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Législatives 2024 : la gauche en tête, l’échec de Ciotti, les «brebis galeuses» à la trappe… Ces résultats qui nous ont mis de bonne humeur

Elections législatives 2024dossier
Outre la victoire de la gauche ce dimanche 7 juillet, cette soirée électorale a été émaillée de quelques réjouissances, dont «Libération» vous propose de faire le tour.
Sur la place de la République, à Paris, le 7 juillet 2024 au soir. (Denis Allard/Libération)
publié le 8 juillet 2024 à 7h57

La gauche l’emporte et pas qu’un peu

Douze ans ! Douze ans que la gauche trouvait le temps long à devoir se déplacer pour faire barrage à l’extrême droite en votant pour une candidature de droite ou centriste. Le second tour des législatives du 7 juillet n’a pas fait exception pour nombre d’électeurs des camps insoumis, écologiste, communiste ou socialiste, amenés à devoir voter pour un candidat Ensemble, Horizons ou LR pour se prémunir d’envoyer un député RN de plus à l’Assemblée. Mais l’effort ne fut pas vain. Avec 178 élus officiellement dans ses rangs et 15 divers gauche, le Nouveau Front populaire, fruit d’une union à marche forcée au lendemain des catastrophiques élections européennes, est en tête. Mieux encore, le RN arrive en troisième position, la macronie sauvant péniblement 150 sièges. On surveillait le barrage, on n’avait pas vu le tremplin.

Ces dizaines de «brebis galeuses» au rebut

Libération leur en aura consacré, des articles, ces dernières semaines. Casquette nazie, saillies complotistes, antisémites, racistes ou homophobes, incompétence crasse... comme à son habitude, le Rassemblement national envoyait au front des législatives le pire de ce que l’extrême droite à offrir. Notre journal avait repéré quelque 80 exemplaires de candidats imprésentables. Soulagement au soir du second tour : une grande majorité, dont l’inénarrable Paule Veyre de Soras, qui trouvait heureux de se défendre de tout racisme en mettant en avant son «ophtalmo... juif» et son «dentiste... musulman», battue largement par le socialiste Guillaume Garot en Mayenne, ne foulera pas la moquette de l’Assemblée.

Les remontadas de la gauche

C’était très, très mal embarqué. Pour François Ruffin ou Elise Leboucher, le deuxième tour face au RN – Marie-Caroline Le Pen pour la seconde –, était sacrément mal emmanché. Le Picard, d’abord «capitaine» revendiqué du Nouveau Front populaire avant de se muer en candidat de gauche anti-Mélenchon dans l’entre-deux-tours, est passé par toutes les émotions, au premier comme au second tour. Devancé de 17 points à 20 heures par Nathalie Ribeiro Billet, il avait réduit finalement l’écart à sept. Au second tour, le patron de Fakir a renversé la vapeur : parti avec cinq points de retard, il l’a emporté avec plus de 3 000 voix d’avance. Pour Elise Leboucher, ce fut encore plus frappant. L’ainée des Le Pen, qui rêvait son retour au premier plan via le Palais-Bourbon, affichait 55% au compteur alors que 65% des suffrages étaient dépouillés. Mais les derniers bureaux de vote étaient dédiés à l’élue insoumise sortante, qui coiffe l’ex-mégretiste au poteau, avec moins de 200 voix d’avance.

Le pari perdu d’Eric Ciotti

S’allier avec le troisième d’un scrutin national quand on croit s’arrimer au porte-bagage du vainqueur, voilà qui relève plus du pétard mouillé que du coup de Jarnac. Eric Ciotti a beau hurler au «coup d’Etat institutionnel» après la défaite du RN, le président contesté-mais-toujours-en-poste de LR, à qui Jordan Bardella avait promis de «grandes responsabilités», devra remiser à plus tard ses espoirs de ministère. Pire, les alliés du député (réélu), qui pensait s’ouvrir un boulevard vers la mairie de Nice, ne seront qu’une quinzaine à l’Assemblée. A peine plus que la limite pour former un groupe parlementaire, et de quoi se faire des cheveux pour leur leader qui sera à la limite de perdre les avantages liés à ce sésame.

L’ex-député Grégoire de Fournas, «qu’il retourne en Gironde»

Il était un de ces symboles de ce RN encravaté à la recherche de respectabilité à l’Assemblée nationale. La même dédiabolisation qui, d’un coup de chiffon, s’envolait aussi facilement que l’invective raciste du député sortant Grégoire de Fournas à l’endroit du LFI Carlos Bilongo, en novembre 2022. Il avait été exclu de l’Assemblée un temps pour avoir lancé à son collègue, qui évoquait le sort d’un bateau de migrants : «Qu’il retourne en Afrique.» Elu de justesse en 2022, il perd son mandat d’un rien face à la socialiste Pascal Got. Et avec, un potentiel portefeuille à l’agriculture si le RN l’avait emporté.

La défaite de Meyer Habib

C’est une figure tempétueuse et bien connue de l’Assemblée qui fait ses valises. Battu par la marcheuse Caroline Yadan, le député des Français de l’étranger Meyer Habib est battu à la surprise générale dans sa circonscription incluant les Français installés en Israël, à Chypre et d’autres pays du pourtour méditerranéen. Connu pour ses invectives multiples destinées à défendre mordicus la politique de Benjamin Nétanyahou, il claquait la bise au président du RN, défendait en toute impunité la colonisation en Cisjordanie, qualifiait la population gazaouie de «cancer» et avait échappé à la levée d’immunité parlementaire pour «apologie de crimes de guerre à Gaza».