La Plaine a la gueule de bois. La veille, la plus grande place de Marseille, en plein centre-ville, est devenue le point de ralliement de près de 5 000 électeurs de gauche heureux, chantant la victoire et surtout le score moins ambitieux qu’annoncé du RN à l’échelle nationale. Ce lundi midi, Demba, tenue jaune de service, ramasse quelques débris de bouteilles de bière çà et là, «mais ça va, il n’y en a pas tant que ça, et puis c’était la fête, c’est normal», sourit le travailleur de 39 ans. Lui aussi a vécu la soirée dans la joie, chez lui. La suite, il n’a pas encore eu le temps d’y penser. «Ça ne fait pas longtemps que j’ai ce travail, reconnaît-il. Mais j’ai entendu dire qu’ils voulaient augmenter le smic. Ce serait bien, pour le pouvoir d’achat…»
Sur le banc près des jeux pour enfants, Marie, 34 ans, et Balla, 40 ans, surveillent leurs deux garçons qui grimpent au toboggan en croquant leur pique-nique. Les vacances ont démarré, Balla, qui est prof de techno au collège, a lâché ses élèves pour l’été. Lui est un binational franco-sénégalais. La défaite du RN sonne surtout comme un «soulagement», explique Marie. «Même si ce matin, arrivent toutes les questions : qu’est-ce que cela signifie vraiment d’avoir obtenu le plus de députés sans majorité absolue ? Est-ce que cela va permettre de bo