. Après avoir travaillé dix ans dans la biochimie, Damien Girard a bifurqué vers les énergies renouvelables en 2005, au sein d’une entreprise spécialisée dans l’éolien. Il est aujourd’hui salarié du fournisseur d’électricité renouvelable Engie Green. Entre 2008 et 2014, il est élu chargé de l’économie sociale et solidaire à la mairie de Lorient, puis reprend à plein temps son activité professionnelle. En 2020, il arrive en tête du premier tour des élections municipales à Lorient. Mais échoue à moins de 400 voix à conquérir la mairie, perdant au deuxième tour dans le cadre d’une quadrangulaire remportée par le candidat de droite Fabrice Loher.
Elu conseiller départemental en 2021, il préside le groupe de gauche et écologiste au conseil départemental du Morbihan. Ses priorités : garantir un logement à ceux qui travaillent à Lorient et accélérer le développement des énergies renouvelables en France. Disant apprécier les écologistes Delphine Batho ou Yannick Jadot, Damien Girard devient député de la circonscription occupée jusqu’en 2007 par Le Drian, qui a toujours refusé de s’allier avec les écologistes. Candidat malheureux (6,39 % des voix) aux législatives de 2017, Damien Girard avait à nouveau échoué à conquérir la circonscription en 2022 avec un peu plus de 1 000 voix de retard sur la sortante macroniste Lysiane Métayer, finalement battue dimanche.
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Les Hautes-Pyrénées envoient Denis Fégné, ancien éduc spé d’origine paysanne, à l’Assemblée
Sa circonscription bascule à gauche. Denis Fégné, militant CFDT de 63 ans, est devenu le nouveau député de la 2e circonscription des Hautes-Pyrénées, en s’imposant face au RN. Le maire de la commune d’Ibos, près de Tarbes, qui a «grandi dans une famille de paysans, dans une ferme d’une trentaine d’hectares de terres», dit avoir été «élevé dans les valeurs de la terre et de l’école de la République». Ce père de famille de deux enfants, qui a fait sa carrière dans l’éducation spécialisée auprès d’enfants, d’adolescents et de parents en difficulté, avait décidé de se présenter à «cette élection surprise pour empêcher l’extrême droite d’arriver au pouvoir». Denis Fégné, qui occupe la 9e vice-présidence, en charge des finances et de la fiscalité de la Communauté d’agglomération Tarbes-Lourdes-Pyrénées, est aussi le suppléant de la sénatrice socialiste Viviane Artigalas.
Dans le Loiret, le trentenaire Emmanuel Duplessy l’emporte
Emmanuel Duplessy (NFP /Génération. s), conseiller municipal d’opposition à Orléans, a remporté le siège de député de la 2e circonscription du Loiret où il succède à la macroniste Caroline Janvier, qui l’avait battu deux ans plus tôt. Qualifiée pour le deuxième tour, Caroline Janvier s’était retirée pour éviter une triangulaire et barrer la route à la candidate RN Elodie Babin. Après avoir milité à l’Unef et à Alternatiba, Emmanuel Duplessy s’engage en politique et rejoint le parti Génération. s en 2017. En 2020, il est candidat aux municipales à Orléans sur la liste qui rassemble la gauche et les écologistes. Elu d’opposition au conseil municipal, il se présente à nouveau deux ans plus tard, cette fois aux législatives, et déjà sur la deuxième circonscription. Mais il échoue alors au second tour par la candidate macroniste. Le nouvel élu, né dans le Val-d’Oise, vit dans le Loiret depuis l’âge de 13 ans. Il fait ensuite ses études à l’université d’Orléans dont il devient le vice-président étudiant et décroche un master en droit et management public territorial. Emmanuel Duplessy travaille à Orléans comme cadre territorial au conseil régional du Centre-Val de Loire, dans le domaine des métiers et de la formation.