A chacun des «débats» organisés pendant la campagne des législatives, France Télévisions nous sert une musique en fond de sauce : Kashmir. Elle est utilisée entre deux prises de parole des invités politiques. Elle sert aussi, lorsqu’il y a cacophonie, à montrer aux intervenants qu’ils doivent se modérer et ne pas empiéter sur la parole des autres. «Si le débat devient incompréhensible, vous entendrez monter la musique de Led Zeppelin», prévient Caroline Roux le 27 juin. En guise de musique de Led Zeppelin, c’est un remix que l’on nous propose. Mais l’enjeu n’est pas là.
Dans ce moment où «les Français ont besoin de clarté et de vérité», toujours selon Caroline Roux, Kashmir est donc la musique désignée pour accompagner l’accomplissement démocratique. Le choix d’un morceau de rock britannique datant de 1975 peut paraître surprenant. Il ne l’est pas tant que ça. Kashmir est éclairant. Non pour l’évidence de ses ornements mélodiques, mais pour sa discordance rythmique, pour ce que ses viscères font apparaître de brouillon dans un univers pourtant cadré.
Kashmir est construit sur un principe polyrythmique. Guitare et batterie se lancent en même temps. La guitare joue sur trois temps. La batterie sur quatre. La guitare se promène en comptant trois. La batterie chemine en comptant quatre. Chacun avance dans son couloir au mépris, au dédain, dans l’oubli de l’autre. Cela ne peut pas coller. Sauf que tout ce beau monde se retrouve au douzième