Des chants, des fumigènes et des drapeaux de supporteurs de foot. Les Marseillais sont sortis manifester leur joie sur le Vieux-Port et dans le centre-ville dimanche 7 juillet dans la soirée, à l’annonce des bons résultats du Nouveau Front de gauche à l’échelle nationale. Près de 5 000 personnes, selon la préfecture, se sont rejointes à la Plaine, la plus grande place de la ville, pour célébrer.
Mais mieux vaut ne pas regarder les résultats à la loupe dans le département des Bouches-du-Rhône, où les résultats ne vont pas vraiment dans le sens de la tendance nationale : sur les huit circonscriptions hors Marseille où l’on votait ce dimanche – la 12e ayant déjà été remportée la semaine dernière par Franck Allisio (RN) –, le RN conserve ses quatre circo remportées en 2022 (la 9e, la 10e, la 15e et la 16e) et en remporte trois supplémentaires.
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Dans la 8e (Salon, Plan-de-Cuques), le sortant (Renaissance) Jean-Marc Zulesi a été battu de justesse (50,24% contre 49,76%). Dans la 13e (Martigues), fief communiste depuis près de quarante ans, le député sortant Pierre Dharréville a dû céder son siège à Emmanuel Fouquart (52,87%). La 14e circonscription (Aix) était tout particulièrement scrutée : Anne-Laurence Petel (Renaissance), qui avait choisi de se maintenir en triangulaire coûte que coûte malgré sa troisième place, finit troisième, le RN Gérault Verny (37,26%), investi sous la bannière RN-LR d’Eric Ciotti l’emportant. Ce qui fait donc huit circonscriptions sur neuf pour le Rassemblement national dans les Bouches-du-Rhône.
Seul Marc Pena (11e) s’en sort, offrant au Nouveau Front populaire une victoire serrée (50,23%). Dans cette circonscription aixoise, le député sortant (Modem) Mohamed Laqhila, arrivé troisième au premier tour, avait choisi de se retirer pour éviter une victoire du RN.
Le RN passe d’un à trois sièges à Marseille
A Marseille, le parti d’extrême droite n’avait jusqu’alors qu’une seule circonscription sur les sept que compte la ville. Mais il a remporté deux sièges supplémentaires dimanche soir : dans la 1re circonscription, où la sortante devenue ministre Sabrina Agresti-Roubache s’était désistée à l’issue du premier tour au profit de la candidate NFP Pascaline Lécorché, c’est finalement Monique Griseti, dont c’était la deuxième tentative (elle n’avait échoué que de 500 voix en 2022) qui l’emporte avec 55,86% des voix, malgré une campagne pour le moins minimaliste.
Schéma similaire dans la 6e circonscription, où le désistement du député (Renaissance) sortant Lionel Royer-Perreaut à l’issue du premier tour n’aura pas suffi à inverser l’avance affichée dimanche dernier par le candidat RN-LR option Ciotti : Olivier Fayssat, novice en politique, va donc faire son entrée à l’Assemblée nationale après l’avoir emporté avec 52,33% face à Christine Juste (EELV). Dans la 3e circonscription, la seule remportée par le RN en 2022, le match a été très serré jusqu’au bout entre la sortante Gisèle Lelouis et Amine Kessaci, la première l’emportant finalement avec 800 voix d’avance (50,93%).
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Le duel NFP-RN a en revanche tourné à l’avantage de la gauche dans la 2e circonscription, où l’adjoint au maire à l’économie Laurent Lhardit bat largement le candidat RN-LR de Ciotti – 53,64% des suffrages. Enfin, c’est le carton plein chez Hendrik Davi dans la 5e circonscription : le député sortant, qui n’avait pas eu l’investiture officielle du NFP au premier tour (sa proximité avec Clémentine Autain le rangeait parmi les frondeurs chez LFI) rafle 65,95% des voix.
Le bilan global à Marseille reste tout de même favorable à la gauche. Avec les deux sièges remportés dès le premier tour, le Nouveau Front populaire obtient quatre sièges de députés sur la ville, contre trois au RN. Le maire socialiste, Benoit Payan, s’est dit «fier» du résultat engrangé par l’union des gauches à l’échelle nationale, en pensant toutefois au jour d’après : «Sans majorité absolue, nous avons une responsabilité particulière dans une Assemblée Nationale fracturée». Dans une tribune publiée par Libé il y a quelques jours, ce même Benoît Payant appelait à une «refonte majeure des institutions» en convoquant un referendum constitutionnel, dans le but de répondre à la «crise politique et sociale» qu’illustre notamment cette dernière séquence électorale. Pas sûr toutefois que le nouvel hémicycle divisé parvienne à s’entendre sur une telle réforme.