Dans l’Hérault, les neuf députés sortants se partageaient à parts égales le département : trois pour la majorité présentielle, trois insoumis élus sous l’étiquette Nupes et trois RN ou assimilés. Au soir de ce premier tour, la vague RN déferle, parfois même au détriment d’élus enracinés localement.
Le cas le plus parlant se joue à Béziers, où Emmanuelle Ménard, élue «divers droite» assimilée RN, affrontait pour la première fois un «vrai» candidat RN. Surprise : avec 28,8 % des voix, l’épouse du maire du maire de Béziers arrive derrière Julien Gabarron, secrétaire départemental du parti (35 %). La gauche, représentée par Magali Crozier, se place en troisième position (25,5 %), annonçant une triangulaire dans cette circonscription.
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Autre personnalité bien ancrée sur le territoire mais chahutée lors de ce scrutin : Patrick Vignal, député (Renaissance) sortant de la 9e circonscription. Les choses semblaient pourtant bien se présenter avec, face à lui, une extrême droite fracturée, représentée par un RN dissident (Frédéric Bort) et un RN-LR parachuté (Charles-Henri Alloncle). Mais c’est ce dernier qui dimanche soir caracolait en tête. Un autre candidat d’Ensemble, la coalition macroniste, semble en difficulté sur la troisième circonscription, mais cette fois face au Nouveau Front populaire (NFP), représenté par une historique du PS à Montpellier, Fanny Dombre-Coste, qui serait en tête.
De même, Patricia Mirallès, secrétaire d’Etat aux anciens combattants, portait pour la troisième fois les couleurs de la majorité présidentielle à des législatives dans la première circonscription, qui couvre Montpellier-sud et des communes du littoral. Face à elle, le candidat RN Josyan Oliva, un trentenaire issu de l’alliance du RN avec les LR de Ciotti, et quasiment inconnu sur le territoire, ainsi qu’un écologiste très implanté à Montpellier, Jean-Louis Roumégas, pour le Nouveau Front populaire. Les résultats ont tardé à arriver, mais l’annulation de la soirée prévue par Patricia Mirallès à Palavas en disait long sur les premières tendances.
Poutou veut y croire
Dans les circonscriptions déjà détenues par le RN, Aurélien Lopez est réélu dès le premier tour du côté de Sète. Stéphanie Galzy, à l’ouest de l’Hérault, arrive quant à elle largement en tête (environ 48,9 %) et sera opposée au candidat socialiste/NFP Aurélien Manenc (32,3 %). Les menaces d’une victoire de l’extrême droite pèsent en outre sur la quatrième circonscription, où Sébastien Rome, député sortant insoumis, est largement dépassé (33 %) par Manon Bouquin, candidate du RN (41,2 %). En revanche, le NFP semble s’imposer haut la main à Montpellier-centre : la députée sortante, l’insoumise Nathalie Oziol, s’annonce très en avance sur ses concurrents.
Dans le Gard, où quatre circonscriptions sur six ont été raflées lors des dernières législatives par le RN, l’enjeu repose sur une nouvelle progression de l’extrême droite. Le député RN de la deuxième circonscription a été réélu dès le premier tour, et le RN arrive en tête dans trois autres circonscriptions. Dans les Cévennes, l’un des derniers bastions de la gauche dans le Gard, un duel opposera l’insoumis et député sortant Michel Sala (NFP) à Alexandre Allegret-Pilot, candidat parachuté et issu de l’alliance LR-RN, lequel arrive en tête de ce premier tour (41 % contre 33 % pour Michel Sala).
Dans la 6e circonscription, la seule du Gard détenue jusqu’ici par la majorité présidentielle, le député sortant ne s’est pas représenté, laissant la main à Aurélien Colson (président du Modem dans le Gard) pour représenter Ensemble pour la République. Il ne récolte que 20,7 % des suffrages. Une triangulaire devrait l’opposer à l’écologiste (Nicolas Cadène) pour le NFP, et à l’avocate nîmoise Sylvie Josserand (RN) qui obtient 42 % des suffrages. En Camargue, la socialiste Cathy Guyot, très ancrée localement, tentait de prendre la 2e circonscription au RN. En vain : Nicolas Meizonnet a été réélu dès le premier tour.
Dans l’Aude, où les trois circonscriptions sont actuellement toutes aux couleurs du RN, un match a été scruté de près : celui qui opposait, sur la 1re circonscription, autour de Carcassonne, le député sortant Christophe Barthès à l’anticapitaliste Philippe Poutou qui portait les couleurs du NFP. Après avoir été annoncé gagnant dès le premier tour, Christophe Barthès a dû déchanter : il affrontera dimanche prochain Philippe Poutou. Qualifié d’extrême justesse, celui-ci veut y croire malgré plus de 30 points de retard.
Enfin dans les Pyrénées-Orientales, qui elles aussi sont actuellement toutes RN, une députée sortante a été réélue dès le premier tour tandis que dans les trois autres circonscriptions, les autres sortantes sont arrivées en tête et obtiennent entre 45 et 48 % des bulletins.
Dès leur publication par le ministère de l’Intérieur dans la soirée, retrouvez l’ensemble des résultats par circonscription du premier tour des élections législatives 2024 sur le site de Libération.