Menu
Libération
Fumée blanche

Législatives anticipées : «accord de principe» pour le Front populaire sur la répartition des circonscriptions

Elections législatives 2024dossier
Au troisième jour des tractations, les négociateurs du nouveau Front populaire ont réussi à s’entendre sur la répartition du nombre de candidats entre partis et continuent de négocier sur un programme commun.
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, le 10 juin à Paris. (Denis Allard/Libération)
publié le 12 juin 2024 à 12h58
(mis à jour le 12 juin 2024 à 17h27)

L’union de la gauche avance. Après trois jours de négociations, les gauches réunies sous la bannière du «nouveau Front populaire» ont réussi à trouver un accord de répartition des circonscriptions en vue des législatives anticipées provoquées par la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron.

Contrairement à ce qu’a affirmé le chef de l’Etat en conférence de presse, mercredi en milieu de journée, La France insoumise (LFI) n’obtient pas 300 mais 229 circonscriptions, le PS 175, les écolos 92 et le PCF 50. Du haut de leurs 14 % aux européennes, rangés derrière Raphaël Glucksmann, les socialistes ont obtenu le rééquilibrage qu’ils demandaient. Il y a deux ans, après le résultat d’Anne Hidalgo à la présidentielle (1,7 %), ils n’avaient pu présenter que 70 candidats. «On a un nouveau rapport de force à gauche», se félicite un cadre du parti à la rose. Restait encore, ce mercredi, à éplucher la carte électorale pour choisir le meilleur prétendant, selon son étiquette politique, dans chaque territoire. En 2022, beaucoup de socialistes avaient déploré les choix opérés à l’aune du score de Mélenchon à la présidentielle (22 %), avec des insoumis placés dans des circonscriptions jugées imprenables pour la gauche radicale. Le PS devrait notamment récupérer des candidats à Paris, où la liste de Raphaël Glucksmann est arrivée en tête. Emmanuel Grégoire, premier adjoint et potentiel successeur d’Anne Hidalgo, a déjà annoncé sa candidature dans la 7e circonscription, gagnée par le macroniste Clément Beaune en 2022 face à une candidate LFI.

Préservation des sortants

Dans un message interne, consulté par Libé, les négociateurs socialistes Pierre Jouvet et Sébastien Vincini ont précisé que «le principe de préservation des sortants» avait été retenu. «Même si certains cas particuliers continuent de nous poser problème», poursuivent-ils, en référence, notamment, au cas du député LFI Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales. Pour assurer aux leurs que l’alliance qui se dessine sera bien différente de la Nupes, les émissaires affirment également que le PS est «à l’équilibre des circonscriptions avec LFI sur les circos non sortantes». Puis ajoutent : «Par ailleurs, notons que le PC, le PS et EELV pèsent désormais plus que LFI dans la répartition globale des circonscriptions.» «LFI reste la première force avec le volume le plus important», rappelle de son côté le député insoumis Paul Vannier, en charge des accords électoraux.

En parallèle, les partenaires poursuivaient les négociations programmatiques au siège des Ecolos. Contrairement au souhait des insoumis, la gauche ne repart pas en campagne avec les 600 propositions de la Nupes. Alors que certains plaidaient pour une liste de 10 propositions phares, les négociateurs ont abouti sur un contrat de gouvernement d’une centaine de mesures. Un programme chronologique avec des décisions immédiates pour les quinze premiers jours au pouvoir, des promesses à moyen terme, sur les services publics notamment, et dans un dernier temps, des réformes structurelles. «Après débats, on a voulu montrer avec ce document plus fouillé qu’on n’était pas là pour témoigner mais pour gagner», raconte un négociateur.

Sur le social ou la justice fiscale, les négociations se sont déroulées sans heurts. Les discussions se sont en revanche tendues dans la nuit de mardi à mercredi sur l’Ukraine et l’antisémitisme. Des sujets sur lesquels Glucksmann et les insoumis se sont affrontés tout au long de la campagne européenne. Selon les informations de Libé, les émissaires de Place publique, le petit parti de l’eurodéputé, sont arrivés au siège des écolos avec un document demandant des clarifications sur l’antisémitisme. «Les insoumis sont plutôt ouverts depuis le début des négociations mais ça les a braqués, raconte un socialiste. On est complètement en appui de Place publique sur le fond, mais on ne peut pas régler nos comptes maintenant, alors que l’extrême droite risque d’arriver au pouvoir.» Mercredi après-midi, les derniers points de crispations devaient être abordés en présence des chefs de parti. Le sujet du nucléaire, qui divise la gauche, a, lui, été remis à plus tard. «Pour certains choix, on recourt au peuple», explique-t-on.

Dans la matinée, les chefs de partis s’étaient d’abord réunis dans les locaux du PCF, place du Colonel-Fabien, à Paris, pour préparer le «déploiement de la campagne». Selon les informations de Libé, un rassemblement en soutien au Front populaire aura notamment lieu le 17 juin, à 19 heures, à Montreuil. Le rendez-vous, qui devait initialement avoir lieu le 19, était préparé depuis des mois par la gauche unitaire, qui voulait lancer une dynamique commune vers 2027, juste après les européennes. Dans la foulée d’un appel de l’économiste Julia Cagé, un texte des maires de gauche, écrit sous la houlette de la socialiste Johanna Rolland (Nantes), de l’écolo Eric Piolle (Grenoble) et du communiste Patrice Bessac (Montreuil), devait ensuite être publié pour aboutir à ce rassemblement, dans lequel se seraient aussi retrouvés des insoumis en rupture avec leur direction. La dissolution, entre-temps, a tout bouleversé.

Mise à jour le 12/06/2024 à 17 heures avec davantage d’éléments.