Le scrutin leur a été fatal. Plusieurs figures politiques de l’Assemblée nationale ont perdu leur siège, ce dimanche 7 juillet, à l’issue du second tour des élections législatives, remportées – sans majorité absolue – par la coalition de gauche. Parmi elles, deux ministres du gouvernement sortant et la sœur de Marine Le Pen, Marie-Caroline, battue dans la Sarthe. Tour d’horizon.
Stanislas Guerini, le match retour perdant
Dans la troisième circonscription de Paris, le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, est battu par la candidate Les Ecologistes Léa Balage El Mariky, qu’il avait éliminée de justesse il y a deux ans, lors du précédent scrutin législatif. Il était en ballottage défavorable à l’issue du premier tour, devancé de 12 points par la représentante du Nouveau Front populaire qui avait récolté 46,15 % des voix, bénéficiant d’une poussée de la gauche dans la capitale. Un retard trop important pour être comblé. Au second tour, il s’est arrêté à 46,41 % des voix, contre 53,59 % pour Léa Balage El Mariky.
Sarah El Haïry, la triangulaire des Bermudes
Avec Stanislas Guerini, elle est l’autre ministre du gouvernement sortant vaincue ce dimanche – cinq autres s’étaient résignés au désistement à l’issue du premier tour pour faire barrage contre l’extrême droite. Elue depuis 2017 dans la 5e circonscription de Loire-Atlantique, Sarah El Haïry a perdu contre le socialiste Fabrice Roussel, candidat Nouveau Front populaire (39,91 % des voix). La ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles, pourfendeuse assidue du «wokisme», a obtenu pour sa part 37,38 % des suffrages. Quant au candidat LR-RN Bruno Comby, qualifié dans une triangulaire, il a récolté 22,7 % à des voix.
Olivier Véran renvoyé à son bistouri
Olivier Véran va pouvoir se consacrer pleinement à sa formation de chirurgie esthétique. L’ancien porte-parole du gouvernement et ministre de la Santé, qui avait annoncé en début d’année son étonnant projet de reconversion professionnelle, a été battu dans la première circonscription de l’Isère, qu’il tenait depuis 2017. Avec 40,24 % des voix lors du second tour, il est devancé par le candidat La France insoumise du Nouveau Front populaire, Hugo Prévost (42,35 %), étudiant de 24 ans et ancien porte-parole de la fédération syndicale l’Union étudiante. Quant au candidat du Rassemblement national, Alexandre Lacroix, qualifié dans une configuration de triangulaire, il arrive troisième avec 17,41 % des suffrages. «Ce soir, ma défaite se confond et s’efface derrière la victoire d’un pays qui a une fois encore dit non à l’extrême droite. Nous sommes passés près. Prenons soin de ce qui nous unit», a régi Véran en annonçant sa défaite.
Meyer Habib, la fin de onze ans de mandat pour le pro-Nétanyahou
Onze ans qu’il tenait la huitième circonscription des Français de l’étranger – qui comprend notamment Israël, les Territoires palestiniens, la Turquie, l’Italie et la Grèce. Meyer Habib, qui s’est illustré pendant des mois par ses propos polémiques sur la guerre dans la bande de Gaza et son soutien sans faille au Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a été battu ce dimanche et quitte l’Assemblée nationale. Arrivé en tête du premier tour, le candidat Les Républicains a calé à 47,3 % des voix au second tour. Son adversaire macroniste, Caroline Yadan, qui était jusque-là suppléante de Stanislas Guerini à Paris (et siégeait donc au Palais-Bourbon puisque ce dernier était ministre), l’emporte avec 52,7 % des suffrages. En 2023, le Conseil constitutionnel avait annulé l’élection de Meyer Habib pour des fraudes électorales d’une «particulière gravité», mais le sortant avait été réélu confortablement avec 54 % des voix.
Marie-Caroline Le Pen, une sœur à la peine
De justesse, Marie-Caroline Le Pen échoue à rejoindre l’Assemblée nationale. Dans la quatrième circonscription de la Sarthe, la sœur de la triple candidate à l’élection présidentielle accuse à peine 300 voix de retard sur son adversaire La France insoumise Elise Leboucher, députée sortante. Le désistement de Sylvie Casenave-Péré, candidate Ensemble, qui avait obtenu 35 voix de moins que la candidate du Nouveau Front populaire au premier tour, a semble-t-il bénéficié à cette dernière. Marie-Caroline Le Pen avait quitté le Front national en 1999, au moment de sa scission, pour rejoindre le tout nouveau Mouvement national républicain, créé par le numéro 2 du parti d’extrême droite de l’époque, Bruno Mégret. Elle s’était ensuite retirée de la vie politique au début des années 2000, avant que sa sœur, Marine Le Pen, ne reprenne progressivement contact avec elle.
Nicolas Dupont-Aignan, le leader de Debout la France couché
Vingt-sept ans, c’est long. Après plus d’un quart de siècle à la tête de la huitième circonscription de l’Essonne, Nicolas Dupont-Aignan a perdu son fief, ce dimanche, battu par dans une triangulaire par Bérenger Cernon, délégué CGT-Cheminots et candidat La France insoumise pour le Nouveau Front populaire. Avec 37,48 % des voix, le député sortant est battu de quelques points par son adversaire de gauche (40,52 %). Il a pâti du maintien de François Durovray (22 % des voix), président du conseil départemental issu de LR, en rupture avec la ligne d’extrême droite d’Eric Ciotti et son rapprochement avec le Rassemblement national.
Rachel Keke, étoile filante de l’hémicycle
Sa victoire était l’une des plus symboliques acquises par la gauche lors des précédentes élections législatives : une femme de ménage qui avait mené la grève à l’hôtel Ibis des Batignolles à Paris entrait à l’Assemblée nationale. Mais Rachel Keke ne sera restée députée que deux ans. L’élue La France insoumise a perdu son duel dans la septième circonscription du Val-de-Marne face à Vincent Jeanbrun. Le maire LR de L’Haÿ-les-Roses, dont le domicile avait été attaqué durant les révoltes urbaines de l’été 2023, a obtenu 50,67 % des voix, contre 49,33 % pour son adversaire – soit un écart de 545 voix. En 2022, Rachel Keke avait été élue au second tour face à la candidate macroniste et ancienne ministre des Sports Roxana Maracineanu. Vincent Jeanbrun avait lui été éliminé au premier tour.
Valérie Rabault, la chute de la vice-présidente de l’Assemblée nationale
Vice-présidente de l’Assemblée nationale dissoute le 9 juin par Emmanuel Macron, Valérie Rabault ne sera pas de la prochaine législature. Avec 48,75 % des suffrages, la socialiste candidate du Nouveau Front populaire a été battue dans la première circonscription du Tarn-et-Garonne par la maire LR de Montauban, Brigitte Barèges, élue avec le soutien tacite du RN (51,25 %). L’appel à voter Valérie Rabault de la candidate macroniste Catherine Simonin-Bénazet, éliminée dès le premier tour, n’a pas permis à la députée sortante de rattraper son retard sur la femme de 71 ans. Déjà députée entre 2002 et 2012, celle-ci avait déclenché un tollé en 2011, en lançant à l’Assemblée nationale, à propos du mariage gay : «Et pourquoi pas des unions avec des animaux ?»